Le Covid -19 une théorie du dévoilement des murs sociaux : Inégalités sociales et fractures injustes en Afrique. Pape B CISSOKO

« Fagarou mo guen fadiou »

« L’avènement du LIVRE DES MORTS serait la conséquence d’un bouleversement intervenu à la chute de la VI Dynastie (ca 2242 av J-C), permettant au peuple  de s’emparer de conceptions jusque-là réservées à l’élite égyptienne (pharaons, hauts dignitaires, etc)…

La première manifestation de l’humanisme radical se trouverait, par conséquent, dans cet  étonnant livre que lisaient il y a 5000 ans, nos ancêtres, pour apprendre en paraphrasant la belle formule d’Héraclite, à « mourir leur vie et à vivre leur mort »  D SAMB, Esquisses africaines, l’harmattan, 2018.

L’homme a  toujours pensé  la mort et le livre des morts est la substance, le condensé des  paroles et formules sacrées pour la surmonter.

Le virus  sera surmonté, mais il fera des ravages qui plomberont l’humanité et le monde, tout en incitant vivement  à faire autrement.

L’humanité conséquente ne vivra plus comme avant

Qu’en est il du covid19,  c’est un monstre invisible, infime, minuscule qui ne joue pas dans la même cours et sème le chaos,  le désordre, la panique et fait fondre ou destabilise les fondations et des repères.

Oui il sape les fondations et la bien puissante pensante de l’HOMME imbu de ses folles prétentions.

La vie est un jeu et chacun doit jouer sa partition  et  chacun pourra s’adapter aux consignes.

Le virus qui nous occupe et nous terrorise aujourd’hui,  remet en question notre humanitude et nous oblige, il nous contraint à rebattre les cartes.

Quand l’Homme pense agir il se trompe, il est agi et c’est ainsi qu’on parle  de la théorie l’éternel plié.

«Le pire n’est pas éternel et le meilleur est toujours possible, si on sait se battre» L SEVE »

Digressions et regards croisés

le covid 19 est le meilleur révélateur de nos fractures, de nos injustices. Il accélère tout et rend  possible ce qui ne l’était pas. Chaque Etat est obligé de débloquer des sommes astronomiques que  les luttes sociales, les écoles, les étudiants, les hôpitaux, etc, n’ont pu avoir.

Le covid19 fait rebattre les cartes, les dualismes et les contraires comme ce tourbillon qui ramasse tout en bas et s’élance à l’image de la chouette de minerve qui  prend son envol la nuit tombée.

Le contexte 

C’est en Novembre 2019 que le virus a commencé à sévir et le reste du monde, dit que c’est chinois alors que les NTICS et le virus ne connaissent pas les frontières sauf que pour les NTICS, l’homme peut toujours réagir pour les freiner ou les bloquer.

Il est convenu de comprendre que le monde est un village planétaire et quand un pays ou continent tousse, il éclabousse ceux qui sont loin et se croient intouchables et voici encore, l’illusion dans laquelle nous entraîne cet Homme misérable.

Le virus vient nous saper nos certitudes en violant nos espaces et en compressant les cartes du monde, il pénètre sans invitation où il veut, il frappe quand il veut et met à l’épreuve nos fondations scientifiques qui faisaient de  nous des invulnérables.

Le monde était comme dans une nouvelle bulle, celle de la science Absolue,  de l’économie scientifique qui exclut  tout jugement et toute morale sociale.

Il est vrai que les mémoires sont courtes, parce que la nature nous a déjà  éprouvé avec des pandémies, mais aussi des effets climatiques redoutables et que dire des tsunamis, et c.

Ces derniers sont prévisibles en général mais les conséquences elles, sont difficiles à pronostiquer et c’est après leurs passages, qu’on se rend compte de la puissance de la nature qui défie nos libertés et nos certitudes.

Ce fait social qu’est le virus a fait naître, des clichés, qui sont vite devenus des fakes news, des idées reçues comme la chaleur qui détruirait le  covid 19.

On a parlé aussi, de l’immunité des africains, habitués à prendre en prévention le fameux et vieux médicament, remis en  scène par le DR RAOULT la chloroquine.

Le covid 19 vient au moment ou l’Homme se croit maître et possesseur du monde, la science ayant repris le dessus avec les progrès des techniques. La surconsommation, mais surtout, le capitalisme  a  mis au banc les autres idéologies.

Hobbes nous dira d’ailleurs, avec quelques similitudes avec Descartes,  que l’idée de puissance  de la science devient le moyen le plus spécifique de la puissance de celle-ci.

