Aliou Sall et son épouse, gérante de sa Sci, ont été placés en garde à vue dans le cadre du traitement d’un rapport de la Centif. Sur instruction du président du Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment de capitaux, le couple Sall est visé par un réquisitoire du Parquet financier pour certaines transactions foncières au niveau de la Sci. Ils devraient être déférés dans les prochaines heures au niveau du Cabinet du président du Collège des juges d’instruction près le Pjf.
Les rapports de la Centif font fonctionner le Pool judiciaire financier (Pjf) à un rythme infernal. Hier, Aliou Sall, ancien maire de Guédiawaye, et son épouse ont été placés en garde à vue à la Division des investigations criminelles (Dic) sur instruction du président du Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier à la suite d’une enquête pour blanchiment de capitaux. Le frère de l’ancien Président Macky Sall est entendu dans le cadre d’une délégation judiciaire ordonnée par le magistrat Idrissa Diarra suite à une procédure ouverte dans le contexte de l’exploitation d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières à propos de transactions de sa Sci dont son épouse, Aïssatou Sall, serait la gérante.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte politique et judiciaire marqué par plusieurs arrestations, notamment dans un pays où les affaires judiciaires pour cause de corruption revêtent souvent une forte charge politique. Ce qui suscite toujours un débat sur l’impartialité de la Justice, surtout dans son cas, en tant que frère cadet du Président Macky Sall. L’on évoque des mouvements de fonds jugés suspects, poussant le Parquet financier à faire un réquisitoire visant le couple Sall sur des faits présumés de blanchiment de capitaux. L’enquête a été ouverte pour connaître l’origine des transactions, la nature des flux financiers et le rôle éventuel de chacun dans ces opérations.
Conseil de l’ancien maire de Guédiawaye, Me El Hadji Diouf est abasourdi par la «légèreté» de la procédure, après avoir confirmé son placement en garde à vue. «M. Aliou Sall et son épouse ont été effectivement placés en garde à vue par la Dic sur instruction du président du Collège des juges d’instruction du Pjf pour blanchiment de capitaux sur plainte de la Centif.» Il voit une main politique derrière cette procédure qui viserait l’ex-chef de l’Etat. A défaut du «grand frère», l’on se contente du «petit frère». «C’est le loup et l’agneau, et la raison du plus fort est toujours la meilleure. Faute d’avoir mis la main sur Macky Sall, on s’acharne sur son jeune frère, qui n’a rien fait», ajoute-t-il. Pour l’avocat, le couple a mis sur la table toutes les preuves de la «légalité» des transactions financières de leur société. «Devant les enquêteurs de la Dic aujourd’hui (hier), M. Aliou Sall a montré qu’il a créé une société immobilière avec sa femme qui détient 1% du capital, et lui 99%.
M. Sall a désigné son épouse comme gérante de la société comme il n’a pas suffisamment de temps à consacrer à sa gestion quotidienne. Son épouse lui a fait une procuration de négocier et de discuter avec des partenaires de la société en tant qu’homme d’affaires rompu à la tâche. Il a donné toutes les preuves des transactions financières. Et M. et Mme Sall montrent que tout s’est passé dans les normes. Ils n’auraient pas dû passer la nuit à la police, car toutes les opérations sont régulières et légales. Est-ce une commande ? Nous allons continuer à faire face, mener le combat. Finalement, nous pensons sérieusement que M. le président du Collège des juges d’instruction rendra demain (aujourd’hui) la liberté au couple Sall», espère-t-il.
«Il faut qu’on arrête de s’amuser avec la liberté des gens», tonne Me Diouf. «Ce pays est une démocratie consacrée, respectée et une vitrine de la démocratie en Afrique. Mais, il est en train de se craqueler. On dit qu’on préfère laisser partir des délinquants plutôt que de mettre en prison des innocents. Les gens ont menti sur Aliou en parlant de l’affaire Petro Tim. C’est un gros mensonge et une manipulation», assure l’avocat.
Il faut savoir que plusieurs personnalités et hommes d’affaires ont été écroués ou contraints de cautionner à la suite de signalements de la Centif dont les rapports continuent à être épluchés par le procureur de la République financier.