Nous n’avons jamais été modernes-Essai d’anthropologie symétrique-Bruno LATOUR (à suivre)

‘ »Ce professeur polymathe est à suivre; Il bouscule tout et essaie dans une rassemblement du divers de proposer une pensée pragmatique » P B C

Pollution des rivières, virus du sida, trou d’ozone, robots à capteurs… Comment comprendre ces « objets » étranges qui envahissent notre monde ? Relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Jusqu’ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches est impuissant à rendre compte de la prolifération des « hybrides ». D’où le sentiment d’effroi qu’ils procurent.
Et si nous avions fait fausse route ? En fait, notre société « moderne » n’a jamais fonctionné conformément au grand partage qui fonde son système de représentation du monde, opposant radicalement la nature d’un côté, la culture de l’autre. Dans la pratique, les modernes n’ont cessé de créer des objets hybrides qu’ils se refusent à penser. Nous n’avons donc jamais été vraiment modernes, et c’est ce paradigme fondateur qu’il nous faut remettre en cause.
Traduit dans plus de vingt langues, cet ouvrage, en modifiant la répartition traditionnelle entre la nature au singulier et les cultures au pluriel, a profondément renouvelé les débats en anthropologie. En offrant une alternative au postmodernisme, il a ouvert de nouveaux champs d’investigation et offert à l’écologie de nouvelles possibilités politiques.

Table

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[A partir de Bruno Latour]

 

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Bibliographie de Bruno Latour

 

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Nous n’avons jamais été modernes – Essai d’anthropologie symétrique (Bruno Latour, 1991) [NNJEM]

 

p7 : 1. Crise

p23 : 2. Constitution

p71 : 3. Révolution

p124 : 4. Relativisme

p178 : 5. Redistribution

On trouvera un résumé de ce livre dans le premier parcours ci-dessous.

Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

[La modernité est la situation dans laquelle on sépare l’humain du non-humain, tout en multipliant les hybrides et les quasi-objets]

[L’humain n’a pas d’essence : c’est un médiateur, un brasseur; il est dans la délégation, dans la passe, dans l’envoi]

[Dans le monde non moderne, la transcendance ne s’oppose pas à l’immanence, elle maintient dans la présence par délégation, envoi, traduction, passe]

Dans une constitution qui renoncerait à la modernité, on déciderait en commun de la production réglée des hybrides

Avec son Dieu barré qui lui assure une transcendance à la fois du côté de la nature et de la culture, l’homme moderne peut se dire athée tout en restant religieux

La puissance critique des modernes réside dans leur double langage : mobiliser la nature en la laissant infiniment éloignée; faire librement la société, en rendant ses lois inéluctables

On prend pour désenchantement du monde ce qui n’est qu’allongement des réseaux par prolifération des hybrides, multiplication et circulation des collectifs locaux

Avec l’humanisme sont nés le non-humain (objets, choses, animaux) et le Dieu barré

La modernité multiplie les hybrides nature-culture, mais sans les penser

La modernité a deux pères fondateurs : l’un qui, par la science, représente les non-humains (Boyle); l’autre qui, par la politique, représente les humains (Hobbes)

Il y a entre les quasi-objets des différences de taille – selon la dimension des collectifs humain/non-humain qu’ils mobilisent, mais pas de différence de nature

Pour mettre fin aux totalités qu’ils ont inventées (le capital, la science ou la domination), les modernes ont imaginé la révolution totale – qui les a menés de crimes en crimes

Il n’existe pas de nature objective, réelle, connue des seuls occidentaux; toutes les natures-cultures sont semblables et produisent à la fois des humains et des non-humains

En remplissant de quasi-objets et d’hybrides la zone intermédiaire entre nature et culture, les modernes sont revenus à la vieille matrice anthropologique pré-moderne

Nous n’avons jamais été modernes – Essai d’anthropologie symétrique (Bruno Latour, 1991) [NNJEM]

Bruno Latour, professeur associé au médialab de Sciences Po, est notamment l’auteur de Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime climatique (2015) et de Où atterrir ? Comment s’orienter en politique (2017).