Par le biais de la science, la capacité d’agir sur le monde, tant naturel qu’humain devient vraie ; voici une hérésie flagrante, qui nous oblige à nous repenser et penser tout en pansant la vanité humaine.

Avec le covid19, nos libertés, nos prouesses scientifico-technologiques, nos organisations, nos idéologies sont ébranlées, comme le bambou ; le monde ploie mais ne casse pas.

Il faudra prendre école, étudier analyser et trouver des alternatives pour que cela ne se reproduise plus ou quand cela  arrive de nouveau que l’effet soit amoindri.

Après le passage d’un tsunami, ceux qui ne voulaient rien voir, les dealers, les experts, les intellectuels, les petits bourgeois, les  corrompus, les politiques, verront la vraie réalité et seront sommés de réfléchir et d’introduire de l’Ethique dans les actions humaines.

Le philosophe n’a jamais quitté le terrain de la critique constructive et l’éveil des consciences aliénées, par un pouvoir aux ordres des organisations mondiales coupées des réalités sociales.

Fermer les yeux ne fait pas la réalité et ne supprimera jamais le choc de la réalité.

On ne peut vivre décemment quand l’autre souffre, c’est une question de bons sens, mais on dit qu’elle est la chose  la moins bien partagée et on peut le croire.

Les murs sociaux, cachés ou volontairement étouffés, comme la statue de Glaucus nous crèvent les yeux et les politiques ne pourront plus, dans ce face à face fuir ou occulter les réalités qui obligent de changer…

Le covid19  nous enseigne aussi que nos libertés sont fragiles et qu’il  faut réinventer nos pratiques, nos  altérités, unis les Hommes résisteront, désunis les humains seront des proies faciles face aux multiples faits inconnus, qui  nous tomberont dessus si nous ne changeons pas de mode de vie.

Face au corona virus que faire ici et là-bas ?

Chaque pays, en temps de crise tente de trouver des stratégies modélisées avant mais qui ne fonctionnent pas toujours.

Le confinement a été une première option pour la majorité.

Le covid19 a surpris l’humanité, il est tout minuscule mais tout destructeur et c’est pourquoi  le confinement / atténuation a été une première stratégie et les deux autres qui sont utilisées ici et là sont ; (suppression, immunité).

Quand il se présente sans se faire voir, tout le monde laisse le terrain et il s’ennuie et perd de sa puissance.

Oui l’Europe dans sa superbe a une configuration et un mode  de vie qui peut s’y prêter en général.

Oui, ceux qui sont dans des espaces confinés et trop petits souffrent et paient un tribut monstre.

Que dire de cette famille de 5 personnes dans 9 m2 à Paris.

Le confinement avec des mesures barrières pour éviter et freiner la progression du virus, mais est-ce que, le Sénégal et le continent africain, peuvent copier ce modèle, sachant que les habitats sont précaires et surpeuplés, l’indigence monstre et la couverture sanitaire spartiate voire médiocre.

L’Afrique a joué avec l’imprévisible et a voulu vivre le «Jour au jour»,

ce qui est consubstantiel avec son rapport avec la spiritualité et sa pensée en  général : Dieu est grand.

Ce qui m’incline à penser à mon ami feu le Pr Ibrahima SOW du Laboratoire de l’imaginaire de l’IFAN «Le temps de la paresse» qui pointe un mal profond et absolu ou la créativité et le risque sont absents, alors qu’il faut combler  ces vides par l’activité.

Comparaison n’est pas raison ce qui est viable et possible ailleurs n’est pas envisageable ici.

A présent on connait les 3 stratégies qui sont encours à travers le monde.

il faut rappeler que le covit19, ne  connait ni continent, ni race, ni statuts etc., il met tout le monde sur le même  pied d’égalité et  cela donne à réfléchir.

Pourquoi la stratégie du confinement n’est pas la bonne méthode au Sénégal et en Afrique ?

Les politiques africaines n’ont jamais pensé de façon sérieuse l’avenir ou l-a-venir,  les plans sont mal conçus ou falsifiés pour plaire aux  leaders, ils sont mêmes des copies  conformes de ceux  de pays différents.

Il est question de médiocrité manifeste comme le dit Alain Deneault «la Médiocrité ou la médiocratie).

Le Sénégal a opté pour une méthode qu’on appelle la suppression ie essayer de confiner les personnes  suspectes ou atteintes ; le couvre feu et l’état d’urgence sont convoqués, pour rendre plus efficace la stratégie, face à des citoyens qui imitent l’indiscipline  des grands.

