En Chine il ne faudrait pas que l’épidémie de coronavirus soit l’arbre qui masque la forêt et facilite par le régime chinois la dissimulation d’un autre phénomène extrêmement grave, je veux parler du nettoyage ethnique auquel se livre les autorités sur la minorité musulmane à savoir les Ouïgours.
Cela fait en effet près de huit ans qu’une répression impitoyable s’est abattue sur ce peuple et on estime que plus d’un million de Ouïgours sont aujourd’hui incarcérés dans plusieurs centaines de camps de travail (on parle de 500) afin d’être rééduqués.
Rééduqués de quoi, de lire le Coran, d’adorer Allah ? Selon un rapport officiel chinois de quelques 400 pages c’est bien une planification méticuleuse et systématique qui a été entreprise sous les ordres de Xi Jiping considérant qu’il s’agit avant tout d’une « lutte contre le terrorisme, l’infiltration et le séparatisme » ajoutant même qu’il convient d’utiliser « tous les organes de la dictature et à ne montrer aucune pitié ». Résultat, on ne compte plus les arrestations, les cas de torture, les enlèvements, les séparations d’enfant avec leurs familles, les stérilisations de femmes.
Derrière toutes cette répression implacable se cache une volonté, celle d’écraser et de faire disparaître les Ouïgours et de faire régner l’ordre communiste au Xinjiang, la plus vaste province du pays, un sixième du territoire à elle seule. Une province qui compte quelques 22 millions d’habitants dont 41% de Ouïgours.
Au-delà de cette volonté d’élimination de croyants musulmans l’action des autorités de Pékin vise aussi à protéger la position stratégique d’une région qui présente huit frontières avec ses voisins : La Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde.
J’en appelle solennellement à la raison les autorités chinoises afin qu’elle cesse cette chasse aux sorcières dans le Xinjiang pour des motifs fallacieux et j’en appelle aussi à la communauté internationale pour qu’elle assure la protection de cette communauté musulmane laissée à elle-même et oubliée de l’opinion publique. Car c’est sa survie qui se joue aujourd’hui et c’est un peuple qu’on assassine dans la plus grande indifférence.
Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir