L’infini, l’univers et les mondes Broché – de Giordano Bruno (Auteur)

Un penseur très peu connu et pourtant il a fait et dit des choses   P B CISSOKO

Publié pour la première fois en 1584, L’Infini, l’univers et les mondes est l’oeuvre maîtresse de Giordano Bruno (1548-1600), celle dans laquelle il inaugure véritablement le débat sur l’infinité des mondes, ouvrant ainsi la voie à Kepler, Newton, voire à toute la science moderne. Défenseur acharné du divin, il se devait d’aller plus loin que Copernic dont il est un fervent lecteur mais qui se limitait à des considérations astronomiques. Posant l’un et le multiple, Dieu et la matière, sa création, comme indissociablement liés, éternels et sans limites, unis par le même désir de susciter la vie, il conçoit un univers sans bornes, peuplé d’innombrables mondes. Il fait ainsi voler en éclats le géocentrisme ptoléméen et la cosmogonie d’Aristote que l’Église avait faite sienne. Cela ne lui fut pas pardonné. Livré à l’Inquisition il sera brûlé publiquement après huit années d’emprisonnement. Écrit sous la forme d’un monologue et de dialogues truculents avec ses élèves et ses détracteurs, ce livre témoigne de toute la fraîcheur d’esprit et de toute la fougue d’un grand penseur qui pourrait être défini comme un « hérétique de la raison » et qui fut excommunié par les catholiques, les calvinistes et les luthériens.

GIORDANO BRUNO

PHILOSOPHE ET THÉOLOGIEN

Se basant sur les travaux de Nicolas Copernic et Nicolas de Cues, il démontre, de manière philosophique, la pertinence d’un Univers infini, peuplé d’une quantité innombrable de mondes identiques au nôtre.

BIOGRAPHIE

Giordano Bruno est né en janvier 1548 près de Naples (Italie). Après l’école il poursuit des études théologiques dans un couvent dominicain et il est ordonné prêtre en 1573. Grand amateur de livres et doté d’une excellente mémoire, il découvre parallèlement la mnémotechnique, la magie, la cosmologie, la physique et la philosophie. Se rebellant régulièrement, il doit quitter le couvent en 1576, accusé d’hérésie.

Pendant 16 ans Bruno va parcourir l’Europe, régulièrement chassé à cause de ses convictions et de son fort caractère. Les deux premières années il se déplace en Italie, vivant de leçons de grammaire et d’astronomie. Puis il part en France où il enseigne la physique et les mathématiques sous la protection d’Henry III, très impressionné par sa mémoire prodigieuse, et qui en fait un de ses philosophes attitrés. Après un passage en Angleterre de 1583 à 1585, Bruno revient en France.

Il a publié un an plus tôt deux livres très importants : dans « La Cena de le Ceneri » (Le banquet des cendres), Bruno présente la relativité du mouvement qui met à mal la théorie d’Aristote sur l’immobilité de la Terre. Mais son ouvrage majeur s’intitule « De l’infinito, universo e Mondi » (De l’infini, l’univers et les mondes) : prenant appui sur les idées de Copernic qui prône l’héliocentrisme (les planètes tournent autour du Soleil, centre de l’Univers), Bruno va encore plus loin en évoquant un Univers illimité, qui n’a pas de centre, où chaque étoile est comparable au Soleil avec un cortège de planètes « qui peuvent abriter d’autres créatures à l’image de Dieu ».

EN HOMMAGE À GIORDANO BRUNO, UN BRILLANT CRATÈRE LUNAIRE PORTE SON NOM. CRÉDITS : NASA

De telles idées durcissent les positions religieuses à son encontre. Henri III ne peut plus rien pour Bruno qui fuit en Allemagne puis revient à l’Université de Padoue dans l’espoir d’obtenir une chaire de mathématiques. Dénoncé à l’Inquisition vénitienne, il est emprisonné en 1592. Il subit huit années de procès, et refusant toujours de se rétracter, meurt sur le bûcher à Rome en février 1600, condamné pour hérésie.