Quand des chefs, des personnalités se moquent des interdictions décrétées par le pouvoir, les petits se disent qu’ils sont en droit de faire pareil et on assiste à une gestion chaotique avec l’avènement d’une violence policière, qui bafoue les droits des citoyens.

Mais en temps d’exception, le citoyen doit respecter les consignes et l’Etat doit préserver le droit et non en abuser.

Il est des faits sociaux qui font que le confinement n’est pas possible dans les pays africains à forte démographie  où les modes d’habitation et de vie sont inadaptées ; pas  de portes, des huttes, la surpopulation, une  hygiène déplorable sans parler de l’indigence et de la précarité entretenue pas les leaders.

Le racisme écologique, la ségrégation  résidentielle, le pouvoir de l’argent illicite, les faux dévots, etc,  fragilisent encore le pays.

Ces leaders, selon  Deneault  ont renoncé à dire vrai et ils jouent un mauvais jeu comme chez Machiavel auprès du Prince.

Quand ils sont aux côtés  du prince, ils ne cherchent qu’une chose ; prolonger leur présence en lui faisant plaisir, dire ce qui plaît, le flatter.

Je me rappelle qu’un chef d’Etat avait demandé à ses conseillers, de cesser de lui dire ce qui fonctionne et de lui présenter ce qui ne va pas.

Ils ne le  feront pas  et comme prévient Kocc  Barma  «un roi n’est ni un parent ni un protecteur» quand son intérêt est mis en danger, il peut éliminer ou restreindre les  droits par la prison, ce qui est un autre confinement.

Notre ami Adama GAYE dans son flamboyant ouvrage, explique la main froide du Prince, qui n’est pas content d’entendre autre chose qui le dessert ; «Otage d’un état» il nous dit ceci «Derrière des explications de toutes sortes, le prétexte ne semblait être rien d’autre que de retenir mes mains pour que je n’écrive plus ; de me mettre au frais.

pour que je ne puisse plus m’exprimer par quelque moyen de diffusion de masse, radio, télé ou, plus récemment, les réseaux sociaux ; bref, de me faire taire».

Notre société sénégalaise faut-il le préciser, sans sourciller, souffre de plusieurs maux imputables à l’Etat mais aussi aux citoyens.

L’Etat du Sénégal n’a jamais pensé à la couverture sanitaire pour tous.

Je me rappelle ENDA TM qui avec son ouvrage phare « La où il n’y a  pas de docteur » a tenté de sensibiliser au maximum,  le monde rural mais aussi les citadins, sur la prévention et les premiers gestes.

Les citoyens de la diaspora,  sont ceux qui ont contribués à améliorer, la santé  dans le monde rural et l’Etat a comme délaissé ce secteur au  sort des gens.

Alors que nous avons une des plus performantes écoles de médecine de l’Afrique dans les années 1960  à 1995, les dispensaires ont peu à peu disparu laissant  le malade à son sort ou au sort des tradi-praticiens.

Notre système de santé avance sur une  jambe, en ville elle est performante avec le déploiement de clinique privées destinées aux nantis.

  Le centre Municipal de Dakar est venu palier cette injustice faisant de la santé un fait social égalitaire.

Le Covit19  était si éloigné, mais à cause des diverses mobilités, il arrive par surprise et fauche les plus vulnérables.

Qui sont ces gens, victimes potentielles, ce sont les déjà malades, les obèses, ceux qui souffrent de problèmes cardio vasculaires et du sucre du sel, les pauvres, les enfants de la rue, les obèses/surpoids, les mendiants, les sans abris, les malades mentaux, les vieux, etc., etc.

Est-ce juste dans une République, un pays dit pauvre mais en perpétuelle construction avec des « plans  émergence » à ne pas finir ?

A la télé et à la radio, on voit défiler des sommes astronomiques, qui ose alors, dire que le pays est démuni, c’est à voir.

La santé est le maillon fort, le pilier sur lequel le pays doit compter pour que les  acteurs puissent produire.

Une couverture sanitaire fragile et insuffisante est une aubaine pour toute invasion de virus ou de pandémie.

D’où la nécessité d’agir en amont, informer et éduquer les femmes, les enfants, instauration d’un système de protection maternelle et infantile, etc. Il serait viable ans les écoles, de renforcer  l’éducation civique, des  cours sur l’hygiène, et enseigner les premiers gestes, etc.

Lecovid19 nous oblige à revoir et nous réorganiser.

Croiser les recherches ou organiser les centres de recherche, pour que le continent  puisse avoir une souveraineté sanitaire, nous  avons de bons chercheurs, de bons professionnels, il ne reste qu’a s’entendre et se mettre au travail sérieusement.

