Ousmane Sonko a demandé aux ministres de se préparer pour la «première» Loi de finances rectificative. Ce qui pose la question de la sincérité du budget 3 mois seulement après son adoption.
Par Malick GAYE –
Le budget du Sénégal pour cet exercice est-il sincère ? La question se pose à la lecture du communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi. Le Premier ministre a exhorté les ministres à «enclencher la phase opérationnelle en finalisant les feuilles de route du portefeuille de projets retenues à l’issue de ces sessions de lancement thématiques et à ajuster sur cette base, au besoin, leurs Lettres de politique sectorielle (Lps), en perspective de la première Loi de finances rectificative 2025». Dans ce cadre, souligne le communiqué, il a fait part, dans le contexte actuel des finances publiques, des arbitrages budgétaires qu’il soumettra au président de la République après concertation avec les ministres en charge du Budget et de l’Economie.
Ainsi, après 3 mois d’exercice budgétaire, le gouvernement se penche déjà sur l’élaboration d’une nouvelle Loi de finances. S’il est dans l’ordre naturel des choses de procéder à des ajustements budgétaires, il n’en demeure pas moins inquiétant de le faire après 3 mois d’exercice, sans qu’il n’y ait une entrée d’argent significative qui n’était pas prévue. A cet effet, on peut s’interroger sur la sincérité du budget. Pourquoi avoir voté le budget de 2025 dans les conditions que l’on sait si c’est pour le modifier 3 mois après ? Naturellement, la Lfr va intégrer les mesures correctives qui vont redresser les finances publiques dont la Cour des comptes a prouvé le «mackyage». Une chose qui pouvait être faite avant le vote du budget de 2025. Pourquoi le gouvernement, qui savait que les chiffres des finances publiques sont faux, n’a pas pris les devants pour élaborer un budget en conséquence ? Pourquoi avoir sciemment perdu autant de temps ? Qu’est-ce qui est derrière cette volonté de revenir en arrière ? Ce sont autant de questions sans réponse pour le moment.
Faut-il le rappeler, la Cour des comptes a déclaré que les chiffres présentés par l’ancien régime étaient falsifiés, notamment sur la dette et le déficit budgétaire. Le gouvernement avait fait un audit dont les résultats ont été envoyés à la Cour des comptes pour la certification. Bien que la certification soit sortie en 2025, l’actuel régime avait pratiquement toutes les données. Et par conséquent, il pouvait initier la correction en l’intégrant dans le budget. Chose qui n’a pas été faite. Il faudra chercher le pourquoi.
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