Syrie: après de violents affrontements à Soueïda, un cessez-le-feu annoncé par le ministre de la Défense

Ce mardi 15 juillet, le ministre syrien de la Défense a annoncé un « cessez-le-feu total » à Soueïda, après des affrontements entre combattants et les troupes gouvernementales. Un peu plus tôt, l’armée syrienne est entrée dans le fief de la minorité druze, et a imposé un couvre-feu. Les chefs spirituels de cette communauté avaient autorisé l’entrée des forces syriennes, après plusieurs jours d’affrontements entre combattants druzes et bédouins qui ont fait une centaine de morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Les forces gouvernementales syriennes « ont commencé à entrer à Soueïda », ville à majorité druze dans le sud de la Syrie, jusque-là tenue par des combattants de cette minorité, a annoncé, mardi 15 juillet, le ministère de la Défense.

De violents affrontements ont lieu, a rapporté un correspondant de l’AFP posté à l’entrée de la ville. Un communiqué des autorités religieuses druzes avait appelé les combattants de cette communauté à remettre leurs armes sans résistance. Mais l’un des signataires, l’influent cheikh Hikmat al-Hejri, a par la suite appelé dans un communiqué séparé à « faire face à la campagne barbare », accusant Damas d’avoir failli à ses engagements en continuant de bombarder la ville. De son côté, l’agence officielle syrienne Sana a indiqué que l’aviation israélienne avait visé Soueïda.

Après plusieurs annonces contradictoires, le ministre de la Défense Mourhaf Abou Qasra a annoncé, via son compte X, « un cessez-le-feu total, après un accord avec les notables de la ville ». 

Les chefs spirituels druzes avaient préalablement indiqué dans un communiqué approuver l’entrée des forces gouvernementales à Soueïda et appelé les factions druzes à leur remettre leurs armes, après l’annonce du ministère de l’Intérieur qui avait proclamé un couvre-feu dans la cité. Le ministère de la Défense a ensuite indiqué que les forces gouvernementales entraient dans la ville et a appelé ses habitants « à rester à la maison et l’informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi », en référence aux groupes druzes armés.

L’entrée des troupes gouvernementales intervient après deux jours d’affrontements, qui ont initialement opposé des combattants druzes à des tribus bédouines dans la région et fait une centaine de morts. Les forces gouvernementales étaient intervenues, affirmant vouloir pacifier la région, mais ont pris part aux combats contre les factions druzes aux côtés des bédouins, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des témoins et des groupes druzes.

Des négociations avaient été lancées hier lundi entre les autorités syriennes et des représentants des druzes pour parvenir à un arrêt des combats dans cette région à majorité druze.

Envoyer un signal aux provinces rétives au pouvoir central

Sur la route M5 entre Damas et Soueïda, des chars, des blindés et des soldats contrôlent le check-point à l’entrée du gouvernorat, d’ordinaire tenu par les Druzes. Ce barrage est désormais sous contrôle d’hommes rattachés au ministère de la Défense syrienne, rapportait notre envoyé spécial à Soueïda, Mohamed Errami, quelques heures avant l’entrée de l’armée syrienne. Les villages alentour, à majorité druze, sont désertés… Une épaisse fumée obscurcit le ciel et son odeur âcre imprègne l’air. Les Druzes ont fui, se réfugiant au centre-ville de Soueïda, à trois kilomètres de là. La ville est bouclée. L’un de ses habitants témoigne par téléphone : « Nous avons peur, on reste chez nous. Ils n’ont pas encore atteint ma maison. Il y a énormément de blessés lourds, plus de 200 personnes. L’hôpital est saturé, sans parler des déplacés. »

Pour les nouvelles autorités syriennes, l’enjeu dépasse le seul gouvernorat de Soueïda. Comme lors des événements survenus en mars dans la région côtière, cette offensive est aussi un test politique : asseoir leur autorité sur l’ensemble du pays, en envoyant un signal clair aux régions rétives.