Le chef de l’État multiplie, depuis un mois les gestes de décrispation sociale, les déplacements secrets et les visites auprès des guides religieux et des élus locaux. Une tactique qui met en difficulté ses opposants. Depuis son élection le président a couru les sommets internationaux, enchaîné les inaugurations de ses projets ou plus au moins ses éléphants blancs pour se retrouver, au bout du compte, maintenu à l’isolement dans son palais. Et pour manifester sa présence, il brandit la chicote pour empêcher ses partisans de débattre sur l’éventualité d’un troisième mandat.
En revanche l’opposition est aphone, à l’image de Idrissa Seck, emmuré dans un silence abscons, d’un Sonko considéré par un analyste politique comme un don de Dieu mais embourbé dans des accusation – dénonciation qui reflètent en rien un cap et une vision pour construire un autre avenir enchanteur pour les sénégalais. Quant à Khalifa Sall fraîchement sorti de prison, il refuse par stratégie ou aussi par peur d’aborder son avenir politique. S’il bénéficie d’une grâce, Khalifa Sall n’est pas pour autant amnistié. L’amende à laquelle il a été condamné reste due et sa condamnation n’est pas effacée, ce qui ne lui permet en principe pas de recouvrer ses droits civils, notamment celui de se présenter à une élection. Il proclame partout qu’il n’est pas animé par la haine, ni par la rancœur. Un nouveau chantre de la paix qui ne renie pas ses convictions.
Mais jusqu’à quand peut-il retenir sa troupe qui le voit déjà président en 2024. Ses partisans s’entre-déchirent pour des questions de positionnement. Les jeunes loups de l’opposition se bousculent pour s’afficher avec lui. Ses anciens détracteurs n’hésitent pas à colporter des histoires fantaisistes pour mieux se rapprocher de lui. Son grand défi serait de regrouper sa famille politique. L’ascension présidentielle passe ainsi forcément par sa capacité à réconcilier les deux camps socialistes.
Le messie en politique n’existe pas car chacun doit apporter sa pierre pour construire l’édifice SÉNÉGAL. Il est impérieux pour toutes les forces du changement de concevoir et de promouvoir des projets alternatifs crédibles, des approches politiques novatrices et efficaces, bref de jeter les bases de l’instauration d’un nouvel ordre politique et d’une alternance en douceur.
Pour finir avec l’antienne qui a toujours valeur de baume réparateur. «Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console » : qui, dans le champs politique n’a pas eu recours à cette formule, dans ce paysage sombre où aucun leader n’incarne un changement ou un espoir. L’opposition est en panne de recettes et de stratégie. Le climat socio-politique sénégalais aujourd’hui est délétère. Tous les cadres de concertation sont bloqués.
Ainsi le dialogue national n’a abouti qu’à la prolongation arbitraire du mandat des élus. Une escroquerie qui encore, n’honore pas les hommes politiques.
Vivement un renouvellement des idées et des hommes !
Ibrahima Thiam
Président Autre Avenir