Lancée le 26 mars sur Paramount+, la série Rabbit Hole marque le grand retour de Kiefer Sutherland dans son genre de prédilection, le thriller d’espionnage. Après avoir incarné l’inoubliable Jack Bauer dans 24 heures chrono, l’acteur reprend du service, mais dans un registre bien différent. Et en tant que journaliste spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication, je ne pouvais rester indifférent devant cette œuvre.
Autant au début des années 2000, 24 heures chrono m’avait fasciné par la puissance de l’informatique au service de la surveillance — pour traquer “terroristes” et “criminels” — autant aujourd’hui, Rabbit Hole me frappe par la justesse avec laquelle elle décrit la réalité technologique de notre époque.
Ici, il n’est plus seulement question d’espionner ou d’intercepter des communications. La série nous plonge dans un monde où la manipulation de l’information, l’exploitation massive des données, le contrôle psychologique et l’espionnage économique sont devenus des armes redoutables. Rabbit Hole parle d’algorithmes prédictifs, d’intrusions via les adresses IP, d’utilisation des big data pour anticiper et modeler les comportements. Elle expose avec intelligence comment, à travers le web, le tracking, la collecte de données ou encore la désinformation, on peut influencer des marchés, des opinions… voire des nations entières.
J’ai été particulièrement frappé par la manière dont la série mêle habilement fiction et réalité, évoquant des références directes à notre monde : l’emprise des réseaux sociaux comme Facebook, la manipulation politique, et même des figures contemporaines comme Vladimir Poutine. Rabbit Hole offre ainsi une cartographie inquiétante, mais ô combien réaliste, de notre planète numérique.
En tant que passionné de technologie, je dois avouer que je suis totalement subjugué par cette série. Non seulement pour son intrigue haletante et ses rebondissements, mais surtout pour sa capacité à montrer, sans exagération, comment le numérique façonne désormais la marche du monde.
Petit clin d’œil personnel : alors que j’étais encore collégien à Saint-Louis du Sénégal, j’ai passé toute une nuit — de 22h à 7h du matin — plongé dans 24 heures chrono, incapable de décrocher. Jack Bauer a longtemps été mon héros, symbole du combat contre le chaos à l’aide des outils high-tech. Aujourd’hui, dans Rabbit Hole, c’est un Jack différent que je retrouve : un espion manipulateur, plus ambigu, conscient que la technologie est aussi un formidable outil de domination.
Et c’est peut-être cela, au fond, le message le plus fort de Rabbit Hole : nous rappeler que l’ère numérique que nous célébrons est aussi une ère de grandes vulnérabilités.