Le grand public commence a être familiarisé avec l’existence des think tanks, ces outils de réflexion qui proposent aux gouvernants des pistes à explorer dans tel ou tel domaine afin d’améliorer l’existant. Ils sont assez souvent aussi des outils propres à anticiper les évènements et peuvent prévenir des situations qui pourraient s’avérer délicates, dangereuses. Pour la meilleur preuve voici quelques éléments identifiés par le think-tank « Nouvel avenir » qui doivent nous interroger sur notre avenir. Plusieurs d’entre eux sont inquiétants pour le futur de l’humanité.
Les risques en effet qui se profilent à l’horizon sont multiples et variés. Ils sont aussi pour la plupart alarmants. Ces risques sont de différentes nature et on peut les répartir en 6 catégories : finance, écologique, géopolitique, technologique, société et ressources globales. A côté de cela on peut lister 5 problèmes principaux : déséquilibres financiers chroniques, émission de gaz à effet de serre, croissance démographique galopante, inégalité croissante des richesses et pénuries des matières premières qui se traduira par une augmentation galopante des prix de l’énergie et une raréfaction des ressources agricoles.
Voici des années que du fait des déficits des Etats le modèle social occidental est entré en crise avec pour meilleure preuve le taux de chômage record qui affecte les jeunes. Or rien n’indique que les choses vont changer au cours des prochaines années si on en juge d’après un système éducatif inefficace, basé sur des schémas dépassés, qui prépare à des métiers du XXème siècle qui n’existent plus.
Or ces mêmes jeunes vont avoir à entretenir la plus grande population de personnes âgées de tous les temps, en raison de l’allongement de la durée de vie. On estimait ce nombre à un milliard et demi en 2010 et nous sommes à la veille de 2020 !
D’un autre côté, sur le plan des relations humaines, ainsi que l’indique le philosophe Roger-Pol Droit (une quarantaine de livres traduits dans une trentaine de pays), le débat d’idées à tendance à s’effacer un peu partout dans le monde au profit de réactions de violences, d’agressivité de la part des individus et cela va déboucher de plus en plus sur des révoltes sociales incontrôlables et des manifestations de rues de masse. On l’a vu ces jours derniers pour des motifs divers au Liban à la suite de l’intention du gouvernement de taxer l’application WatsAp, en Espagne (Catalogne) en réaction à des condamnations à la prison d’un grand nombre de leaders indépendantistes, au Chili à la suite d’une augmentation du ticket de métro, à Hong-Kong suite à une atteinte aux libertés de la part du pouvoir prochinois, en Grande-Bretagne suite au Brexit et l’Algérie aujourd’hui. Quant aux français ils ont encore en mémoire l’agitation violente durant plusieurs mois à Paris et un peu partout dans l’Hexagone suite aux revendications des gilets jaunes. Comme l’explique Roger-Paul Droit dans son dernier livre « Monsieur, je ne vous aime point » consacré aux relations tumultueuses entre Rousseau et Voltaire les choses n’ont pas beaucoup changé depuis plus de deux siècles et le fameux « Contrat social », Voltaire incarnant aujourd’hui ce qu’on appelle « la France d’en Haut » et Rousseau « la France d’en Bas ». Tout était déjà là au 18ème siècle et depuis la situation n’a guère évolué, y compris la renaissance des privilèges que l’on avait pourtant abolis une certaine nuit du 4 août.
Quoi qu’en dise Donal Trump et quelques uns avec lui le réchauffement de la planète va aussi s’aggraver dans les années à venir et avec lui des conséquences encore insoupçonnées sur la faune et la flore avec la disparition de centaines de milliers d’espèces animales et végétales. Notre planète va être confrontée de plus en plus fréquemment à des catastrophes naturelles : Tempêtes, typhons, inondations, tsunamis, incendies etc. et ceux-ci sont déjà d’une ampleur inégalée comme on a pu le voir cet été au Brésil, en Russie, en Grèce, au Portugal et aujourd’hui en Californie. On a le sentiment, telle la ville de Sodome, d’être victime de la colère divine et que la planète se venge des brutalités que lui ont fait subir l’ère industrielle et le mode de vie actuel où le consumérisme l’emporte sur toute autre considération. L’immigration climatique sera dès demain un des grands facteurs d’inquiétude d’une partie de l’hémisphère nord et l’Europe cessera d’être une confort zone. La montée des eaux dans certains pays du globe, en Inde, au Bengladesh, etc. va entraîner un accroissement no limit de réfugiés qui viendront s’ajouterer à ceux pour faits de guerre ou politiques. Il est à craindre que les routes de l’exil soient envahies dans quelques années par des hordes de miséreux en déroute.
