Sextus Empiricus (IIᵉ-IIIᵉ s. ap. J.-C.) est le dernier philosophe sceptique de l’Antiquité, et le seul dont l’œuvre soit en grande partie conservée. Dans son Contre les dogmatiques, il critique à tour de rôle ce qui était considéré à l’époque hellénistique comme les trois parties de la philosophie : la logique, la physique et l’éthique.
Le Contre les moralistes constitue la dernière partie de cet ensemble de traités visant à explorer la voie sceptique. Sextus Empiricus y établit essentiellement que le bien, le mal et l’indifférent n’ont pas de réalité, et qu’il ne saurait y avoir d’art de vivre, touchant ainsi aux fondements de la conception antique de la philosophie. Derrière cette mise en ruine de la morale, qui paraît trancher avec l’habituel refus sceptique de juger, se laisse néanmoins entrevoir la perspective d’un bonheur sceptique et les contours d’une morale paradoxale, qui marie conformisme de fait et anticonformisme de principe.