Thierno Alassane Sall a centré une grande partie de ses critiques sur la gestion judiciaire et administrative de l’Agence sénégalaise pour l’électrification rurale (Aser). En conférence de presse hier, le député s’est étonné de la rapidité avec laquelle la Cour suprême a enrôlé le dossier pour l’audience de ce mercredi 17 décembre. Le président de la République des valeurs a réitéré ses inquiétudes concernant des soupçons de prévarication de deniers publics au sein de cette agence. Après avoir regretté une certaine «opacité», il qualifie l’ensemble de la procédure judiciaire actuelle d’«étrange» et dénonce un manque de transparence flagrant dans le traitement des responsabilités.
Pour le leader de la République des valeurs, l’affaire Aser n’est que le symptôme d’un mal plus profond : un Parlement affaibli. Par conséquent, il estime que l’Assemblée nationale est devenue une institution «vidée de son rôle», incapable d’exercer sa mission de contrôle sur de tels dossiers. Selon lui, la gestion de ces scandales est parasitée par une «lutte égoïste pour le pouvoir» entre les deux têtes de l’Exécutif, ce qui freine la reddition des comptes. En dénonçant une «inaction face à la corruption», TAS a fustigé le silence ou la lenteur sur d’autres dossiers, comme ceux du ministère de l’Assainissement, suggérant un traitement à deux vitesses des marchés publics. En résumé, Thierno Alassane Sall appelle à une totale transparence et met en garde contre une instrumentalisation de la Justice qui permettrait d’étouffer les véritables enjeux financiers de l’affaire Aser.
Les enjeux de l’audience sur le dossier Aser
Il faut savoir que la Cour doit statuer sur le fond du dossier ce matin concernant l’attribution du marché d’électrification rurale, un dossier que Thierno Alassane Sall qualifie de nébuleux en raison de soupçons de «prévarication de deniers publics». L’enjeu porte sur la légalité des titres garantis et des dérogations accordées dans le cadre de ce marché de plusieurs milliards de F Cfa. Suite aux dénonciations de l’honorable député, l’opinion attend de voir si la Justice confirmera les «zones d’ombre» soulevées, notamment sur le rôle de l’entreprise attributaire et les garanties souveraines de l’Etat.
Thierno Alassane Sall considère que cet enrôlement rapide est une étape déterminante pour savoir si les mécanismes de contrôle de l’Etat fonctionnent encore de manière indépendante ou si le dossier fera l’objet d’un traitement «opaque». Pour lui, «cette situation illustre un malaise judiciaire profond, marqué par des décisions contradictoires et des procédures dont l’effet concret reste limité sur le terrain». Il rappelle que «la Cour suprême s’est prononcée sur certains aspects de la procédure, mais les projets concernés restent à l’arrêt. Les bailleurs espagnols, invoquant l’absence de clarification sur l’utilisation des fonds, refusent tout décaissement tant que les zones d’ombre ne sont pas levées». Il note «des programmes gelés depuis plus d’un an, au détriment des populations bénéficiaires et des acteurs de l’artisanat local». «Quelle que soit la décision rendue, elle restera sans effet tant que les partenaires n’auront pas la certitude que les fonds ont été utilisés conformément aux engagements», soutient l’ancien ministre.
Le choix d’un recours à l’international
Face à cette «impasse nationale», Thierno Alassane Sall n’exclut plus un recours devant la Justice espagnole. Une démarche visant à «garantir l’indépendance des investigations, mais aussi à rassurer les bailleurs et à rétablir la crédibilité des institutions sénégalaises».

