« Lire pour comprendre et rechercher la paix. Le conflit n’est pas une bonne chose dans un pays il faut revenir aux bons sentiments.P b CISSOKO
Résumé
Cet ouvrage revisite les événements de Mai 1968 au Sénégal à la faveur de la floraison de nouvelles sources d’archives et de nombreux témoignages à l’orée de leur cinquantième anniversaire.
Agrégation Histoire 2023, Histoire, Peuples et sociétés, Politique, Questions sociales
Description complète
La vague de contestation sociale qui balaya le monde en mai 1968, de Paris à Prague en passant par Rome et Chicago, déferla aussi sur l’Afrique. Le Sénégal a été secoué par ce mouvement d’émancipation « par la rue » et Dakar connut des protestations violentes de la part des étudiants et des syndicats dont l’intensité en a fait vaciller le pouvoir.
Huit ans après l’indépendance, les étudiants de ce qui était encore appelé, la « 18e université française » de Dakar, ont bien été le détonateur d’une des plus profondes crises politiques du pays. Rapidement soutenus par les lycéens, les travailleurs et une partie de la population, le mouvement de contestation prit de l’ampleur. Parti de la capitale, il se généralisa à l’ensemble du pays, exprimant une véritable défiance à l’égard du régime du président Léopold Sédar Senghor.
En s’appuyant sur des archives inédites et de nombreux témoignages d’acteurs des événements de Mai 1968, l’auteur restitue ici toute la trame et le relief à cet évènement qui a mis le Sénégal au coeur du monde. Il saisit avec précision le déroulement des faits permettant de comprendre l’engrenage de la contestation. Il explique les rapports de force entre les différents acteurs – étudiants, syndicats, politiciens, religieux chrétiens comme musulmans – et les causes internes de la société sénégalaise qui ont porté à cet élan de révolte. Après avoir replacé le mouvement des étudiants dakarois dans sa perspective de mouvement social mondial tout en en montrant sa spécificité, l’auteur insiste sur le face-à-face qui opposa le président Senghor à l’opposition syndicale, dans un contexte de tension idéologique internationale et de reconfigurations paradigmatiques dans les années 1960 en Afrique, suite aux indépendances.
Cet ouvrage est essentiel pour saisir la complexité de ces évènements politiques qui ébranlèrent à cette époque le Sénégal, et que le président Senghor sut habillement maîtriser pour in fine se maintenir en place.
Omar GUEYE est professeur au département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est docteur de l’université d’Amsterdam en histoire sociale et de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en histoire moderne et contemporaine. Titulaire d’un mba en gestion du patrimoine culturel de l’université internationale francophone Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie, il a été Fellow à Harvard-WIGH, résident de l’Institut d’Etudes Avancées de Paris, Fernand Braudel Fellow à l’European University Institute de Florence et Fulbright à l’Université du Michigan.
Table des matières
Remerciements
Préface d’Alain Schapp
Avant-propos
Introduction
PREMIERE PARTIE : LA CRISE. DU DECLENCHEMENT A SA GENERALISATION
- éphéméride de la grève, le déclenchement de la crise
Le casus belli, une révolte d’étudiants qui mit le feu aux poudres !
La grève des étudiants : le point de départ de la crise
La grève générale des syndicats de travailleurs : une solidarité active
Les manifestations populaires : la généralisation de la crise
- Les réactions face à la crise
La réaction du pouvoir : arrestations et fermeture du campus
Intervention des médiateurs sociaux
La crise désamorcée : la reprise des travailleurs
DEUXIEME PARTIE : LA SITUATION DE L’UNIVERSITE
- Au lendemain des émeutes : l’avenir de l’université en question
L’état d’esprit des acteurs de l’université
Mesures envisagées pour résoudre la crise
- Réformes envisagées pour la nouvelle université
Franchises universitaires et droit de grève
Réorientation des enseignements et des diplômes
Abandon de la validité de plein droit
Consultation au CAMES
Statut du personnel français
Une université à vocation interafricaine
- Les négociations sur l’Université de Dakar
Établissements ouverts en 1968-1969
Les diplômes délivrés
Statu quo à la veille des négociations avec l’UDES
- Le dénouement
Les accords de septembre 1968
Les conclusions de la réunion du CAMES
Les dispositions de la France
Conclusion
TROISIEME PARTIE : SENGHOR FACE AU MONDE SYNDICAL
- Dakar la frondeuse
Une grève « politique » ?
Contestation et contre culture
L’idéal de solidarité africaine en question
Une révolte anti-Senghor ?
Senghor reprend en mains la situation
Senghor entre capitulation et survie politique
- Le Sénégal et l’Internationale contestaire
Une réplique du « Mai-68 parisien » ?
Les contradictions du « Mai-68 sénégalais » ?
Senghor, un président en sursis ?
QUATRIEME PARTIE : LES LEÇONS DE MAI-68 AU SENEGAL
- Une crise dans la crise, l’affaire des Pères dominicains
Genèse des faits
Le différend entre le président Senghor et les Pères dominicains
Les perspectives de règlement
Les leçons de l’affaire des Pères dominicains
- Les acteurs et événements influents de la crise
L’armée dans la crise
L’UNTS dans la crise
Morts et funérailles du président Lamine Guèye
Les confréries et la crise
Les femmes dans le mouvement
Échec partiel de l’opposition
Conclusion, Mai-68 et après ?
Postface de Charles S. Maier
Annexes
Bibliographie
Ils en ont parlé
« L’historien Omar Gueye, dans ce précieux essai, étudie quatre axes : la crise universitaire, les liens avec le monde syndical, les leçons de Mai 68 au Sénégal – et le rôle essentiel de Senghor –, et enfin la spécificité de la démocratie sénégalaise. »
Une recension de Tom Amadou Seck pour Le Monde diplomatique (février 2018)
« Mai 1968 au Sénégal. Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical se veut un condensé de cette crise qui a plongé pendant cinq mois le pays dans une instabilité profonde »
Un article dans Le Quotidien (février 2018)
« Tout est étayé sur un solide dépouillement d’archives […] ainsi que sur un beau corpus de trente-six entretiens réalisés avec d’anciens acteurs […]. L’ouvrage est agréable à lire et il est certain que rien des événements du Mai sénégalais ne pourra désormais être ignoré. »
Une recension par Françoise Blum dans la revue Le mouvement social (mars 2018)
« 68 dans les Afriques » pour l’émission La Marche du monde par Valérie Nivelon sur RFI (avril 2018)
« […] Aux yeux des étudiants, le président Senghor dont la francophilie était connue et qui était soutenu par Paris contre vents et marées, incarnait le néocolonialisme à l’œuvre en Afrique. Les étudiants réclamaient son départ. »
Un entretien par Tirthankar Chanda pour RFI (mai 2018)
« Aujourd’hui, la religion a pris le pas sur l’idéologie dans le campus. »
Une interview par Moussa Diop et Oumar Ba dans le journal Le soleil (mai 2018)
« En mai 1968, Léopold Sédar Senghor est pris à partie par un mouvement estudiantin déterminé. Les affrontements représentent l’un des pics de tension du printemps sénégalais, sans doute le plus fort qu’a connu l’Afrique de l’Ouest cette année-là. C’est cette période qu’étudie le professeur d’histoire de l’Université Cheikh-Anta-Diop Omar Gueye dans « Mai 1968 au Sénégal ». »
Un article de Jules Crétois pour Jeune Afrique (mai 2018)
« Mai 1968 à Dakar est un moment fort de l’histoire politique du Sénégal. Dans son ouvrage « Mai 1968 au Sénégal. Senghor face aux étudiants et au mouvement syndical » paru aux éditions Karthala en 2017, l’historien Omar Guèye revient sur cet événement et montre comment il s’inscrit dans le mouvement global des révoltes étudiantes du printemps 1968 et plus sûrement dans l’histoire politique et sociale du Sénégal. […] »
Un entretien mené par Odile Jolys, journaliste freelance pour le journal Rosa Luxemburg Stiftung (mai 2018)