L’État ne se confond pas avec la société ; né pour en tempérer les conflits, voire la violence, il s’est peu à peu imposé comme une forme originale de pouvoir dont la légitimité dépend avant tout de son aptitude à servir l’intérêt général. Tâche difficile puisqu’il lui faut légiférer sans contraindre, rassembler sans niveler, éclairer sans imposer ; mais tâche possible, si, au droit qui l’oblige, l’État ajoute la collaboration vigilante des citoyens auxquels il doit son sens et son existence.
Le pouvoir
Loin d’être un phénomène anormal, le pouvoir est inhérent à l’organisation sociale qui ne pourrait poursuivre ses objectifs sans une répartition inégalitaire des compétences. Mais pour nécessaire qu’elle soit, cette relation est insupportable s’il est vrai que tous les hommes sont libres et égaux en droit. Tout l’art du politique consistera dès lors à donner aux relations de pouvoir un fondement suffisamment légitime pour qu’on ne confonde pas le pouvoir avec la domination, et l’obéissance avec la servitude.
Le temps pose des problèmes anciens : dimension fondamentale du réel à travers le changement, il apparaît aussi nécessaire qu’indéfinissable. À partir de la question de la perception, on trouvera ici posée la question du temps selon le fil directeur de l’objectivité ou de la subjectivité de nos représentations. Mais au-delà d’un simple problème théorique, le temps met au défi les attitudes humaines : comment vaincre le temps ? Comment plénifier l’instant ? Comment se réconcilier avec la dimension de l’oubli et de la mort ? Devons-nous choisir entre la sagesse pratique du stoïcisme, le désespoir ou les refuges de la mémoire ? Telles sont les questions qu’examine cet essai, rappelant ainsi que la philosophie vise à nous réconcilier avec le temps.