Depuis quelques semaines Boris Johnson occupe la prestigieuse adresse du 10 Downing Street, la résidence des Premiers ministres britanniques après avoir un temps occupé le fauteuil de Maire de Londres. Le personne est fantasque, iconoclaste, bravache mais on aurait tort de ne voir que cela d’une personnalité autrement plus complexe. Et le G7 qui se tient se week-end à Biarritz va sans doute en faire la démonstration.
On compare souvent l’ébouriffé nouveau Premier ministre à Donald Trump or il n’ont sans doute en commun que cette coiffure indisciplinée qui vole au vent pour l’un et gominée pour l’autre. Sorti de là, tout les différencie. Autant Donal Trump, chef d’entreprise qui a réussi, passe pour être inculte, autant Boris Johnson est un pur produit des plus prestigieuses écoles anglaises d’Eton et d’Oxford. Son côté punk qui lui donne un air des Sex Pistols cache, au-delà d’un aspect sans-gêne, un être redoutable politiquement. Subversif, adepte du clash et de la version dure du Brexit (jusqu’au No Deal) Boris Johnson avant d’être un homme politique à commencé par être journaliste dans les grands quotidiens britanniques.
Député, secrétaire d’Etat, maire de Londres …
Membre du parti conservateur, dont il est devenu le chef, il a été élu député pour la première fois en 2001 avant d’être réélu en 2005 puis en 2015 et 2017. Entre-temps il a été maire de Londres de 2008 à 2016, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth de 2016 à 2018 et depuis le 24 juillet il a succédé à Theresa May . On est très loin d’un Trump qui avant son élection à l’investiture suprême américaine était éloigné des arènes politiques et n’avait que peu d’intérêt pour la chose publique.
La Grande-Bretagne cheval de Troie des Etats-Unis
Les deux hommes sont donc très différents et on dit d’ailleurs qu’ils ne s’entendent pas très bien. En revanche ils sauront sans doute taire leurs divergences sur le dos de l’Europe car pour Trump, Boris Johnson est le cheval de Troie européen et le Brexit l’arme de guerre qu’il voudrait bien voir détruire l’Europe. Le risque était réel il y a encore quelques temps que le vieux continent ne se disloque avec le départ de la Grande-Bretagne mais les partenaires européens ont sur resserrer les rangs et aujourd’hui cette inquiétude s’est éloignée même si quelques dirigeants populistes, italiens et hongrois notamment ne se montrent pas toujours solidaires de leurs partenaires.
Entre les tweets de Donald et les blagues de Boris
Ce week-end, au-delà de Trump, du cirque et du mystère qui accompagnent traditionnellement ses déplacements (Air Force One, Secret service, etc.) l’intérêt va surtout se focaliser sur cette personnalité excentrique, adepte des gaffes et provocations (son slogan de campagne en 2004 était ainsi : Si vous votez Tory, votre femme aura de plus gros seins et vous augmenterez vos chances d’avoir une BMW). Ses traits d’humour vont une nouvelle fois susciter la curiosité des participants au G7 en premier et de l’opinion publique mondiale ensuite.
« Les djihadistes, des branleurs ! »
On va guetter ses lapsus, ses turpitudes se souvenant de ce qu’il avait déclaré à propos des djihadistes : « Ce sont des branleurs qui pratiquent la masturbation intensive » et il serait surprenant que nous soyons déçus car celui pour lequel il s’agira de la première sortie internationale en tant que nouveau Premier ministre britannique mérite bien son surnom de « Boris le Bouffon ». On ne va pas s’ennuyer à Biarritz ce week-end, souhaitons toutefois que les facéties de nos deux clowns Donald et Boris n’occultent pas les grands dossiers de l’heure : Les inégalités sociales, le réchauffement climatique, le problème du nucléaire iranien, la situation en Syrie et ces gigantesques feux de forêt en Amazonie. Les représentants des sept plus grandes puissances économiques occidentales ont une chance de peser sur le sort de la planète, qu’ils ne la gâche pas.
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono