Voici un ouvrage d’autorité qui disait et voyait ce qui allait ad-venir ou nous arriver. L’auteur faisait de l’anticipation ou de la prospective. PBC
Résumé :
Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu’à la mort qu’il s’est choisie, une seule règle. Celle-là même qu’il résume dans l’Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle
« Il faut lire ce livre en considérant qu’il a été sciemment écrit dans l’intention de nuire à la société spectaculaire. Il n’a jamais rien dit d’outrancier. »
In wikipedia
« La Société du spectacle est un essai de Guy Debord publié initialement le 14 novembre 1967 chez Buchet-Chastel. Le livre connut un fort retentissement après les événements de Mai 68.
L’ouvrage est composé de 221 « thèses » et subdivisé en neuf chapitres comme suit :
- I. « la séparation achevée »
- II. « la marchandise comme spectacle »
- III. « unité et division dans l’apparence »
- IV. « le prolétariat comme sujet et comme représentation »
- V. « temps et histoire »
- VI. « le temps spectaculaire »
- VII. « L’aménagement du territoire »
- VIII. « la négation et la consommation dans la culture »
- IX. « l’idéologie matérialisée »
Le livre est agencé comme un essai politique et vise à exposer son sujet de manière assertive. En effet, Debord ne cherche pas à démontrer ni même à convaincre, mais à montrer. Il rejoint ainsi la conception de Marx en disant que la philosophie doit trouver sa réalisation et non plus sa discussion1. L’auteur prolonge dans cet essai la critique du fétichisme de la marchandise que Marx développe en 1867 dans Le Capital, elle-même un prolongement de la théorie de l’aliénation exposée par Marx dans ses Manuscrits de 1844. L’originalité de la réflexion de Debord consiste à décrire l’avance contemporaine du capitalisme sur la vie de tous les jours, c’est-à-dire dans son emprise sur le monde « à travers » la marchandise. Cette filiation s’exprime par un certain nombre de « clins d’œil » ou de reprises, dont la première phrase du livre est l’annonce. En effet, la phrase d’ouverture de la Société du Spectacle est un détournement2 de la phrase d’ouverture du Capital de Karl Marx :
« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises. »
— (première phrase dans le livre de Marx)
« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. »
Philosovite : Résumé des concepts et livres de philosophie
Résumé de « La société du spectacle » de Guy Debord : Une critique de la société de consommation moderne
Introduction
« La société du spectacle » est un ouvrage majeur du philosophe français Guy Debord, publié pour la première fois en 1967. Debord, membre influent de l’Internationale situationniste, développe dans ce livre une critique radicale de la société de consommation moderne, qu’il décrit comme une « société du spectacle ».
La société du spectacle
Le concept central de « La société du spectacle » est l’idée que la vie authentique dans nos sociétés modernes est remplacée par sa représentation : le spectacle. Le spectacle n’est pas une collection d’images, mais une relation sociale entre les personnes, médiatisée par des images. Il est le produit de l’économie moderne qui ne cesse de se développer pour son propre bien.
La critique de la marchandise
Debord critique l’omniprésence de la marchandise dans la société moderne. Il soutient que la marchandise a acquis une telle importance qu’elle est devenue l’image dominante de notre époque. La marchandise est devenue le moyen par lequel les relations sociales sont maintenant exprimées, et la consommation de marchandises est devenue une forme d’interaction sociale.
Le spectacle comme faux-semblant
Debord soutient que le spectacle est une « fausse conscience », un faux-semblant qui masque la réalité des relations sociales de production et de consommation. Le spectacle est une illusion qui détourne les individus de la réalité de leur exploitation économique et sociale.
La passivité du spectateur
Debord critique également la passivité du spectateur face au spectacle. Le spectateur est réduit à un rôle passif, un simple consommateur d’images. Il est aliéné de sa propre vie et de ses propres désirs, qui sont remplacés par les désirs créés par le spectacle.
La critique de la séparation
Debord critique la séparation comme un phénomène central de la société du spectacle. La séparation est un moyen par lequel le spectacle maintient son pouvoir, en isolant les individus les uns des autres et en les empêchant de se rassembler pour contester le statu quo.
Conclusion
« La société du spectacle » est une critique radicale de la société de consommation moderne. Debord y dépeint une société dans laquelle la vie authentique a été remplacée par sa représentation, le spectacle, et où les individus sont réduits à des spectateurs passifs. Il appelle à une révolution qui renverserait cette société du spectacle et rétablirait la vie authentique.
Un commentaire expert
«
Enroute
01 décembre 2016
La société du spectacle est la société où les rapports entre les individus sont médiatisés et mis en scène par des images, des représentations distantes. Le spectacle crée une réalité factice qui, à son tour, influence la réalité des individus. Le monde est inversé : le vrai est dans le spectacle.