 

Ayant parlé du système de santé bancal, il faut regarder du côté des cérémonies familiales et religieuses qui mobilisent des foules et des foules.

Le corona virus  aime la foule,  il frappe sans crier gare et par des effets d’interconnexion, il se déploie de façon insidieuse puis se révèle  brutalement, nécessitant ainsi des moyens lourds que nos hôpitaux n’ont pas en quantité.

C’est pourquoi l’interdiction de certaines manifestations caractéristiques

(baptème, gamou, prière à l’église ou à la mosquée, mariage, deuil, etc) dans nos pays est une excellente chose pour endiguer le virus.

Le covit 19 nous impose de regarder notre mode de vie, notre démographie, notre géographie sanitaire.

Il est vrai aussi que pour lutter contre ce virus, qui avance lentement sur le continent, les Etats doivent se concerter, les échanges d’expertises doivent se multiplier.

Les chefs traditionnels peuvent aider les Etats dans la gestion de crise.

Notre patrimoine culturel, est un vivier important que la modernité doit utiliser pour réussir.

Le Pr Christophe Yahot  parle «de déterminer quelques repères quant à la compréhension globale de la politique en Afrique noire, tout en explorant des voies et moyens qui permettraient une projection salutaire vers le développement futur de l’Afrique.  Il s’agit d’entrer dans la modernité sans reniement du culturel »

Il est temps de se mettre au travail et de panser  les maux de l’Afrique et du continent.

 

Pour une souveraineté sanitaire africaine.

 

Avec le covid 19 le panafricanisme devient une exigence.

Les organisations régionales et sous régionales s’imposent, pour favoriser cette fondation, qui va supporter nos nations fragilisées  par les frontières artificielles.

Ce manque,  cette absence d’organisation, ce vide, fragilisent nos Etats et notre continent et ce sont les populations qui en pâtissent, comme d’habitude.

On ne doit pas banaliser le mal selon Hannah Arendt, on ne doit pas se refuser de penser et de faire de la prospective.

Le manque de pensée est amoral et traduit l’état, d’une conscience éteinte de l’Homme, capable du mieux comme du pire.

Notre discipline la philosophie, comme outil de pensée procure à l’humain, le sens du discernement nécessaire à la vie.

 

A scruter le spectacle du monde, que voit-on, qu’entend-on ?

 

On voit le vide, la longueur, les espaces les singularités,  les animaux qui prennent la place laissée par les humains cloitrés, des places désertes, les activités au ralenti.

On entend  aussi d’autres sonorités, celles  des oiseaux, des feuilles, etc.

Du coup nos yeux et nos oreilles s’instruisent autrement et ça fait du bien.

A beau courir, à beau faire vite comme si le temps s’éloigne, lecovid19 nous sédentarise nous confine et  nous dicte de ralentir et d’apprécier et entrevoir les possibilités.

Qu’est-ce qui dépend de nous et qu’est-ce qui ne dépend pas de nous?

Dans ce discernement, l’Homme se rend compte de sa responsabilité et se retrouve obligé de repenser pour mieux se diriger.

La crise nous oblige à trouver en nous des solutions collectives  qu’on le veuille ou pas.

La singularité ou la volonté de se marginaliser n’a plus de sens, on doit faire des combinaisons, des échanges de pratiques pour faire face, aux intrusions qui se feront jour de plus en plus et par conséquent, une des solutions c’est de changer de mode de vie.

Achille Mbembé va dans  le même sens, et propose une éthique de la rencontre, qui indique que nous devons apprendre à vivre exposés les uns aux autres.

Le Covid19 et la ré-flexion -Nos failles et le covit 19 révélateur des maux de la société.

Imaginez le confinement et ce père de famille avec deux  épouses et 20 enfants.

Ce père  de famille est sans emploi, il dépend de la solidarité de ses concitoyens qui doivent souvent donner pour recevoir la gratitude ou la clémence de dieu ?

Si cet homme ne peut plus sortir et aller quémander, imaginons cette scène à laquelle il n’est pas habitué.

Il faut savoir que les pères sont très souvent absents et en l’occurrence ils sont confinés.

La réalité lui frappe et il est face à face avec ses 3 épouses et ses 20 bouts de bois, tous la bouche ouverte. Ce père va se rendre compte de son irresponsabilité qu’on n’a jamais voulu lui dire, à cause  du  soutoureu (une certain secret et clémence).

Cette figure des parents est visible dans tous les secteurs, ceux qui vivent au dessus de leurs moyens et sont obligés d’être corrompus pour maintenir un trompe l’œil ou un faux standing.

Si le confinement n’est pas la solution il est urgent de montrer les tares de cette société qui se cache derrières des croyances, des habitus  et des mœurs qui ne sont plus d’actualité.

La modernité nous oblige et faire un enfant est un projet, parce qu’un enfant est une personne (Dolto)

 

Le covid19 révèle des aspects positifs du confinement et l’état d’urgence obligent les parents, les époux à rentrer tôt pour passer du temps avec la famille.

Mais qu’en est-il des coépouses, habitants dans des espaces différents alors que  la mobilité est interdite, ceci  pose la question de la polygamie dans nos contrées, de l’habitat et de la démographie.

Ces questions ne sont plus à évacuer au risque de pointer du doigt, un curieux malthusianisme.

La question s’impose en l’occurrence.

Démunis, précaires, voire indigents, comment puis-je assumer une effectivité conséquente en  nourrissant ceux qui dépendent de moi ?

Il est évident que ce ne sera pas dieu qui viendra au secours, lui qui nous a donné la faculté de réfléchir, de calculer pour bien nous conduire de façon circonstanciée et responsable.

Voici que le Covid 19 impose, à reconnaître en l’état actuel, qu’il est difficile de bien agir et qu’il ne faut pas confier au hasard notre destin.

 

Le plus pauvre est le plus inconscient ou inconséquent dans les pays africains.

Père incapable de nourrir sa grande famille, aura le courage d’aller chercher une  autre femme.  L’avènement du coronavirus le mettra face à  ses inconséquences cachées  mais révélées par les faits.

 

Les seconds  bureaux souffrent dans la solitude et l’absence  des privilèges volés.  La dépravation des moeurs, les mensonges, les tricheries, etc, sont mis au pilori et questionnent sur le sens  de la vie.

 Pourquoi ne pas envisager une simplicité heureuse comme le clame P RABHI?

La couverture sanitaire en Afrique une volonté politique et l’absence de vision

L’horizon des possibles

L’Afrique n’est pas pauvre, elle est appauvrie par ces mauvais plans, les politiques d’ajustement structurels, les choix politiques, les connivences, les dépendances, la détérioration des termes de  l’échange, la corruption, etc, scène de l’histoire

Le monde est comme  une scène de l’histoire, qu’il faut regarder avec rigueur, sans sourciller, sans concessions, comme le dirait le Pr D Samb.

 Le covid19 nous a plongés dans une violence, qui va secouer certains pays qui seront démasquées et tant mieux, tout pays qui n’aura pas fait son devoir devra payer. Il s’agit là  d’une mise à l’épreuve et les masques ou les simulacres sont tombés.

Il est urgent de faire le diagnostic de l’état de la recherche, la couverture sanitaire dans les pays africains, les centres de recherche et de production, les laboratoires, etc.

Il est urgent de mutualiser les compétences disséminées sur le continent.

En RDC, il y a ce laboratoire de recherche  Pharmakina Bukavu qui travaille depuis longtemps sur le paludisme, l’institut Pasteur, les travaux  des Pr Ndiaye et Raoult, Madagascar et l’artemisia, Le Chercheur Dr Jérome MUNYANGE de  la RDC, pour dire qu’il il faudra combiner et mutualiser les forces pour mettre en place,  une vraie souveraineté sanitaire et notre continent doit s’habituer à faire de la prospective.

Cette souveraineté que j’appelle de toutes mes forces, donnera du crédit au continent, qui jusqu’à présent est dépendant de la bienveillance des autres pays développés qui au nom de la coopération plombent encore nos économies fragiles.

Il nous faut une vision collective et renouer avec les ensembles, pour mieux résister et faire face.

Chaque acte posé doit penser les conséquences et il  faut  initier à la philosophie éthique.

Cette crise a démontré et fait voir la géographie sanitaire inégalitaire, elle révèle et aggrave de façon monstrueuse et flagrante les inégalités devant la maladie, les soins et les ressources pour y faire face.

Le philosophe et les penseurs actifs ne peuvent passer sous silence la souffrance et la  double peine qui frappe les exclus, les discriminés, ceux qui sont victimes d’oubli ou de rejet.  Il faut de la  résilience et ne pas céder à la panique. Il faut se dire comment s’en sortir au plus vite.

Oui on perd une  bataille mais pas la guerre.

Le covid19 nous a démontré que le soi disant bonheur matériel cache le malheur du citoyen hélas. Il met à nu les désillusions du progrès et la misère de l’Homme.

Lecovid19 nous apprend à  apprendre que nous ne savons rien, à  être humble  tout en étant capable de résister pour survivre.

Relire l’Apologie de Socrate devient nécessaire.

Et le philosophe dans tous ça, quelles réflexions ?

C’est en tant qu’intellectuel, penseur responsable de la chose publique qu’il doit agir bien que cela ne lui appartienne en propre pour la diriger.

Notre situation actuelle, nous met en face de la décadence de l’intellectuel actif face au virus, mais cela donne aussi la possibilité d’une renaissance.

Nous ne devons pas baisser les bras, nous sommes obligés de proposer des pensées justes, contre l’ordre établi et contre le pouvoir qui se voile la face n’opérant pas les bons choix.

Esprit universel, le philosophe va refuser l’esprit de système et des idéologies qui plaquent une abstraction sur la réalité concrète et vivante.

On dira aussi, que même si notre mission face à  la pandémie, nous donne une occasion de nous exprimer, nous ne devons pas jouer avec des allumettes

(Prévert).

La mission du philosophe ici est celle du philosophe conseillé du prince, du décideur, et c’est le Pr R DAMIEN qui l’inaugure de façon manifeste.

Aristote était le conseiller de Alexandre le Grand et de tous les temps l’homme de savoir, doit alerter, prévenir, proposer des outils qui transforment les risques en gestion humaine et non en peur.

Il faut rassurer tout en indiquant la vérité.

Le  covid 19 et le tsunami qu’il a provoqué nous exige, de nous retrouver, pour nous réaliser nous –mêmes, ie que nous venons d’acquérir la liberté de devenir.

 

Tocqueville nous enseigne, que la méthode philosophique définit la démocratie comme ce moment où on a le droit de questionner, de critiquer et de proposer sans tabou.

  Il faut comprendre ce qui se passe.

 C’est Hannah ARENDT qui nous invite à aimer le monde malgré ses affrosités qui nous bousculent.

Selon elle, comprendre, ne signifie pas supprimer le choc de la réalité, c’est penser le prochain en utilisant les faits précédents : intégration et dépassement.

Encore ajoutera t’elle, le philosophe, l’homme d’action, le penseur actif doit analyser et porter en toute conscience, le fardeau qui nous tombe dessus et regarder en face la réalité sans idées préconçues.

 

La posture du philosophe, sa compréhension des faits ne doit pas le limiter à juger, il doit dans un élan de transgression, penser le futur et imaginer des structures ou  modes de vie ou une cité idéale.

Et voici le philosophe qui pense l’action efficace.

On  lui signale souvent, son incapacité à proposer des choses scientifiquement  réalisables,  donc on lui signifie sa pensée stérile, inutile  et incertaine.

C’est oublier Thales de Millet raillé par ses congénères, mais ceux qui avaient écouté ses conseils, ont eu de bonnes récoltes.

La philosophie, on le voit de plus en plus se trouve au creux de la cité qu’elle porte et la dépasse.

Elle ne vise pas l’accident et l’accessoire mais l’Universel.

Pour penser cet universel il lui faut savoir,  et avoir une bibliothèque augmentée, avec des outils mathématiques pour viser l’agir efficace dans la modernité.

Selon le Pr R DAMIEN, Université  Besançon / Nanterre ; cette connaissance augmentée pénètre et connait la source ( l’arché, le principe, l’origine) de tout ce qui fut et est porté à l’existence, elle saisit aussi, les fins qui en ont organisé la promotion et qui en conditionnent le développement approprié.

Cette connaissance de l’augmentation licite de toute chose, conformément à l’ordre inaugural est alors une ressource décisive pour conduire, maîtriser, organiser cette croissance, et assigner à chaque chose des fins, inscrit dans son origine même : elle préfigure la perfection d’un dessein à respecter en le réalisant. Connaître le principe du commencement, c’est connaître le principe du commandement qui organise le tout, structure tous les degrés de l’être son rang dans la hiérarchie : «  Damien de convoquer Platon des Lois «775e, c’est le commencement qui, lorsqu’on l’y installe à la façon d’une divinité, est le salut de tout le reste ».

La connaissance de ce principe, donne au philosophe le savoir de l’autorité archaïque qui dessine illico, une fonction déterminante de conseiller.

Les intellectuels ne  doivent pas, face aux crises, se tenir dans l’attitude stérile du spectateur.

Une crise met ko, mais on se relève pour changer et adopter d’autres pistes, d’autres modes d’agir ou l’humain sera primordial.

Nous dirons qu’il faudra se réorganiser,  se regrouper, unir les compétences pour penser l’avenir et dresser des scenarios pour apprendre à gérer les risques, urgences et les imprévus.

Rien de grand ne se fait de façon brouillonne,  laissant au fatum la gestion de nos existences fragiles.

