Le 30 juillet 2025, Serigne Fallou Fall, 33 ans, domicilié à Yeumbeul Mbed Fass, a comparu devant la Cour d’appel de Dakar, accusé par sa tante, Fatima Dieng, de viol et de pédophilie sur sa demi-sœur, W. Fall, âgée de 5 ans au moment des faits. Placé sous mandat de dépôt le 17 mars 2020, Fallou Fall a été jugé le 3 décembre 2024 par la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe (TGIH) de Pikine-Guédiawaye.
Le 7 janvier 2025, il a été acquitté du chef de pédophilie, mais reconnu coupable de viol sur mineure de moins de 13 ans, écopant de 15 ans de réclusion criminelle. La constitution de partie civile de Fatima Dieng, responsable civile de W. Fall, a été reçue, bien qu’elle n’ait pas réclamé de dommages et intérêts. Insatisfait, Fallou Fall a interjeté appel, aboutissant à une audience controversée le 30 juillet 2025, après plusieurs renvois.
Les accusations
Selon le réquisitoire du juge d’instruction du 1er cabinet du TGIH de Pikine-Guédiawaye, le 6 mars 2020, Fatima Dieng a porté plainte au commissariat de Yeumbeul contre son beau-fils, Serigne Fallou Fall, pour attouchements sexuels sur sa fille W. Fall, âgée de 5 ans. Elle a affirmé que Fallou avait attiré la fillette dans le salon, introduisant une tige en bois dans son vagin, causant des coupures visibles. Elle a ajouté que des faits similaires s’étaient produits après la fête de la Korité, confirmés par W. Fall. Un certificat médical du 11 mars 2020 a relevé un hymen intact avec de petites lésions hyménéales récentes.
- Fall, en présence de sa mère, a corroboré ces allégations, déclarant que Fallou avait retiré son pantalon et utilisé un cure-dent dans son vagin, malgré ses cris. Elle a affirmé que les abus étaient récurrents. Cheikh Mbacké Fall, père des deux parties, a rapporté que son épouse l’avait informé des attouchements, confirmés par un gynécologue. Il a ajouté avoir interdit à Fallou de s’approcher de W. Fall, sans succès. Alassane Saidou Diallo, adjoint du délégué de quartier, a indiqué qu’une réunion familiale avait eu lieu, où Fallou avait nié les faits. Yata Diop, voisine, a confirmé que Fatima Dieng lui avait signalé les abus, corroborés par des examens médicaux.
Fallou Fall a nié les accusations, les attribuant à un complot de sa belle-mère, qui aurait déjà accusé son frère Serigne Saliou Fall de faits similaires. Soda Kandji, amie de la défunte mère de l’accusé, a soutenu que Fatima Dieng avait avoué avoir planifié ces accusations, notant que W. Fall ne présentait aucun signe de blessure.
Déclarations à la barre
Fallou Fall a maintenu son innocence : « Je n’ai jamais violé W. Fall, c’est ma petite sœur. Cette histoire est un montage de ma tante. » Il a décrit un contexte familial tendu depuis le remariage de son père avec Fatima Dieng, qui aurait accusé son frère Saliou en 2019 pour des faits similaires, réglés devant le délégué de quartier. Il a mentionné une plainte déposée contre sa tante pour mettre fin à ces accusations.
Fatima Dieng a réitéré que W. Fall lui avait confié avoir été blessée par Fallou, ce que des examens à l’hôpital de Thiaroye et Dominique auraient confirmé. Elle a nié avoir accusé Saliou. Cheikh Mbacké Fall, le père, a contredit son fils, affirmant que seul Fallou avait été convoqué chez le délégué de quartier. W. Fall a déclaré : « Fallou me retenait dans sa chambre, mettait ses doigts ou un cure-dent dans mon sexe, en fermant la porte. » Fatima Dieng a précisé avoir perdu un premier certificat médical à cause d’une inondation.
Serigne Saliou Fall et Soda Kandji ont soutenu la version de l’accusé, affirmant que Fatima Dieng avait accusé Saliou auparavant. Yadé Dieng, amie de Fatima, a confirmé les plaintes répétées de cette dernière contre Fallou.
La défense et le réquisitoire
La défense, menée par Me Aïssata Ba, Me Khady Sène, Me Massamba Ndiaye, Me Aboubacry Barro, et Me El Hadji Diouf, a plaidé l’acquittement, dénonçant un complot familial et des incohérences, notamment sur le certificat médical, daté de mai 2020 alors que les faits remonteraient à mars. Ils ont souligné l’absence de témoins oculaires, l’hymen intact de la victime, et le jeune âge de W. Fall, questionnant sa capacité à comprendre certains termes. Me Diouf a qualifié l’affaire de « mésentente familiale » et d’« erreur judiciaire ».
L’avocat général a reconnu le caractère complexe de l’affaire, notant que le parquet de Pikine-Guédiawaye ne pouvait classer l’affaire sans suite face à des faits criminalisés. Tout en mentionnant les témoignages en faveur de l’accusé, il a requis l’acquittement, déclarant : « Nous recherchons la vérité, mais la vérité appartient à Dieu. »
L’affaire a été mise en délibéré au 27 août 2025, et la demande de liberté provisoire de Fallou Fall a été rejetée. À l’issue de l’audience, ses soutiens, massés devant le palais, ont scandé « Libérez Fallou ! »