De Temps en temps de Bruno Angles-Polytechnicien et ingénieur des Ponts-et-Chaussées

«La réflexion sur le temps est un moment important pour comprendre que nous sommes dans le temps, l’uchronie est une utopie ». Pape CISSOKO

Qu’est-ce que le temps ?

Quelle est sa nature ?

Quels sont ses pouvoirs ?

Comment bien l’allouer pour en faire le meilleur usage ?
Telles sont les questions que Bruno Angles aborde dans cet essai profond et tonique où sont convoqués la science, les arts et la philosophie, mais aussi le sport, le cinéma et, surtout, la vie quotidienne, en famille, au travail, en société.

De cette ressource rare et précieuse, nous disposons comme bon nous semble, avec plus ou moins de bonheur, jusqu’au jour où il s’arrête. Nous croyons le tenir dans nos mains et nous finissons par nous remettre dans les siennes ; nous ne cessons de le poursuivre et il ne cesse de nous dérouter. Aussi ce livre est-il l’occasion d’en suspendre un instant le cours et de le contempler, de l’interroger, de l’appréhender dans tous ses états, sous toutes ses facettes, entre la pérennité des étoiles et la précarité de nos agendas.
Cette fresque sans précédent est aussi un guide d’apprentissage, émaillé de conseils pratiques, pour expérimenter le bonheur de notre condition temporelle et pouvoir ainsi jouir pleinement de ce don merveilleux qu’est la vie.
Un indispensable traité d’humanité.
Polytechnicien et ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Bruno Angles a été à la tête de grandes entreprises dont Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc, Vinci Énergies, Macquarie France, Crédit Suisse France et Belgique. Il est aujourd’hui directeur général du groupe AG2R La Mondiale. De Temps en temps est son premier livre.

CRITIQUE – Bruno Angles, directeur général d’AG2R La Mondiale livre une réflexion personnelle sur le temps.

Que fait un grand patron, habitué à un emploi du temps réglé comme une horloge, quand il se retrouve par la force des choses calfeutré chez lui durant le Covid? Bruno Angles, directeur général d’AG2R La Mondiale, après avoir été à la tête de grandes entreprises, dont Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc, Vinci Énergies, Macquarie France, Credit Suisse France… prit le temps de lire d’un seul trait les quatre Évangiles. Le confinement n’en finissant pas, cette lecture déboucha sur une large réflexion sur le mystère du temps, ainsi résumé par saint Augustin: «Qu’est-ce donc que le temps? Si personne ne me demande, je sais. Si je veux l’expliquer à celui qui me demande, je ne sais pas.»

C’est cette réflexion très personnelle que livre Bruno Angles dans De temps en temps, ouvrage brillant et éclectique, balayant sciences, arts et philosophie. «Un livre qui peut se lire des chapitres I à XII du plus conceptuel au plus concret, ou inversement de façon à remonter le temps», explique Bruno Angles.

https://www.lefigaro.fr/decideurs/

L’idée de ce livre, Bruno Angles l’a eue pendant le confinement du printemps 2020. Lui, le banquier au planning minuté, toujours pressé, se retrouve d’un coup à l’arrêt, stoppé dans sa course. Conscient du rôle clé joué par le temps pour freiner la circulation du virus, puis vacciner le plus vite possible, ce polytechnicien à la solide culture classique décide alors d’entamer un voyage dans le temps. Pas à la manière d’un H. G. Wells en quête d’aventures dans le passé ou le futur, mais à la façon d’un voyageur immobile désireux d’explorer les multiples facettes de ce trésor universel.

Il en ressort un essai revigorant qui questionne notre usage du temps, la perception de son écoulement et les sentiments que ce mouvement inéluctable suscite. En bon polytechnicien, Bruno Angles se livre à un examen minutieux de cet objet insaisissable. Mais son ambition est aussi de proposer au lecteur un guide d’apprentissage pour l’aider à mieux maîtriser les grains du sablier et à en optimiser les inépuisables ressources. Un livre de réflexion et d’action qui renvoie chacun à son propre rapport au temps. Extraits.

https://www.lesechos.fr/idees-

Bruno Angles, directeur général du groupe AG2R La Mondiale,  Voici son portrait.

La rencontre avec Bruno Angles se fait dans la salle du conseil d’AG2R La Mondiale, boulevard Malesherbes. Un soda sans sucre, pêché mignon du directeur général, et la discussion peut commencer. Elle sera riche et efficace.