En conséquence, les individus contemplent des événements qu’ils ne vivent pas, ce qui accroit leur éloignement, leur passivité et leur addiction au spectacle. Tout devient apparence, représentation, superficialité. L’individu est réifié, la marchandise est humanisée. Car la société du spectacle n’a d’autre but que la distribution des produits en série de notre économie moderne. Le spectacle dirige l’emploi du temps des spectateurs. Il entretient le rêve de sommeil (de passivité) des spectateurs, il s’appuie sur cette passivité et la renforce, par une réalité rêvée, à la fois banale et inaccessible car factice. La société du spectacle n’existe que par la prise en charge d’une partie de la société de la vie de l’autre, par la scission des groupes humains en deux, ceux qui organisent et les spectateurs.
Elle se forme sur la reconstruction du temps collectif. Le même temps, à l’échelle de la planète, uniformise le spectacle et les emplois du temps, abolit le temps. Il devient irréel, abstrait, comme les images qui se développent dans un éternel présent. La mort disparaît des représentations, car elle impose une vision linéaire et finie du temps. Le spectacle reproduit les temps cycliques éternels des temps anciens (avant le catholocisme qui a imposé une vision linéaire par la notion de fin des temps). Ceux-ci montraient le temps comme un éternel recommencement par le cycle des saisons. Autrefois, ce temps cyclique était lié à une réalité économique, le travail de la terre. De même aujourd’hui, la société du spectacle est liée à la réalité économique de la production. Des marchandises standards produites en série sur toute la planète et en permanence appellent un emploi du temps universel et des cycles de temps basés sur la production.
De même que le système de production éloigne le travailleur de son produit fini (chaînes de montage, services, agriculture), la société du spectacle éloigne le consommateur du produit mis en scène dans la réalité factice. L’illusion est faite que le produit n’a pas été fabriqué, qu’il « est » par lui-même.
Tout est monotone dans la société du spectacle car la fête est permanente. Pour créer un niveau supérieur de rêve, il est nécessaire de faire jouer les fantasmes : les vacances au soleil sont présentées comme le seul moment de vérité de la vie, ce n’est qu’une réalité encore plus spectaculaire, plus éloignée, plus mise en scène, plus factice. L’individu est noyé et réifié, la marchandise divinisée. La société du spectacle est le triomphe du capitalisme bourgeois. Le capital est devenu image. Tout est assimilé et changé en spectacle, jusqu’à la culture, le temps, l’homme.
Pour en sortir, inutile de chercher à l’affronter ou à la décrédibiliser, la société du spectacle se nourrit des forces contraires qui la renforcent. Une seule solution : le détournement, la dérision, la réinterprétation par le ridicule des thèses et des idées qu’elle véhicule sans cesse. Ce sont les méthodes qui permettent de mettre à bas les idéologies, catégorie dans laquelle se range la société du spectacle. Elle organise l’aliénation et la prolétarisation du monde.
Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 28/12/1931
Mort(e) à : Bellevue-la-Montagne , le 30/11/1994
Biographie :
Guy Debord est un écrivain, théoricien, cinéaste, poète et révolutionnaire français.
Après avoir passé son baccalauréat en 1951 à Cannes, il s’intéresse au « lettrisme », qu’il considère comme le seul mouvement d’avant-garde subversif de l’Après-Guerre, héritier du dadaïsme. Mais il rompt rapidement avec les « lettristes », en 1952, et fonde une « Internationale lettriste », dont le but est de rompre avec un art en décomposition pour que la poésie puisse investir la vie, à travers des situations vécues.
Après la création de la revue L’Internationale lettriste, il fonde la revue « Potlatch » qui commence à paraître en 1954. De 1954 à 1957, son Bulletin d’information « Potlatch » expose l’essentiel des idées que l’on trouvera quelques années plus tard chez les situationnistes.
Guy Debord est à l’origine, en 1958, de la création de l' »Internationale Situationniste » (IS) dont il est le principal animateur.
En 1967, Guy Debord publie son principal ouvrage, la « Société du spectacle » (1967) dans lequel il montre comment le consumérisme est le signe du début de la marchandisation des valeurs et que la société ne peut plus être décrite que comme une représentation. C’est lui qui a conceptualisé la notion sociopolitique de « spectacle », développée dans son œuvre.
Après le succès des idées du situationnisme pendant les évènements de mai 1968, qui lui donnent ses lettres de noblesse, Guy Debord préfère dissoudre l’International Situationniste en 1972, pour ne pas en perdre le contrôle et parce qu’elle a « fait son temps ».
Dans les années 1980, il s’attelle à un nouveau projet de dictionnaire encore inédit à ce jour et rédige quelques textes pour la revue post-situationniste l’Encyclopédie des Nuisances.
Gros buveur depuis ses jeunes années, il est atteint d’une polynévrite alcoolique remarquée à l’automne 90. Prenant les devants face à cette maladie incurable, il se donne la mort.
Le 5 mars 1984 , son ami Gérard Lebovici vient d’être assassiné ( affaire non résolue à ce jour ) . La justice et les médias se déchainent contre Debord , allant jusqu’à l’accuser du meurtre . Ayant intenté quelques procès en diffamation contre ces journaleux , il les gagne tous puis publie » Considérations sur l’assassinat de Gérard Lebovici » sorti en 1985