Nous glissons à nouveau vers une vieille pratique : convoquer un dialogue pour mieux entériner des décisions déjà arrêtées, tout en feignant d’arbitrer des désaccords.
Le dialogue sur la réforme de la justice en a été la preuve. Plutôt que d’honorer l’engagement de sortir le président du Conseil supérieur de la magistrature, on a organisé un écran de fumée.
Ce pays n’a pas besoin de manœuvres. Il a besoin de clarté, de courage et d’actes forts.
Le programme Diomaye Président parlait d’une réforme profonde des institutions : suppression du poste de Premier ministre, création d’un vice-président, limitation des pouvoirs du chef de l’État. Une ligne claire, validée par les urnes.
Mais depuis l’élection, les signaux sont brouillés. Le Président parle désormais d’un Premier ministre “super fort”. Celui qu’il voulait supprimer devient soudain indispensable.
C’est un revirement. Plus encore, c’est une rupture avec l’esprit du programme validé par leurs électeurs puisque ce poste était identifié comme un levier de l’hyperprésidentialisme car entre les mains du président qui nomme et dirige.
Cela pose de vraies questions : peut-on, sans gêner l’équilibre du pouvoir exécutif, renforcer un Premier ministre sans affaiblir un Président ? Comment concilier un premier ministre renforcé avec un Président qui ne veut ni tout contrôler ni s’effacer ?
Pire encore dans le cafouillage : pendant qu’on prépare un dialogue sur le système politique, le Premier ministre affirme que « le pays n’a pas de problème politique” et que «le système est l’un des plus solides ». Pourtant, leur propre programme parlait d’une “crise sans précédent des institutions”.
Et voilà que, quelques mois plus tard avant même que des réformes ne soient appliquées, les mots sont gommés, les constats effacés.
Alors que cherche-t-on vraiment ? À refonder le système ou à réaménager les équilibres au sommet ?
Si la volonté est sincère, il n’y a que deux chemins à emprunter : 1- Le référendum, pour que le peuple décide directement
2- L’application fidèle du programme présidentiel légitimé par le suffrage universel.
Tout le reste n’est que mise en scène. Un dialogue de façade. Du nakhanté institutionnel.
Qu’ils tranchent et épargnent aux Sénégalais un faux dialogue où les promesses se dissipent et les responsabilités s’éclipsent.
Les vraies urgences sont ailleurs.
Thierno Bocoum
Président AGIR