La crise actuelle n’est pas qu’une parenthèse à refermer, comme si de rien n’était.

Non, Non, pendant plus de 100 ans, l’Homme a  régné et surexploité la nature et créant ainsi des inégalités et murs sociaux inimaginables.

Elle révèle encore faut-il  le redire  (la redite est une pédagogie) la misère de l’Homme, la faiblesse de notre couverture sanitaire et les inégalités sociales et économiques et le manque de vision n’est pas d’éthique.

Précisons que le virus n’est pas la cause de ce qui nous arrive, il est un révélateur  de nos excès et nos prétentions illusoires, la démission des intellectuels et de nos politiques (archana impéri/le secret du pouvoir).

Mettre au dessus de tout, la science et l’économie sont les causes de nos existences bancales et inquiètes.

Il est plus raisonnable d’introduire dans  tout, cette morale, cette faculté de jugement qui ralentit la propension aveugle de l’Homme sur terre.

Le principe de globalisation, dont la finalité est purement économique, s’oppose ici à la mondialisation qui est quête de la préservation de la pluralité des registres de l’existence.

Ces deux visons, interpellent le philosophe à tout moment pour comprendre  et proposer des stratégies, pour le monde commun et le trésor commun qu’est la vie bonne.

Même si comme Kant le monde prend conscience de ce qui peut l’affecter et qui ne dépend pas de lui, il faut dénoncer l’arcana impérii (les secrets du pouvoir corrompu) pour exprimer les travers et conduire vers la lumière et l’action bonne et efficace.

Le virus  entraine le monde comme les vagues, en portant des coups ici et là jusqu’à englober le monde  global. Qui sera épargné et pourquoi ?

Les Etats fragiles sont menacés par la mise à l’épreuve qu’impose le corona  virus.

Qu’ont-ils fait, pour préserver la vie ?  Qu’est–ce que les intellectuels ont initié, proposé pour mieux orienter et informer les princes.

S’ils n’ont rien fait, alors ils ne méritent pas le titre de philosophes ou d’intellectuels actifs visionnaires comme Sartre, Fanon, Césaire ou Aron…

La crise a montré les laissés-pour-compte à leur sort ou qui le seront surtout, dans ces pays où la couverture sanitaire est orientée vers les nantis.

Le covid 19, pousse inévitablement à penser l’anthropologie de la  mort que le philosophe ne peut occulter. Le virus va-t-il sélectionner les gens, va t’il tuer ceux qui sont anormalement vus comme des poids sociaux «les vieux, les malades, alors qu’ils ont par le travail participé au progrès de ce monde ou sont victimes de la marche du monde/économie.

Il ne peut en être autrement, tous les pays sont des voisins et des partenaires contraints et se faisant on voit la peine des uns qui voient le spectacle désolant qui paralyse les autres.

Cette technologie qui a donné, tant de promesse à l’Homme, en favorisant l’unité du monde est celle qui peut la détruire et l’actualité nous le démontre chaque jour.

Faut-il se résigner malgré tout ?

Le monde devait être transformé pour une cité juste équilibrée, rationnelle, mais voici que les excès, déroutent les intentions et somment les humains à s’arrêter  pour se re-penser.

Le covid-19 a mis par terre l’humanité et surtout a brisé la prétention de certains pays à démontrer leur puissance et leur hégémonie.

Disons-le, les leaderships sont revus, les USA ont démontré leur impuissance et la fragilité de leur système de  santé.

Idem pour la plupart des grandes  puissances, ce virus nous apprend aussi que les leaders ne sont plus crédibles et ne se rendent pas compte de la réalité (Bush, Johnson, Bolsonaro, etc) et ce sont les citoyens qui décideront de leur sort, en s’imposant des règles barrières qui endiguent la propagation de la maladie.

Comme la chute des idéologies  dominantes, les petits pays ont une occasion de se  liguer encore, pour faire face aux défis futurs qui seront de plus en plus envahissants et seul il sera impossible de réaction efficace.

L’avenir est aux grands ensembles et le  covid-19  nous le  fait voir tous les jours.

Le monde est le théâtre de la pensée permanente, le philosophe en voyant l’irruption du covid-19, comprend que le binome construction globale et destruction globale sont toujours à l’œuvre comme une  dialectique dynamique.

Il faut alors entrer, au creux de l’action et inviter à la raison gardée et cette insociable sociabilité de l’homme doit être neutralisée par une certaine mentalité élargie, qui indique que chacun doit s’efforcer de penser, comme s’il était à  la place de  l’autre (altérité).

