Honorable Guy Marius Sagna, n’interprète pas les propos du Fmi sur la dette «cachée», et focus sur le 2 avril !

Depuis que notre pays est indépendant, du Président Senghor au Président Dioma-ye, en passant par les presidents Diouf et Sall, c’est la 1ère fois que nous avons des dirigeants qui incarnent tout sauf leurs fonctions.

Chaque jour que Dieu fait, au lieu d’essayer de trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais, ils nous créent de faux débats pour nous divertir, afin de nous cacher leurs carences.

Dans une semaine, les députés de Pastef vont amener leur proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie en plénière, et c’est sur ça que tous les esprits sont braqués.

La volonté de Pastef d’aller vers une forfaiture indigne de parlementaires du 21ème siècle foule aux pieds les lois et règlements qu’ils sont censés protéger.
Pastef, en prétextant interpréter une loi qui a profité à ses responsables et militants, la modifie en y introduisant de nouvelles clauses.

Les juristes et les républicains assistent sans réagir à cette violation flagrante des normes élémentaires en matière legislative.

M. Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Gaston Berger, invité de Oumar Gningue dans Point de vue du dimanche dernier, a clairement montré que la proposition de loi de Pastef n’est pas interprétative.

M. Senghane Senghor, juriste, militant des droits de l’Homme, qui a écrit une lettre ouverte au président de la République, lettre publiée par Le Quotidien du mercredi 26 mars, s’est arrêté sur la proposition de loi pour dire ceci : «En doctrine, la loi interprétative a pour but de préciser la signification d’une loi antérieure obscure et qui, de ce fait, fait corps avec elle. Elle rétroagit au jour de la publication de la loi interprétée. Cette loi portée par votre majorité n’est interprétative que de nom, mais elle est une loi de redressement. Je pense d’ailleurs que le Conseil constitutionnel ne peut que la censurer.»

En lisant ces écrits, je nourris un espoir que son souhait soit exaucé.
A part ces 2 réactions, je n’ai pas vu d’autres intellectuels de renommée se démarquer de cette fausse loi imposée par la force d’Etat.

Où sont les autres membres du comité des universitaires pour la démocratie, qui s’étaient opposés à la loi d’amnistie ?

Si les rôles étaient inversés et que c’était l’ancienne majorité qui voulait introduire une telle proposition de loi en l’appelant loi interpretative, comment l’opposition d’antan, devenue aujourd’hui majorité, allait réagir ? Et combien d’intellectuels se lèveraient pour dénoncer ? Où est l’éthique dans tout ça ?
On avait clairement averti en insistant sur le danger qui consistait à donner la majorité parlementaire à l’Exécutif.

En lisant le texte du journaliste Sakho dans Le Quotidien du mercredi 26 mars, avec les comparaisons faites entre, d’une part, les 2 moutures de Amadou Bâ et, d’autre part, la dernière et la loi d’amnistie, on constate aisément  que cette dernière a été modifiée, et non interprétée. Ce qui est inacceptable.

«Prévu le 2 avril, le vote de la loi interprétative de la loi d’amnistie continue à charrier des protestations avec l’enchaînement des appels à manifester le jour-j pour faire retirer cette proposition de loi interprétative.» J’ai cité le journaliste Sakho, qui a ainsi conclu son texte.

C’est là que nous en sommes, et les Sénégalais continuent à exiger le retrait de la proposition de loi. A défaut, ils s’y opposeront par les moyens dont ils disposent.

C’est dans un tel contexte que l’honorable député Guy Marius Sagna, hâbleur par excellence, vient nous divertir pour détourner notre attention.

Nous répondrons à ses diatribes tout en restant focus sur le 2 avril.
Guy Marius Sagna réclame que l’ancien Président du Sénégal, Macky Sall, soit jugé pour haute trahison, après la confirmation, par le Fonds monétaire international (Fmi), de la dette cachée entre 2019 et 2024 sous son règne.

Si on situe cela dans le temps, on peut dire qu’il avait besoin de l’aval du Fmi pour faire sa réclamation. Mais que dit le Fmi ? «Le prêt ne pourra reprendre qu’une fois que les autorités sénégalaises auront identifié quels mécanismes ont permis de dissimuler la réalité de la dette.» Je m’arrête à cette première exigence du Fmi qui m’intéresse le plus dans mon raisonnement, bien qu’il y ait une deuxième exigence connue de tous.

Si jusqu’à présent ceux qui parlent de dette cachée n’ont pas encore identifié les mécanismes ayant permis de dissimuler la réalité de la dette, on peut se permettre de s’interroger sur la véracité de telles accusations. Ce qui nous amène à revisiter les réponses de l’accusé, en l’occurrence le Président Macky Sall qui, dans un entretien avec Jeune Afrique dont nous avons tous souvenance, a dit ceci :
«La dette extérieure ne peut être minorée, c’est de la dette multilatérale ou bilatérale. Il est impossible de la dissimuler car les transactions transitent par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).»

Depuis que le Président Macky Sall a dit ceci, je n’ai entendu aucune de nos autorités réagir pour le contredire. Le Fmi non plus ne l’a pas contredit. Donc venir dire que le Fmi vient confirmer la dette cachée est pur mensonge, même si la correspondante de Rfi à Dakar a utilisé ce terme.

S’il y a quelque chose que le Fmi a confirmé, c’est plutôt la suspension de la dette, en attendant que ses exigences soient satisfaites.

Il faut maintenant être un hâbleur de la dimension de Guy Marius Sagna et vouloir lancer des contrefeux pour s’appuyer sur ça et dire que «Macky Sall et ses complices doivent être jugés pour haute trahison».

Propos ridicules qui feront rire d’étonnement le Président Macky Sall qui avait clairement dit qu’il n’a peur de rien et qu’ils peuvent poursuivre s’ils veulent, que rien ne l’empêche d’aller au Sénégal, et qu’il n’exclut pas d’y retourner.

Il soutient avoir laissé un pays en paix, avoir proposé une loi d’amnistie qui a permis à ceux qui étaient en prison de sortir. «Nous sommes allés aux élections de manière apaisée. Ils ont gagné. Ils n’ont qu’à travailler au lieu de critiquer ce qui a été fait ces douze dernières années.»

Ces propos restent actuels et sonnent mal dans les oreilles de celles et ceux qui ont l’ancien chef d’Etat comme cauchemar en le voyant chaque jour briller sur la scène internationale, au moment où l’avion présidentiel, après ses nombreux voyages non rentables, est déclaré en panne.

Je ne saurais terminer sans remercier et féliciter les différentes délégations du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr), qui ont rendu visite à plusieurs autorités religieuses pour partager avec eux leur lecture de la situation de notre pays. Ces visites se poursuivront pour toucher le maximum de Forces vives de la Nation afin qu’ensemble elles puissent peser pour la paix, la concorde et le bien-être de toutes nos communautés.

Pour le retrait de la proposition de loi et tous devant les grilles de l’Assemblée nationale le 2 avril !
Idrissa SYLLA 
New York 
Membre du CC du PIT-Sénégal 
idrissasylla902@gmail.com