« Soir d’Info » sur TFM : Me Doudou Ndoye livre une critique acerbe du système judiciaire sénégalais

L’ancien ministre de la Justice et avocat Doudou Ndoye a livré une critique acerbe du système judiciaire sénégalais lors de son passage dans l’émission « Soir d’Info » sur TFM ce lundi 15 juillet 2025. Au cœur de ses préoccupations : les pouvoirs jugés « excessifs » des procureurs.

S’exprimant sur l’actualité judiciaire marquée par l’incarcération récente de Badara Gadiaga, Maître Ndoye a pointé du doigt un dysfonctionnement structurel du système. « Les procureurs ont trop de pouvoir au Sénégal. Ils mettent des personnes en prison directement », a-t-il déclaré sans détour.

L’ancien garde des Sceaux établit une comparaison avec le système américain pour étayer son propos : « Aux États-Unis d’Amérique, seul un juge a le pouvoir de mettre quelqu’un en prison, pas un procureur. Un procureur c’est comme un avocat ».

Plus virulent encore, Doudou Ndoye s’attaque au principe même de la présomption d’innocence tel qu’appliqué au Sénégal. « La présomption d’innocence est une fumisterie. Et c’est pire qu’une fumisterie, c’est une fumisterie légale », assène-t-il.

Il dénonce le paradoxe du système actuel : « On nous dit vous êtes présumé innocent. Mais on nous dit en même temps, je pense que vous êtes coupable, en prison ».

L’avocat insiste sur ce qu’il considère comme le mal profond de la justice sénégalaise : l’incarcération sur la base de simples présomptions. « Au Sénégal, toutes les poursuites pénales reposent sur des présomptions de fautes. On va dire monsieur untel, nous pensons que vous avez commis telle faute. Ils ne disent pas nous donnons la preuve ».

Cette pratique, selon lui, détruit des vies : « Présomption, c’est je crois, je pense. Je crois, je pense, je détruis votre vie. Et si un jour la preuve contraire est là et que vous êtes acquitté, vous avez fait 6 mois de prison ».

Face à ces dysfonctionnements, Maître Ndoye plaide pour une réforme du système judiciaire : « Dans un pays comme le Sénégal qui doit progresser dans son droit, on doit progresser. On doit changer ces textes et donner plus de garanties à toutes les populations de notre pays pour qu’elles ne soient pas en prison pendant qu’elles sont jugées comme étant des innocents ».

L’ancien ministre, qui défend notamment Farba Ngom dans le cadre d’une procédure judiciaire, appelle à s’inspirer du modèle américain où « vous ne pouvez pas penser que telle personne a commis un délit même si vous le savez et l’arrêter » sans l’intervention d’un juge.