Cette capacité d’être à la place de l’autre exige une accumulation maîtrisée du savoir qui  autorise le conseil.

Est-ce parce que nous sommes démunis que nous ne devons pas accéder aux soins, est-ce que les bailleurs de fonds doivent dire nos  priorités, à quoi  bon avoir des intellectuels éduqués, si  on ne les écoute pas ?

En  raison du contexte de la propagation du virus dans divers pays, ceux qui ne sont pas encore touchés à grande échelle, doivent anticiper en se préparant pour limiter les  conséquences.

Comme le joueur d’échec, qui pense au prochain coup, le philosophe analyse et incite à la prudence et à une certaine préparation psychologique mais aussi matérielle.

Cette anticipation,  indique notre  présence au monde et notre rapport au temps pour ne pas subir.

Prévision, prédiction, pronostic, diagnostic, scénario, autant de concepts que le philosophe se doit de manipuler pour conseiller, le  prince sur la nécessité prendre en compte l’action efficace dans le futur.

Les bigs datas et autres NTICS sont utilisés, pour affiner cette anticipation et le philosophe va en l’occurrence, regarder et penser la finalité éthique.

On voit que l’anticipation est un  souci de l’avenir et que le présent étant déconstruit modifié, il faut se préparer pour un meilleur monde.

L’humanité, les philosophes et autres penseurs doivent réfléchir l’après crise, les espaces du future, les modes de vie de demain, les rapports sociaux sans aliénation et domination, utopie certes mais les écolos villages sont entrain d’initier de tels projets visibles.

Un monde de paix et de partage ; un monde équilibré.

Aussi le virus nous demande de ralentir, non pas de réfuter le progrès, la science, la technologie, et autres biens mais d’écouter la nature de faire avec la nature.

Il est temps pour le philosophe d’inciter à la ré-flexion  sur soi en ces temps compliqués, mais aussi à la  réflexion sur le monde qui  remodèle les relations humaines.

Le progrès n’est pas un retour en arrière, mais, revoir comment l’humanité doit avancer de façon de plus Ethique.

Avant, maintenant et après, il faut tout repenser pour le meilleur de l’Homme sur terre au cœur de son environnement.  C’est de façon holistique qu’il faut écouter et entendre les cris ou affects qui  veulent clouer la marche de l’humanité.

Nous ne devons plus laisser à la science/technique, la gestion de notre avenir ou existence, il faut intégrer l’humain avant, pendant et après.

Et Goethe /Faust de dire «J’ouvre des espaces à des millions d’hommes pour quils y viennent habiternon dans la sécuritésans doute, mais dans la libre activité de l’existence»

Cette existence doit rappeler le livre qui vaille la peine de lire celui de Robinson Crusoé, seul récit d’un récit sur soi, à la nature, aux autres même en leur absence et à Dieu. L’homme ne restera  jamais tranquille et le philosophe aussi, oscillant entre l’illusion de l’achevé et le vertige de l’insaisissable alors il faudra se frayer un chemin pour trouver un horizon possible et meilleur.

Pape Bakary CISSOKO – franco-sénégalais-Paris-Philosophe et formateur interculturel

Bibliographie sommaire  

Arendt Hannah, corpus, vidéo, livres, etc

Berdin V et Dornier J F  Violence-s  et société aujourd’hui, sciences humaines 20

Cassin Etienne, le trésor perdu, Hannah Arendt, l’intelligence de l’action politique, ed Vrin

Campi Alessandro, Machiavel et les conjurations politiques, l harmattan  2017

Descartes René Discours de la méthode, coll10-18,1951

Robert Damien, le conseiller du Prince, de Machiavel à nos jours, Puf, 2003

Deneault Alain, la médiocrité, ed Luc éditeurs ,2015

Dortiet Jean Francois, de Socrate à Foucault, les philosophes

au banc de l’essai, ed Sciences humaines   2018

Attal Michel, du bien et de la crise, l’harmattan,2016

Gaudet  Pascal, Qu’est-ce que  la philosophie ? Recherche kantienne   l’harmattan, 2016

Mignot Bruno  les perceptions, ce monde méconnu des décideurs, B l’harmattan 2019

Mbembe Achille, Sortir de la grande nuit, essai sur l’Afrique décolonisée   ed ladécouverte, 2013

Samb Djibril ; Corpus

 

Sy alpha Amadou, les élections présidentielles au Sénégal de mars 2012,l’harmattan, 2013

Tété GodwinPour une transformation politique en Afrique,l’harmattan,2019

Yahot Christophe, Oser la tradition dans la modernité, une  nouvelle voie pour l’Afrique   lharmattan2019