Une grande dame tire sa révérence sans avoir tout dit : Hawa KEITA ethno sociologue chargée de mission au CD 94 Val de Marne

Nous sommes au regret de vous annoncer le décès d’Hawa KEITA survenu dans la nuit du 30 au 31 octobre.

Mme CAPPE qui l’aimait beaucoup et adorait travailler à ses côtés m’appelle pour m’annoncer la mauvaise nouvelle. Etes-vous au courant pour Hawa KEITA , je dis non , je vous écoute. On vient de m’apprendre qu’elle est décédée.

Je retiens mon souffle et je lui dis merci pour l’info. Elle était bouleversée, oui au-delà du travail, il y avait cette humanité qui les liait. Mais qui est et était Hawa KEITA ?

C’était une petite dame qui roulait à vive allure avec un esprit vif  et alerte, ce qu’il faut pour saisir une problématique et apporter des solutions. Oui c’était la professionnelle aux multiples clés pour analyser,  décortiquer une problématique pour enfin proposer une démarche, un protocole, le tout pour favoriser la rencontre avec l’autre qui a des représentations différentes.  Hawa savait écouter et entendre ce qui n’est pas simple et facile dans ce monde complexe ou chacun veut ériger sa puissance ou sa suprématie.

Elle était la solution et les agents qu’elle accompagnait, les parents qu’elle a aidé dans la gestion des conflits interculturels- conflits de générations, ou de parentalité. Le Conseil départemental du Val de Marne vient de perdre une personne ressource qui y a travaillé depuis les années 2012.

« Au cours de sa carrière, Hawa KEITA a été amenée à côtoyer bon nombre de professionnels, internes et externes au Département » dira une collaboratrice

C’est en 2002, je crois que je l’ai rencontré lors d’une conférence à Vitry Sur Seine, je débarquais de ma Franche Comté d’adoption-Besançon ;  pour parler parentalité et interculturalité.

En entrant dans la salle, je vois une table remplie d’objets divers, objets d’art , djembé , colliers , tissus, etc .. Oui, les objets sont un langage pour l’ethno sociologue. Ces objets font parler et attirent les regards

. C’est ainsi que je faisais quand j’enseignais comme vacataire à l’IUFM de Franche Comté, puis dans mes conférences ou formations ; dans les écoles, collèges et lycées, jusqu’à TAHITI en Polynésie Française.

A l’issue de la rencontre je viens me présenter à Hawa,  qui illico me copte et me dit, il faut qu’on se revoit pour échanger tranquillement, je pensais être seule à fonctionner ainsi mais je suis contente que vous soyez avec nous, en Ile de France et dans le 94.

Puis les années passent et je trouve un emploi au Conseil départemental du Valedemarne, elle entend parler de moi à travers Interval et Connaissance du Val Marne qui m’avaient fait l’honneur de parler de mes modestes compétences et de mes parcours .

Une autre occasion, un soir je me retrouve ave Hawa KEITA lors d’une rencontre initiée par le service communication de VALOPHIS Choisy le Roi, une responsable qui voulait que les différents acteurs dans la ville travaillent ensemble pour mieux gérer le Vivre ensemble, le respect  des infrastructures, le bon voisinage , etc :

Dans ce groupe de travail il y avait « Bailleur Valophis, Municipalité ( réussite éducative) , Parents, Ecoles » Hawa connaissait d’ailleurs beaucoup de familles en difficultés et  elle connaissait le terrain et y a géré des situations simples et complexes.

Nous avons échangé avec les acteurs sans tabous comme elle sait le faire.  Oui pour réussir dans une commune, il faut inclure et intégrer toutes les parties, mais cela passe par la connaissance des uns et des autres, sinon on croule sur les clichés et les errements qui nuisent le vivre ensemble.

Puis l’association Rayon de Soleil de Chennevière, que j’accompagne, organise une rencontre « Aider les parents dans l’accompagnement à la réussite scolaire»  c’était au collège Boileau. On m’informe que le département sera représenté par Hawa KEITA  et quelle ne fut ma joie de partager ce moment avec elle. On avait les mêmes idées que nous exprimions différemment je suis philosophe de formation alors que Hawa est passée par la sociologie. Les sciences humaines nous unissaient en plus de notre connaissance des traditions et coutumes sub sahariennes.

Cette vidéo du département est toujours en ligne.

Puis ma collègue Sonia VASSEUR me sollicite pour traiter d’un sujet tabou «  la sexualité chez les jeunes issus de l’immigration sub saharienne » Elle me dit, les éduc spec ont besoin d’outils pour aborder ce sujet. Je lui dis ok mais comme Hawa est dans les murs, je vais la solliciter pour croiser nos regards. Hawa accepte et me dit c’est une seconde occasion d’interagir avec moi . Oui j’aime partager le savoir et croiser les regards c’est toujours bénéfiques pour ceux qui nous écoutent et nous suivent.

