Youssou Ndour n’est pas seulement un artiste. Il est un monument vivant, une légende qui a fait résonner le nom du Sénégal bien au-delà de nos frontières. À travers sa musique, son engagement culturel, son rayonnement international, il incarne une fierté nationale que peu de figures publiques peuvent égaler. Et s’il fallait un symbole de réussite sénégalaise par le mérite, le travail et la constance, ce serait bien lui.
C’est pourquoi les propos récents du Premier ministre Ousmane Sonko, visant le groupe de presse du chanteur, sont non seulement regrettables mais profondément inquiétants. Accuser, sans fondement, ce média d’être dans le camp de l’opposition, c’est franchir une ligne dangereuse : celle qui confond contradiction démocratique et adversité personnelle.
Le groupe Futurs Médias, fondé par Youssou Ndour, fait partie du paysage médiatique sénégalais depuis plus de deux décennies. Il a contribué à structurer l’information, à donner une voix à de nombreux journalistes, à enrichir le débat public. Le réduire à une simple “machine politique” parce qu’il ne chante pas systématiquement les louanges du pouvoir en place est une attaque contre la liberté de la presse, mais aussi contre l’esprit même de notre démocratie.
Youssou Ndour mérite mieux que la suspicion. Il mérite notre respect, comme citoyen, comme entrepreneur culturel, comme patriote qui a toujours placé le Sénégal au cœur de ses choix.
En démocratie, on peut ne pas être d’accord avec une ligne éditoriale. On peut critiquer, répondre, argumenter. Mais on ne doit jamais criminaliser l’indépendance. Et surtout, on ne doit jamais faire d’un homme comme Youssou Ndour — qui a tant donné à notre pays — un ennemi, simplement parce qu’il reste libre.
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