Steven Aimable à l’entraînement • ©JMA
Né en Guyane, d’une mère sénégalaise et parti aux USA pour ses études et sa carrière de nageur Steven Aimable a opté pour la nationalité sénégalaise et avoir ainsi une chance d’aller à Tokyo.
Catherine Lama • Publié le 29 juillet 2021 à 02h18, mis à jour le 30 juillet 2021 à 04h34
Et maintenant Steven Aimable nage pour trois nations… Licencié au club « Sharks »de l’université Nova en Floride, il a aussi le droit de conserver sa licence dans son club formateur le Megaquarius de Cayenne et, à ce titre, de participer à des compétitions tout comme de représenter le Sénégal.
Le sourire heureux d’un compétiteur • ©SA
Il s’apprête ce 29 juillet à disputer sous les couleurs sénégalaises, la première série du 100 m papillon à Tokyo. Le jeune guyanais de 22 ans a suivi un cursus singulier qui le conduit à participer à ses premiers jeux olympiques.
Steven Aimable au centre de la délégation sénégalaise • ©SA
Un parcours qui ne doit rien au hasard. Il répond à un projet familial dans lequel les parents comme les enfants jouent chacun leur partition.
Faire émerger un champion aux Etat-Unis, le choix de la famille Aimable
Aux manettes, il y a un père de famille, Jean-Marc Aimable qui, lui même, croyait au rêve américain. Aussi lorsque son aîné, Steven, formule le souhait de partir à Miami après son bac pour poursuivre ses études et la natation au plus haut niveau, il n’y aura pas d’hésitation. L’aventure peut commencer.
Steven a commencé à voyager aux Etats-Unis dès l’âge de 12 ans. Il allait dans les summer camps. Il a connu les entraînements à l’américaine et cela lui a plu. A 16 ans, il m’a dit je veux faire mes études aux USA et continuer la natation. Je lui ai dit si tu veux vivre le rêve américain cela va être dur car on ne t’attend pas. Pour cela nous avons été aidés par les surinamais qui ont une excellente filière. Il du se mettre à niveau en anglais… Placé en famille d’accueil, il a passé l’examen junior collège, il a intégré le club Azura. Il a continué à nager pour le Megaquarius (Cariftagames 2018 notamment)…
L’option de la binationalité
Le projet de l’Afrique est venu au fil du temps. Steven s’intéresse au continent africain depuis longtemps et connaît bien le Sénégal, pays de sa mère Marie-Hélène. Il a aussi rencontré des nageurs africains évoluant aux Etats-Unis. L’idée a muri jusqu’à ce qu’il déclare à ses parents, son voeu de nager pour le Sénégal.
Une décision actée en 2019, après plusieurs entretiens avec les autorités sénégalaises.
Pour nous c’est une très bonne chose car le rêve américain, il le connaît. Je ne suis pas persuadé qu’en suivant le cursus classique, l’idée lui serait venue. Ses rencontres lui ont ouvert l’esprit et c’était le but, pour nous, qu’il s’ouvre… Dans la famille, avec, aussi, nos origines sainte-luciennes, nous avons l’esprit anglo saxon…
Mais pour accomplir ce rêve américain, il a fallu beaucoup de sacrifices. Etudier aux USA, cela coûte cher mais heureusement, les bons résultats de Steven lui ont permis d’obtenir deux bourses, une pour l’université et l’autre pour le sport. Tout en n’étant pas nageur américain, Steven a toutes les opportunités dès lors qu’il réussit. Il alterne les compétitions pour son club américain et pour le Sénégal. Aux jeux d’Afrique 2020, il est devenu champion aux 100mNL et 50 et 100m dos.
Steven Aimable aux Jeux d’Afrique 2020 • ©SAUn éloignement familial qui pèse
La famille Aimable compte deux garçons, Steven et le cadet Karl Wilson, 17 ans. Ce dernier a quitté lui aussi, le cocon familial pour la Floride. Il suit les traces de son frère. Comme lui, il veut vivre son rêve américain et se donne les moyens de la réussite.
Grands parents, parents et enfants Aimable • ©JMA
Le voeu le plus cher des parents est, bien sûr, le bonheur et la réussite des garçons quelques soient les sacrifices. Mais au-delà de l’aspect financier, l’éloignement est pesant et la crise covid n’a rien arrangé. Marie-Hélène, leur mère l’explique avec ses mots :
« C’est le plus grand déchirement de ma vie… aujourd’hui, je vois les résultats, mais cela fait deux ans que je n’ai pas vu Steven… heureusement, il y a WhatsApp mais j’ai hâte de revoir mes fils…
Marie-Hélène Vaz mère de Steven Aimable nageur de la sélection sénégalaiseUne fierté familiale
Pour Jean-Marc Aimable, le choix de son fils pour la binationalité est finalement le reflet d’une réalité guyanaise. D’autres jeunes pourraient aussi, en fonction de leurs origines et de leur choix de vie, opter pour la binationalité. Dans le sport, c’est une option finalement courante. L’essentiel étant de toujours garder la fibre guyanaise.