Il va falloir aussi s’habiter à vivre avec des méta-incidents liés à la pollution du pétrole et des produits chimiques (les drames de Toulouse et de Rouen ne sont que des épiphénomènes au regard de ce qui nous attend du fait des centaines de supertankers géants qui sillonnent les mers) mais plus grave nous devons nous attendre à des pénuries alimentaires de grande ampleur qui seront à l’origine de famines de plus en plus nombreuses et importantes. Il faut dire que les agriculteurs voient leur nombre se réduire dans la plupart des pays, les superficies de terres en jachère s’accroissent au détriment des terres cultivables, sans compter les épidémies et les intempéries qui détruisent les cheptels et les récoltes. Ces pénuries risquent de voir ressurgir des conflits de type néo-tribalisme et plus grave, des guerres.
On voit d’ailleurs que les Etats sont de plus en plus impuissants à résoudre ces problèmes et que les ONG doivent se substituer aux nations pour contribuer à la résolution des crises. Où en serait la misère, la précarité, y compris dans les pays européens, si des associations humanitaires telles que « Les restos du cœur », « Le Secours populaire », « Le Secours catholique », « la Croix rouge » et ailleurs « Le Croissant rouge », etc. n’existaient pas.
On pouvait espérer qu’au sortir de la 2ème guerre mondiale et de ses soixante millions de mort le monde deviendrait plus raisonnable. Il n’en a rien été. Quelles leçons en a-t-il tiré ? En créant la Société des Nations, l’ONU, incapable de gérer les grands confits qui se sont succédés depuis et qui ont provoqué des génocides au Rwanda et au Cambodge sans oublier les conflits meurtriers en ex-Yougoslavie, la guerre en Irak, en Tchétchénie, etc. L’humanité à continué comme si rien n’était passé. L’histoire apprend-t-on est là pour permettre aux générations suivantes de retenir des erreurs du passées et d’éviter qu’elles se reproduisent. Qu’en a-t-il été ? C’est comme si nous nions le fait qu’elles aient eu lieu. Et le monde continue à aller dans le mur à une vitesse folle du fait de l’accélération du temps lié aux nouvelles technologies de la communication.
D’un autre côté lamais la planète n’a été aussi armée que jamais. Dans les arsenaux nucléaires on estime qu’il existe l’équivalent d’un kilotonne de TNT pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant sur Terre. Même une guerre frontalière entre l’Inde et le Pakistan par suite des revendications de chacun de ces deux pays sur le Cachemire, libérerait une force nucléaire tactique mille fois supérieure à la bombe d’Hiroshima et rien que les cendres des villes incendiées provoqueraient une mini ère glaciaire dans l’hémisphère nord. Au lendemain de la seconde guerre mondiale les Etats-Unis avaient réuni dans le plus grand secret un petit nombre de personnalités provenant de différents milieux (scientifiques, économiques, juridiques, philosophiques, etc.) avec pour mission de répondre à cette simple question : Les guerres ont-elles une utilité ? Après des mois d’études, de réflexion, ces éminents spécialistes ont répondu oui, « la paix serait indésirable et une période prolongée de celle-ci créerait un chaos indescriptible ». La stabilité des gouvernements, les risques de subversions sociales, les progrès scientifiques, le contrôle des économies seraient à ce prix. Ahurissant ! Il est à remarquer qu’un conflit est-il à peine terminé qu’un autre foyer de guerre lui succède immédiatement, qu’il s’agisse de raisons économiques ou de motifs démographiques. Et les peuples ne peuvent qu’être spectateurs, subir un sort que d’autres ont décidé pour eux.
Pourquoi vous demandez-vous ? La réponse nous est fournie par la biologie. Depuis la nuit des temps les hommes sont nés pour entrer en compétition les uns avec les autres. Leur systèmes nerveux est programmé dans le but de convoiter et se procurer toujours plus de choses, d’assouvir des besoins dans tous les domaines, y compris les plus futiles. Et aujourd’hui plus que jamais l’animalité qui sommeille en nous, notre instinct grégaire prend le dessus au détriment de comportements rationnels et humanistes. Et ce n’est pas seulement vrai au niveau des personnes mais aussi à l’échelon des Etats qui rivalisent d’agressivité afin de figurer dans le peloton de tête des premières puissances mondiales ce qui passe par des guerres commerciales implacables et des conflits armés localisés, régionaux.
Est-ce ce futur-là que nous voulons pour les générations suivantes ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître l’être humain devra peut-être sa survie à l’intelligence artificielle, à des robots, des objets connectés qui feront preuve de raison et ne laisseront pas leurs émotions, et leur testostérone, les gouverner. Ce n’est pas réjouissant mais il ne tenait qu’à nous de tenir compte des signaux d’alerte et de modifier nos comportements en particulier notre surconsommation et l’endettement démesuré de nos sociétés. Nous n’avons su, « ni voir, ni écouter, ni entendre » et cet aveuglement a un prix que l’on paie cash aujourd’hui.
Certes la futurologie n’est pas une science exacte et le pire n’est jamais sûr mais pour corriger des déséquilibres faudrait-il encore les reconnaître et on n’en prend pas le chemin.
La catastrophe fait partie du futur et elle a déjà commencé.
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono – ancien auditeur au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques