Des voeux de paix et de bonheur dans un monde tourmenté

Quand je vois cette photo d’enfant au regard désespéré je ne peux m’empêcher de me demander quel avenir peut-il l’attendre. Cette question vaut pour lui-même et pour l’environnement qui sera le sien dans les prochaines années. Dans quel monde va-t-il vivre demain, en paix ? en guerre ? Sur quel planète va-t-il grandir, une planète dévastée par suite du réchauffement climatique ? en proie à des famines de plus en plus nombreuses ? à des mouvements migratoires incontrôlables ? Voici quelques décennies en regardant le futur on pouvait être optimiste, aujourd’hui comment ne pas être pessimiste ? Alors en repensant au philosophe Gramsci je suggère au pessimisme de la raison d’opposer l’optimisme du cœur.

Alors que nous entamons une nouvelle décennie les craintes, les inquiétudes, les angoisses, les périls s’offrent à nous de façon multiple et dans des proportions variées dont certaines peuvent avoir des conséquences incalculables. Le racisme, l’antisémitisme que nous pensions avoir éradiqués au lendemain de la deuxième guerre mondiale sont de nouveaux très présents en 2020 dans nos sociétés européennes. Il n’y a pas de jours ou des esprits torturés animés par la haine s’en prennent à des mosquées, à des cimetières catholiques et a des synagogues, détruisant des tombes, tagguant des murs d’inscriptions ignominieuses qui dégradent leurs auteurs et leur dénient toute humanité. Il nous faut sans cesse voter de nouvelles lois contre les discriminations, y compris entre hommes et femmes, et pourtant la situation reste souvent inchangée. Il n’y a pire poison dans un corps social que celui que distille sournoisement dans nos veines le racisme avec son visage hideux de l’intolérance.

Durant des siècles des nations se sont entretuées au nom de la religion, partout dans le monde. On a, ici en France, pour enrayer cette spirale mortifère, imaginer le concept de la laïcité, permettant de croire (à qui l’on veut) ou de ne pas croire, laissant ainsi à chacun son libre arbitre. Et pourtant on ne compte plus les agressions, voire les attentats, les actes terroristes commis au nom de l’intégrisme religieux. Depuis leur apparition les trois religions monothéistes, les religions du livre, n’ont cessé de prêcher l’amour de son prochain et la paix universelle et pourtant combien de crimes n’ont-ils pas été commis en leur nom ? Il est vrai qu’elles ont plus souvent recouru au glaive qu’aux paroles pacifiques. Ce fut le temps des croisades, de l’inquisition, des guerres de religion entre catholiques et protestants qui préfiguraient celles plus actuelles entre sunnites et chiites. Au nom de Dieu, que n’a-t-on pas fait ! Et il est à craindre que les hommes ne soient pas prêt avant longtemps à déposer les armes au nom du coran, de la bible ou du talmud.

Avec la fin du second conflit mondial, l’ère de l’industrialisation à laissé la place au temps de la consommation et depuis l’homme n’a cessé de piller sans vergogne les ressources naturelles de notre planète, sur terre comme dans les mers. Pour notre confort égoïste. Pour notre plaisir personnel des centaines de milliers d’espèces animales ont disparu et la nature a été martyrisée, polluée au point d’être devenue méconnaissable. Mais aujourd’hui elle se venge. Cela s’appelle le réchauffement climatique au nom duquel actuellement l’Australie est en feu, ravagée par les flammes sur une superficie équivalente à deux fois la superficie de la Belgique. On peut redouter le pire pour les prochaines années. Ce petit homme qui tend sa main en implorant un peu d’aide devra-t-il s’accommoder d’un tas de cendres ?

Depuis 1945 le monde, n’a pas connu de nouvelle guerre mondiale et on ne peut que s’en réjouir. En revanche des génocides et des conflits régionaux de plus faible intensité se sont déclarés un peu partout, au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest, faisant des millions de victimes civiles (Cambodge, Rwanda, Bosnie, Soudan, Yémen, etc.)  parmi lesquels un nombre considérables de vieillards, de femmes et d’enfants. Les survivants, quand ils n’ont pas été parqués dans des camps de réfugiés pour échapper à la famine et aux épidémies, n’ont eu d’autres ressources que la fuite, l’exil.  L’occident a alors vécu d’importants mouvements migratoires qui ne sont pourtant rien par comparaison  à ceux que nous connaîtrons à l’avenir, en particulier pour des raisons climatiques.

Je pourrais continuer cet inventaire à la Prévert tant les dangers qui nous menacent sont exponentiels. Peut-être au demeurant que ce monde en folie, épuisé par tant de soubresauts, finira-t-il par sombrer dans une ultime apothéose nucléaire, certains docteurs Fol amour n’aspirant qu’à expérimenter leurs derniers missiles à ogive atomique sur leurs ennemis héréditaires. La mèche peut être allumée un peu partout, en Inde ou au Pakistan sur fond de crise du Cachemire, en Israël ou en Iran où nul doute que les gardiens de la révolution à Téhéran, une fois en possession de l’arme, s’efforceront de transformer en réalité leur rêve de rayer les juifs de la carte du Moyen-Orient. Ou ailleurs encore, ce ne sont pas les motifs et les belligérants qui manquent.

Alors oui, je vous le demande, comment ce petit garçon ne serait pas effrayé par ce qui l’attend, à ce qui lui est promis par les adultes ? Il n’est pas besoin d’être une expert en géopolitique pour pressentir que rien ne sera plus  comme avant et que le pire est désormais possible, voire probable. Je souhaiterai tellement me tromper  car au fond la plupart d’entre nous ne souhaite qu’une chose, vivre en paix avec les siens et être heureux.

 C’est que je souhaite à tous pour cette année 2020, et tout spécialement aux plus déshérités de la planète, aux plus jeunes notamment, en espérant que les cieux seront cléments et pour une fois déjoueront les pronostics pessimistes.

Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono, ancien auditeur au Centre d’études diplomatiques et stratégiques