Pour Un Nouveau Pacte entre l’État et sa diaspora (par Amadou SYLLA)

La diaspora sénégalaise n’est pas une périphérie. Elle n’est pas une simple source de transferts financiers. Elle est un pilier du développement national, une force citoyenne, culturelle et économique qui mérite reconnaissance, protection et représentation.

Aujourd’hui, des milliers de compatriotes vivent dans la précarité administrative, privés de titres de séjour durables ou confrontés à des refus de renouvellement. Cette insécurité fragilise leur quotidien et limite leur capacité à contribuer pleinement à la vie nationale. Dans le même temps, l’assistance juridique et sociale reste insuffisante, laissant trop de Sénégalais de l’extérieur seuls face aux discriminations et aux abus.

Nos enfants, nés à l’étranger, risquent de perdre le lien avec leur identité et leur culture faute de programmes éducatifs adaptés. Nos investissements, souvent réalisés avec courage et sacrifice, ne bénéficient pas de la protection juridique nécessaire. Et notre rôle politique, pourtant essentiel, demeure sous-représenté dans les institutions nationales.

Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 3 millions de Sénégalais vivent à l’étranger, représentant environ 5 % de la population nationale. En 2023, leurs transferts financiers ont atteint 1 842 milliards de francs CFA, soit près de 10 % du PIB. La diaspora contribue davantage que l’aide internationale au développement et constitue l’un des principaux moteurs de la vitalité économique du pays.

Face à cette réalité, il est urgent de bâtir un nouveau pacte État–diaspora. Ce pacte doit garantir :
•⁠ ⁠La régularisation administrative des compatriotes en situation précaire.
•⁠ ⁠Le renforcement de l’assistance juridique et sociale.
•⁠ ⁠La mise en place de programmes éducatifs et culturels pour les enfants de la diaspora.
•⁠ ⁠La sécurisation des investissements par des mécanismes de garantie adaptés.
•⁠ ⁠Une représentation politique renforcée et légitime.

Ce pacte n’est pas une faveur. Il est une nécessité. Car chaque Sénégalais, où qu’il vive, demeure acteur du destin national. Reconnaître pleinement la diaspora, c’est reconnaître une part essentielle de nous-mêmes.

Amadou SYLLA
Président de l’association SOS CASAMANCE – PARIS