Alors que le Sénégal s’enfonce dans une crise multidimensionnelle — vie chère insoutenable, pouvoir d’achat en lambeaux, économie à l’arrêt, fuite des investisseurs et dette asphyxiante, nos deux dirigeants semblent avoir trouvé leur priorité absolue : trancher, dès aujourd’hui, la question de leur candidature à l’élection de 2029.
Il faut reconnaître cette prouesse : ignorer avec une telle constance les urgences nationales. Depuis leur accession au pouvoir, le bilan est sans appel : aucun chantier d’envergure, aucune réforme de fond, pas même l’ombre d’une solution. Un vide sidéral, à tel point qu’on pourrait croire à une page blanche arrachée à un cahier d’écolier.
Pourtant, face à ce néant, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko affichent un agenda bien rempli : préparer une nouvelle crise institutionnelle, comme pour parfaire leur collection. Car visiblement, un pays en proie à des crises économique, sociale et financière ne suffit pas à les divertir. Il fallait y ajouter une crise de gouvernance, histoire de tester la résistance du Sénégal avant qu’il ne jette l’éponge.
Le comble ? Alors que la population attend désespérément qu’ils se mettent enfin au travail, eux préfèrent s’adonner à des téra-meetings, perdre leur temps en réunions incessantes des instances politiques ou politiciennes, et cultiver les bouderies par absences. On se demande s’ils n’ont pas oublié la date de début de leur propre mandat.
On croirait presque qu’ils ambitionnent d’entrer dans l’histoire : gouverner sans rien accomplir, puis se disputer le privilège de continuer. Puisqu’ils semblent déterminés à régler leur duel personnel sur le dos des institutions et du pays, permettons-nous une suggestion, teintée d’ironie mais non dénuée de bon sens : Pourquoi ne pas organiser, dès 2028, de vraies primaires internes au Pastef ?
Ce serait l’occasion pour chacun de mesurer sa popularité, d’assouvir ses ambitions et, surtout, de laisser au Sénégal une chance, même infime, de ne pas subir leur querelle pendant quatre ans supplémentaires. Et qui sait ? D’ici là, ils auront peut-être trouvé le temps d’accomplir au moins une action concrète.
Ne serait-ce qu’une seule, pour ne pas se présenter en 2029 avec un CV aussi vide que leur bilan actuel.
Ibrahima Thiam, Président du parti ACT

