«Le Murmure des fantômes», Cyrulnik Boris

Boris Cyrulnik: la résilience ou l’art de rebondir à tout âge

Nous sommes toutes et tous, un jour ou l’autre, confronté·e·s à un.e personne de notre entourage, personnel ou professionnel, qui vit une épreuve difficile, voire même un traumatisme…Puisque la résilience est un terme à la mode, mais qui reste pourtant nébuleux, nous nous sommes intéressé·e·s à l’œuvre de Boris Cyrulnik, considéré comme le spécialiste en la matière.

« Marilyn Monroe n’a pas connu la tendresse, enfant. Elle est devenue fantôme. Hans Christian Andersen, lui, a pu être réchauffé. L’affection est un besoin tellement vital que lorsqu’on en est privé, on s’attache intensément à tout événement qui fait revenir un brin de vie en nous, quel qu’en soit le prix. Ceux qui refusent de rester prisonniers d’une déchirure traumatique doivent s’en libérer pour revenir à la vie. Ils en font même un outil pour arracher du bonheur. Dans ce livre, Boris Cyrulnik raconte comment le fracas du passé murmure encore chez le grand enfant qui tisse de nouveaux liens affectifs et sociaux. Et comment l’appétence sexuelle à l’adolescence constitue un moment sensible dans l’évolution de la réparation de soi. Attitude nouvelle face à la souffrance psychique, la résilience propose de construire ce processus de libération. Ce livre est un véritable message d’espoir. Boris Cyrulnik a publié, aux Éditions Odile Jacob, Les Nourritures affectives, L’Ensorcellement du monde, Un merveilleux malheur et Les Vilains Petits Canards, qui ont tous été de grands succès. »

Le principe de résilience

Contrairement à ce qu’imagine une large majorité de personnes, et comme il n’a cessé de le répéter, ce n’est pas lui qui a inventé le concept de résilience. Cependant, c’est lui qui l’a vulgarisé et rendu populaire à la fin des années 90, grâce à ses nombreux écrits et interventions médiatiques. On le considère donc, aujourd’hui, comme LE spécialiste de la résilience en francophonie.

À l’origine, la résilience est un terme utilisé en physique pour désigner la résistance d’un matériau aux chocs. Cette définition s’est ensuite étendue à la capacité d’un corps, d’un organisme, d’une espèce, d’un système, d’une structure à surmonter une altération de son environnement. Il est donc utilisé dans une grande variété de domaines: écologie, informatique, politique, sociologie, enseignement…

Dans son ouvrage «Le Murmure des fantômes», Cyrulnik évoque la résilience en ces termes: «On ne peut parler de résilience que s’il y a eu un traumatisme suivi de la reprise d’un type de développement, une déchirure raccommodée. Il ne s’agit pas du développement normal puisque le traumatisme inscrit dans la mémoire fait désormais partie de l’histoire du sujet comme un fantôme qui l’accompagne. Le blessé de l’âme pourra reprendre un développement, dorénavant infléchi par l’effraction dans sa personnalité antérieure».

Pour B. Cyrulnik, la résilience est le «proces-sus qui permet de reprendre un type de développement malgré un traumatisme et dans des circonstances adverses1». La notion de résilience est donc intimement liée à celle de traumatisme (ou trauma, en abrégé).C’est l’art de se reconstruire après un événe-ment traumatisant. C’est se relever après le pire…1. Boris Cyrulnik, «Le Murmure des fantômes», édition Odile Jacob, Paris, 2005, p. 189

«C’est difficile de s’adresser à quelqu’un pour expliquer ce que l’on a vécu. (…) En revanche, si je fais le détour par l’œuvre, si j’éloigne l’information, je communique mieux avec vous parce que je ne suis plus seul au monde avec mon fracas intérieur, avec ma blessure invraisemblable. Parce que j’ai réussi à en faire une représentation que l’on peut maintenant partager. On habite enfin le même monde».