Retrait surprise des soldats de la SADC

Un sommet virtuel des chefs d’État membres de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) a décidé de la fin de la mission des soldats envoyés en RD Congo et de leur retrait progressif.

Cette décision surprise a pris de court les autorités de Kinshasa, qui ne comprennent pas les motivations et, surtout, le timing.

En effet, malgré le cessez-le-feu exigé par l’Union africaine et le sommet des États de l’Afrique de l’Est, les combats continuent dans le Nord-Est du Congo, certes avec moins d’intensité, mais avec une progression constante des rebelles du M23.

Dans ce contexte, Kinshasa essaie de mobiliser tous ses soutiens sur les plans de l’effort de guerre et de la bataille diplomatique.

La fin de mission des troupes de la SADC est un coup dur qu’il faudra encaisser.

Quant aux raisons d’un tel choix de la part des États de l’Afrique australe, il y a des considérations internes : 18 soldats tués depuis 2023 (sur 1 300).

Ce sont des pertes « faibles », mais, pour l’opinion publique sud-africaine (pays qui a payé le plus lourd tribut : 14 morts), c’est difficile à accepter.

Parce que les raisons d’une implication militaire du pays ne sont ni clairement expliquées, ni comprises.

Le président Ramaphosa avait réaffirmé l’engagement de son pays vis-à-vis de la RD Congo et annoncé qu’il resterait solide tant qu’un cessez-le-feu ne serait pas décidé et appliqué.

Mais c’était sans compter avec les critiques acerbes de l’opposition sud-africaine qui, par la voix de Malema (une des figures de proue de l’opposition), a trouvé « injustifiée cette intervention au Congo » et exigé son arrêt.

L’Afrique du Sud, qui fournit 1 000 des 1 300 soldats déployés, est dans une situation politique complexe. L’ANC n’a plus la majorité au Parlement, où elle compose avec le parti Alliance démocratique, une recomposition des « héritiers des forces politiques blanches » minoritaires et d’autres petits partis.

La continuation de la guerre au Congo, avec les risques de pertes en vies humaines, fragiliserait encore davantage Ramaphosa, dont les troupes ne font pas le poids face aux rebelles du M23, soutenus par au moins 4 000 combattants rwandais aguerris.

Le retrait des troupes de la SADC témoigne d’un réalisme politique qui affaiblit, cependant, la position de l’État sud-africain sur l’échiquier continental.

Géant politique, Pretoria montre les limites de ses ambitions diplomatiques et militaires sur le théâtre d’opération congolais.

Kinshasa devra miser sur la solution diplomatique, avec l’ouverture des négociations directes avec le M23, prévues le 18 mars (mardi prochain) à Luanda.

Ce sera sous l’égide de l’Union africaine, représentée par son médiateur, le président angolais Lourenço.

Tshisekedi ne sera pas en position de force et a intérêt à jouer la carte de la souplesse et/ou du « compromis dynamique ».

Le terrain militaire est incertain, pour le moment, même si les avancées des rebelles ne sont plus spectaculaires.

Des conditions favorables se dessinent avec les pressions occidentales contre Kagamé, qui le poussent à mettre un bémol, et peut-être à accepter une solution provisoire pacifique.

Le départ progressif des soldats de la SADC ouvre un nouveau chapitre politique, avec des opportunités à saisir pour les Congolais.

 

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