Bruno Angles est né le 14 novembre 1964, à Paris, dans le XVe arrondissement.
Il ne reste pas longtemps dans Paris, car dès l’âge de 7 ans, toute la famille part pour Luxembourg.
« J’ai passé 10 ans au Luxembourg, de 7 à 17 ans », explique-t-il. Son père est en poste au Parlement européen, et les enfants suivent une scolarité « à l’école européenne de Luxembourg qui accueillait des élèves de tous les états membres ».
« Il y avait une particularité : à partir de la classe de 4e, nous suivions les cours d’histoire et de géographie en langue étrangère et avec un professeur étranger. J’ai donc étudié les deux guerres mondiales avec des professeurs allemands. L’Histoire est la même, mais certains épisodes ne se racontent pas du tout de la même façon », détaille-t-il.
Bruno Angles se définit comme un « bon élève, mais un peu rebelle ». Son fait d’arme, c’est une grève d’une semaine lancée dans son lycée. Il décrit l’anecdote, en précisant que ça nous plairait.
« En 1981, j’ai mis mon lycée en grève, pour une véritable injustice. J’ai orchestré, déclenché cette grève qui a été reprise dans les journaux locaux. Le Républicain Lorrain en avait parlé d’abord dans les pages intérieures, puis avait fait un article avant d’en faire la une. Mon père n’était pas très content… », s’amuse-t-il après coup. La grève dure une semaine mais la mise en avant du mouvement par la presse donne gain de causes aux élèves.
« L’injustice me révolte. Ma mère qui a le même sens contre l’injustice que moi me soutenait, mon père beaucoup moins. Mais comme ça a duré une semaine, c’est rentré dans l’ordre », résume-t-il.
Très bon élève malgré tout, et même « si ce n’est pas facile de répondre humblement à cette question », il obtient son bac en 1982, avec une moyenne record pour les écoles européennes. Une fierté vite battue en brèche lorsqu’il arrive au sein du fameux lycée Sainte-Geneviève de Versailles, dit Ginette.
« J’ai obtenu le bac avec une moyenne de 93,72 sur 100. C’était à l’époque le record de toutes les écoles européennes. Je vous raconte ça parce qu’il y a la deuxième partie de l’histoire… Je rentre en prépa à Ginette et on m’explique que sur les 5 maths sup’, il y avait 3 fortes et 2 faibles. C’était déjà particulier… Je suis placé en sup’ faible, parce que l’école internationale du Luxembourg, c’est sympa mais bon… les élèves passés avant moi n’avaient pas toujours réussi. Aux cours des premières épreuves, en maths et français, je me retrouve 40e et 42e sur 45 ! », raconte-t-il.

De découvertes en défis

C’est un vrai changement d’environnement pour Bruno Angles, et pas seulement sur les résultats scolaires. Mais travailleur et déterminé, il remonte dans le classement « jusqu’à finir premier de la classe ».
Pour la première fois, il part loin de sa famille. « Mes parents avaient conscience que nous n’habiterions plus jamais sous le même toit, mais moi j’étais focalisé sur les cours. Je ne me rendais pas compte de la distance. C’était plus inconfortable pour moi dont les parents étaient à l’étranger – même un étranger ‘proche’ – que pour les parisiens », se souvient-il.
Pour le jeune Bruno Angles, c’est « un saut dans l’inconnu. Il avait fallu montrer patte blanche pour entrer à Ginette. Le premier soir, on était dans la grande salle. On se levait et on disait le lycée d’où l’on venait. Avec mon nom de famille, je suis appelé dans les premiers. Je dis ‘école européenne de Luxembourg’ et me rassoit. Après moi, ils étaient 40 à venir de ‘Franklin à Paris’… mais je n’avais aucune idée de ce que c’était ! Pourtant, je venais de Luxembourg, j’avais la richesse d’avoir fait des cours d’histoires en allemand, d’avoir vécu et parlé dans des environnements polyglottes », mais il n’est pas (encore) dans les réseaux d’influence, comme le lycée fameux « Franklin » de Paris.
Néanmoins, il découvre à Ginette « une communauté de vie » et se fait des « amitiés fortes et profondes ». Après un silence, il livre une anecdote de plus : « Il y a quelques semaines, un de mes camarades de classe a organisé un petit événement avec le père Gilbert, un des pères jésuites de Ginette à l’époque. Il envoie un mail pour nous dire : ‘je fais un petit truc pour fêter le 40e anniversaire de notre entrée à Ginette’. J’ai lu le mail et me suis dit : ‘il s’est trompé, c’est le 30e’ et non, ça fait vraiment 40 ans ! »
À la sortie de Ginette, il entre à Polytechnique. Une prépa scientifique pour une école d’ingénieur, « parce que ma mère ne voulait pas que je fasse de politique et a tout fait pour m’orienter vers une prépa scientifique », confie-t-il.
Adolescent, il voulait en effet être… « président de la République, et faire l’ENA ». Ce sera donc l’X, comme un vrai choix, « parce que le champs des possibles est beaucoup plus large, et que c’est très important pour moi ».
Mais il en faut sans doute plus pour décourager Bruno Angles. Dans les années 90, il se frotte à la politique à Rennes, où il est élu au conseil municipal. « J’étais dans l’opposition (centriste) à Edmond Hervé, ce qui n’était pas une sinécure », s’amuse-t-il. « À l’époque, Pierre Méhaignerie me poussait beaucoup pour que je sois un successeur du député centriste dans la 3e circonscription d’Ille et Vilaine. C’était une circonscription imperdable. J’ai longtemps hésité et j’ai décidé de choisir, après un début de carrière comme haut fonctionnaire, le monde de l’entreprise plutôt que la vie élective. C’était la décision la plus difficile de toute ma vie mais je n’ai pas de regret », explique-t-il.
Ainsi s’arrêtent les ambitions politiques de Bruno Angles, et commence sa vie professionnelle qui le mènera du ministère de l’équipement à AG2R La Mondiale en passant par Vinci Energies, groupe Macquarie ou encore Crédit Suisse.

Multivies

Autant de secteur d’activités et de métiers, d’équipes et d’environnement à découvrir. Parce que Bruno Angles confie avoir soif de découvertes.« À 25 ans, je me suis dit que c’était dommage de n’avoir qu’une seule vie. » Il sait exactement combien de vies il avait besoin.« Si j’avais eu 5 vies, j’aurais fait des choses très très différentes. Une vie élu, en étant célibataire pour ne pas l’imposer à d’autres. Une autre vie de célibataire et pour devenir prêtre, et trois autres vies pour faire du business dans des métiers avec une carrière plus classique. Comme on n’a qu’une vie, j’ai toujours caressé l’idée d’essayer d’avoir plusieurs vies en une seule, dans la limite du possible et du raisonnable », explique-t-il sur le ton de la confidence.
« Pour comprendre ma carrière un peu originale, il faut imaginer qu’à intervalles périodiques, je fais un pas de côté pour sortir de ma zone de confort pour aller vers un univers un peu adjacent, rencontrer des gens différents, des problématiques différentes et essayer de comprendre comment on peut réussir dans ces univers différents des précédents ».

À l’X, Bruno Angles choisit le rugby et devient même capitaine de l’équipe. « C’est un sport passion. C’est la quintessence du sport d’équipe, avec un assemblage de talents. Dans le volley, le foot, tout le monde se ressemble un petit peu. Au rugby, les qualités requises sont différentes d’un poste à l’autre », explique-t-il avec ferveur. L’ancien demi d’ouverture a maintenant arrêté de jouer mais pas de suivre le ballon ovale.
Son sport, maintenant, c’est le golf. Il en parle avec la même ferveur et y tient beaucoup.
« Je travaille plus chez AG2R LA MONDIALE que j’ai bossé dans mes autres postes, en tout cas en régime permanent. Je le fais avec passion, mais j’essaye de garder chaque week-end une demi-journée pour jouer au golf. Je prends le temps d’éteindre mon portable et de me focaliser sur autre chose. L’un des gros avantages du golf, c’est qu’on peut continuer à progresser à tout âge. L’autre avantage c’est qu’on peut jouer avec des gens de niveaux très différents sans que ce soit gênant.
Très peu de sport le permettent. Et on peut progresser à tout âge : j’ai joué mon premier Eagle (trou en 2 sous le par) cette année, à 57 ans ! »
Sans surprise, le golf fait partie d’un week-end idéal de Bruno Angles, qu’il décrit après un long silence. « Ce serait un week-end avec mon épouse, mes 4 enfants, ma belle-fille, mes deux petites filles, dans un bel endroit au bord de la mer, qui puisse permettre de consacrer une demi journée au golf, mais aussi faire beaucoup de choses en famille et profiter de ressources gastronomiques de l’endroit qu’on aurait choisi ». Une pause dans un environnement connu, pour se ressourcer.

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