GUY MARIUS SAGNA, LE COL BLEU DE L’HÉMICYCLE

L’Assemblée reste un espace verrouillé par les logiques de classe. Le président du parlement, passé par Eramet, incarne à lui seul le compromis historique entre l’élite locale et les intérêts étrangers

Il détonne dans l’Assemblée nationale. Sa voix, son langage, sa trajectoire. Il est l’un des rares à avoir arraché son siège non dans les salons du leader ou les alliances d’intérêt, mais dans les rues, sur les pavés de la lutte sociale. Guy Marius Sagna n’a pas grandi dans les bureaux climatisés des grandes entreprises ou administrations, ni dans les antichambres feutrées du pouvoir. Il vient du bitume, des grèves, des rassemblements populaires. Col bleu dans un hémicycle dominé par les cols blancs, il incarne une fracture sociale et politique assumée.

Depuis son entrée au Parlement, le député Guy Marius Sagna porte haut le drapeau de la rupture. Il est de ceux qui n’ont pas oublié le sens du mot « souveraineté ». Il est surtout l’un des rares à ne pas céder à la logique du confort parlementaire. Mais cette intransigeance dérange. Profondément.

 

La Françafrique, toujours debout

Car le pouvoir qu’il combat n’a pas disparu. Il a simplement changé de visage. La Françafrique n’est plus seulement une affaire de barbouzes et d’élections truquées. Elle est devenue sous Macky Sall, une matrice économique et institutionnelle. Elle est le Train Express Régional (TER) surfacturé à plus de 1000 milliards de francs CFA au profit d’Alstom. Elle est l’autoroute à péage gérée par Eiffage, financée par les Sénégalais mais captée par une entreprise française. Elle est Orange, Free et Suez, qui contrôlent nos télécoms et notre eau. Elle est aujourd’hui Eramet, cette multinationale française qui exploite notre zircon, précarise nos travailleurs, et bénéficie d’un silence complice dans les hautes sphères.

C’est justement en demandant une enquête parlementaire sur Eramet que Guy Marius Sagna a franchi la ligne rouge.

 

L’hémicycle comme bastion des cols blancs

L’Assemblée, loin d’être un sanctuaire de représentativité populaire, reste un espace verrouillé par les logiques de classe. À sa tête, un président qui, malgré ses compétences reconnues, reste un pur produit de l’ordre économique dominant — un ancien cadre d’Eramet, justement. Un homme de « bon esprit d’entreprise », comme on dit dans les milieux d’affaires. Un col blanc.

Guy Marius Sagna ne joue pas ce jeu. Il refuse la compromission. Il rappelle à ses collègues que les pratiques de l’ancien régime doivent disparaître si l’on veut vraiment incarner la rupture.

Par cette déclaration, Guy Marius renvoie ses collègues à leurs contradictions : on ne peut pas prétendre porter la rupture tout en reproduisant les avantages de caste. On ne peut pas parler d’austérité pour le peuple tout en s’octroyant des privilèges sans contrôle.

 

La fracture de classe au sein de l’institution

Il ne s’agit plus simplement d’un désaccord politique. Il s’agit d’un affrontement de classes en plein Parlement. Les cols blancs – souvent issus des hautes sphères administratives néocoloniales ou parachuté par dévotion opportuniste au chef – protègent leurs avantages. Guy Marius, lui, porte les exigences populaires : transparence, justice sociale, fin des gaspillages.

Il ne demande pas seulement des comptes. Il demande un autre rapport au pouvoir, à l’argent public, à la fonction de député. Et cela est plus subversif que tous les discours enflammés.

 

Un député qui met à nu le système

Le président de l’Assemblée nationale, passé par Eramet, incarne à lui seul le compromis historique entre l’élite locale et les intérêts étrangers. Un homme qui parle le langage de l’efficacité et de la bonne gestion, mais dans un cadre hérité de la Françafrique.

Face à cela, Guy Marius Sagna oppose la politique de la reddition des comptes, la rigueur morale, et la loyauté au projet de transformation populaire.

L’acharnement des cols blancs contre la déclaration de Guy Marius Sagna est révélateur. Il met à nu le fossé entre la parole de rupture et les pratiques de rente. Il montre que certains veulent gouverner autrement, pendant que d’autres veulent continuer à profiter du système, mais avec de nouveaux visages.

Guy Marius, lui, ne veut pas « profiter ». Il veut transformer. Et c’est bien pour cela qu’il est combattu. Parce que les privilèges des cols blancs ne résistent jamais longtemps à la vérité des cols bleus.