J’avais co animé un cycle de formation au CPPA sur les « Visites à Domicile » avec le DR Annie BILLOT et j’avais proposé des formations avec mon amie et ma soeur ma collègue Hawa KEITA bien connue des travailleurs sociaux et autres. Hawa accepte mais le projet n’a pas abouti. Il y a 2 ou 3 mois, lors de là sortie d’un travail sur l’Interculturalité ( Mme CAPPE et autres)   nous avions bavardé pendant 45 mn, j’étais obligé de suspendre. Oui avec Hawa, nous abordions toutes les problématiques, toutes nos activités , les joies et les difficultés. Me voici triste, Hawa s’en est allée, mais elle laisse un grand vide  Elle a accompagné tellement de structures, instruit de professionnels, des familles  .avec comme leitmotiv, créer une relation féconde et harmonieuse qui passe par la connaissance et l’émigration de ses propres certitudes.

A chaque fois que Hawa est intervenue dans une situation,  il y a un progrès, les tensions baissent et les gens se parlent. Elle utilisait une technique du parallélisme ou du comparatisme et de l’entonnoir. Que prendre, que laisser, la-bas que fait-on, ici qu’est ce qu’on demande, où vis-tu,  etc etc.

Hawa, te voici partie très tôt, mais ton esprit et ta générosité, tes compétences seront toujours présentes et nous obligeront à continuer ce travail de médiation, d’intercesseur, de tisserand pour le bien de l’Humain.

Info pratiques

Mercredi 13 novembre 2024, à 14h30, à l’église Saint-Rémi (1 rue des Bretons, 94700 Maisons-Alfort)

Suivie de l’inhumation à 16h00, au cimetière local de Maisons-Alfort (33 avenue du Professeur Cadot, 94700 Maisons-Alfort)

Hawa était la personne pivot dans le Val de Marne elle savait faire et elle avait de l’empathie, du tact et de la générosité.

« Elle me faisait rire , Pape me dit elle,  j’ai rencontré quelqu’un a qui tu as parlé de moi en bien, et elle ajoute hé allah, quelle générosité intellectuelle et humaine. Beaucoup ne savent pas ou  refuse de reconnaître le talent et les compétences des autres, mais toi tu supportes et dis. Merci pour ce que tu fais »   Je l’entends dans mes oreilles et les souvenirs me reviennent  mais quand la faucheuse décide on y peut rien. Hawa Keita est dans ma bibliographie, je parle d’elle dans les conférences et enseignements. Elle avait produit un document de qualité sur les noms et la s statuts sociaux que j’utilise souvent.

Voici une vidéo de notre collaboration « Réussite éducative »

 https://www.youtube.com/watch?v=Jde-jCFILHY

 (Conférence réalisée en 2012) Tout enfant peut réussir dans ses études. Il faut trouver les bonnes recettes, des enseignants de qualité et des parents présents et à l’écoute. Les outils doivent être adaptés à l’enfant , chaque enfant à son rythme . Savoir lire est important mais un parent qui ne sait ni lire ni écrire peut par sa présence, ses encouragements accompagner son enfant Accompagner son enfant dans sa scolarité doit être nourri par un certain amour, une confiance et la motivation au travail. Le CG94, l’Association rayon de soleil de Chénnevière, le collège Boileau dans le 94 ont été à l’initiative de cette rencontre avec Pape Bakary Cissoko philosophe et Hawa Keita anthropologue).

DRDR Mauritanie 2013

Citoyenneté et co développement Hawa Keita y a participé était preuve de grande compétence

Dans un contexte marqué par une mondialisation des flux migratoires et des replis identitaires, les questions du rapport à l’Autre, de la diversité, de l’altérité et de la citoyenneté se posent. Le modèle dominant de la citoyenneté a tendance à présenter le citoyen comme un individu abstrait, capable de se « détacher » de toute forme d’appartenance. Les spécificités culturelles devaient être maintenues dans la sphère privée, tandis qu’une « culture civique » commune était supposée être partagée dans la sphère publique. Une autre approche et l’analyse de certaines pratiques remettent en cause tant la réalité que d’une telle représentation.

Des professionnels débattent de l’éducation

Le 16 novembre 2012 à 07h00

Les services sociaux du département et une cinquantaine de professionnels de l’éducation étaient réunis hier à Fontenay-sous-Bois. Dans le cadre de la Quinzaine de la solidarité internationale, ils ont planché sur le thème « Parents d’ailleurs face aux adolescents qui vivent ici ». Ils ont notamment pu écouter les conseils d’Hawa Keïta, ethno sociologue, chargée de mission au conseil général, elle-même originaire du Mali. « Souvent, les obstacles entre les parents et les professionnels viennent de différences culturelles, leur a-t-elle assuré. Même si cela n’explique pas tout, le brassage de la population val-de-marnaise peut engendrer des soucis de compréhension. » Pendant tout l’après-midi, les professionnels ont participé à des ateliers pratiques, sur le mariage contraint, les difficultés d’un père et son fils dans un foyer de travailleurs migrants ou encore comment accueillir une famille au sein d’un centre communal d’action sociale.

Toutes mes condoléances à sa famille, ses amis es, à Diabou Mélody KEITA, aux collègues, et à Mme CAPPE,

Pape Bakary CISSOKO