La complexité du vivant redécouverte- François-Michel MAUGIS–La Réunion-Économiste, écrivain, philosophe et conférencier.

Bravo Monsieur Paulus, dans ce courrier du 28 janvier 2019 (publié par le journal réunionnais « Le Quotidien »), vous avez mis le doigt sur la pierre angulaire de notre humanité. Ce n’est pas rien. On se demande d’ailleurs pourquoi cette vérité scientifique a mis si longtemps à émerger. Les rites, les coutumes, les complexes d’infériorité ou de supériorité des humains, les croyances, les religions, le blocage des connaissances du au mandarinat ou à des intérêts économiques ? Que d’obstacles à la connaissance, que de passerelles royales vers l’ignorance !

Derrière les découvertes de Francisco VARELA, Roger SPERRY, LABORIT, JUNG, etc, il y a ce fameux élan vital qui, en définitive, est à l’origine de tout. Pourquoi les feuilles se tournent toujours vers la lumière ? Pourquoi la timide orchidée déploie tant d’imagination pour attirer le polinisateur, qu’est-ce qui donne à l’homme l’énergie du désespoir quand sa vie est en danger, quel mystère, quel miracle explique que la forêt assoiffée envoie dans l’atmosphère des molécules pour faire tomber la pluie ?

Et, comment expliquer l’évolution du vivant qui s’est exprimé magistralement sur notre planète en partant d’une soupe primitive d’êtres unicellulaires pour aboutir à la splendide biodiversité terrestre ? En chaque être vivant, il y a le squelette, le corps, la mécanique,  le « hard » comme on dit aujourd’hui mais il y a aussi le « soft » plus difficile à définir : est-ce le cerveau, l’âme ou autre chose ? (Pour les Africains, les arbres aussi ont une âme). On ne sait toujours pas.

Ce que l’on devine cependant, en observant l’histoire du vivant, c’est qu’une force, une énergie ahurissante a poussé la cellule initiale, insignifiante, toute petite, à devenir quelque millions d’années plus tard, une baleine, un séquoia, un éléphant, un baobab, un panda, une rose porcelaine, un papillon, une plante carnivore, un humain, etc. Au tréfonds des êtres vivants, est-ce le génome qui s’exprime, chatouillé par je ne sais quelles influences de son hôte ou de l’environnement, on ne sait. Mais aujourd’hui, une chose est sûre, notre mécanique n’est pas figée pour l’éternité et le vivant n’a pas fini de vivre. L’énergie de nos enfants que nous avons trop souvent tendance à brider en est une manifestation éclatante. Faire confiance à la nature et la prendre pour modèle sera sans-doute le grand défi des années futures.

François-Michel MAUGIS – La Réunion Économiste, écrivain, philosophe et conférencier.

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