RDC: vives réactions après la peine de mort requise contre l’ex-président Joseph Kabila

La peine de mort a été requise, le 22 août à Kinshasa, contre l’ancien président de la République démocratique du Congo. Joseph Kabila est jugé par contumace pour complicité avec le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.  

En RDC, la peine de mort requise à l’encontre de l’ex-président congolais Joseph Kabila, jugé par contumace devant la Haute Cour militaire pour une supposée collusion avec la rébellion du M23/AFC, fait réagir. Son parti, le PPRD, parle « d’un procès bidon qui ne surprend pas ».

Rencontré par notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa, Emmanuel Ramazani Shadary, est le secrétaire permanent de l’ancien parti présidentiel congolais : « Depuis le 25 juillet 2025, j’ai annoncé que c’était un procès bidon. C’est une décision politique à laquelle on va donner un habillage judiciaire, par les juges de la Haute Cour militaire, estime-t-il. C’est un procès inique, non équitable, encore moins équilibré, qui est d’ailleurs un non-événement. On y voit la haine transpirer envers quelqu’un qui vous a tout donné. Cette décision rend Joseph Kabila encore plus fort et résistant à jamais. C’est pourquoi, je me limite à demander à nos cadres et militants du PPRD et tous les kabilistes de rester sereins, jusqu’à la victoire démocratique, car il n’y a rien. »

« Une manœuvre politique cynique »

L’opposant congolais Moïse Katumbi, à travers son parti Ensemble pour la République, a, lui, dénoncé dans un communiqué une « manœuvre politique cynique » destinée à « réduire au silence un acteur majeur » et à « semer la terreur » dans le pays.

« Nous considérons ces réquisitions comme un acte politique qui vise à faire taire tous ceux qui ne font pas allégeance à la pensée unique du pouvoir, regrette Dieudonné Bolengetenge, secrétaire général d’Ensemble pour la République, plus grand parti d’opposition au Parlement en RDC. Il y a du cynisme dans cette démarche, une absence de pudeur à vouloir régler des comptes en se servant de l’instrument judiciaire, une injustice aux ordres. Nous sommes un pays de diversité et lorsque l’on remet en cause un leader, on doit le faire dans les règles de l’art et ce n’est pas le cas. »

Appels à rejeter « un simulacre de justice »

Selon Dieudonné Bolengetenge, « si on utilise la justice comme une arme de répression, de persécution des opposants, on va pousser beaucoup d’acteurs politiques, pas seulement Joseph Kabila, à la radicalisation. Ça risque de nous amener au chaos. Or, c’est tout le contraire qu’on a cherché dans l’accord de Washington, les déclarations de principe des droits. Nous appelons nos partenaires pour qu’ils rejettent ce simulacre de justice. Et qu’ils insistent pour que le dialogue soit le cadre dans lequel nous irons chercher des solutions. Il ne faut pas qu’une clique impose sa volonté à tout le reste de la nation. »

Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales, une autre plateforme anti-Tshisekedi parle d’un « feuilleton politico-judiciaire, mis en scène » preuve « supplémentaire de l’instrumentalisation abusive et éhontée de la justice » pour régler des comptes aux opposants par le président Félix Tshisekedi. Le réquisitoire du ministère public est considéré comme un « coup dur porté à notre vivre-ensemble, à l’unité nationale et à l’esprit républicain ».