« Un livre une fois édité échappe à son auteur ». P B CISSOKO
Il était attendu et le voici entre nos mains convoquant notre sagacité.
Le titre interpelle et déroute, telle est aussi la caractéristique de l’art et de la philosophie.
Un roman de la traversée qui fait tomber les masques et les simulacres, rien n’échappe au regard de l’auteur et tout y est dit ou presque.
Je savais que ce roman préfacé par le Pr Djibril SAMB ne pouvait qu’être bon et généreux pour comprendre le monde et son théâtre.
J’ai ri, j’ai sourcillé pour exprimer ma surprise quand le Pr se lance dans le récit de ce corps à corps du couple « d’amoureux, les étreintes, les ébats, les gestes la fougue » La beauté de la surprise, l’étonnement qui est au début de la philosophie.
Notre société et la société dans sa globalité injecte une certaine culture du déchet, ce monde ou prolifèrent de façon virale les abus contre ceux dont on nie la dignité et l’existence, ou grandissent l’indifférence, l’individualisme et le narcissisme futiles
Rien de ce qui fait l’humain n’est écarté.
Et Khalifa DIAKHATE ami et confident de l’auteur (les deux ce sont faits) nous dit « L’auteur met le couteau dans la plaie. Un regard panoramique impressionnant » P 136
Si on dit que le philosophe est à côté de la plaque, c’est se méprendre sur la capacité de distanciation et de présence du penseur philosophe pour dire le monde.
Le philosophe est au cœur de tout sans manquer de prendre ses distances pour ne pas être aliéné, il veut penser librement.
Le Pr SONGDE celui que la Tv aime écouter et voir se lancer en furie pour déclamer, tel un poème ; le philosophe est un esprit solaire libre et « vagabond (mobilité)contraire d’habiter (sédentaire) » qui n’a pas de refuse pour refuser la sédentarité qui phagocyte et pollue le regard critique
-Délire est un trouble psychique qui se traduit par une confusion des idées, de tout, une déformation des choses et de la réalité. Ainsi on dira que qui délire divague, il est fou, il est dément voire fou
-Délices c’est un plaisir vif et délicat
-Dérives cf éloignement, dérivation, déviation, dévoiement ou recul
- Lifa –Dëkulfeen lifa qui n’habite Nulle part ( traduction K Diakhaté)
Feenndëkul anagramme du premier et qui désigne la même chose
Notre ami Songdé aime jouer avec les mots Mais c’est la vie et comme définissait la philosophie le Pr DESANTI : le philosophe est un « flambeur un joueur » ainsi que le Pr Mame Moussé Diagne tel Nietzsche qui disait vouloir écrire avec son pied, contrairement au lourd verbiage des allemands, qui mangent de la pomme de terre lourde et boivent de la bière ( constipation langagière).
Ces mots chargés qu’il envoie et attend que le lecteur se l’approprie sans manquer de titiller de froncer les yeux de l’esprit.
« On écrit pour ne pas mourir, c’est juste après la mort ; C’est pour échapper à l’angoisse car l’angoisse c’est Dieu qui s’éloigne »
On pensera ici pour faire du prétexte référence au Phèdre de Platon quand l’écriture vient nous sauver de la mort pour demeurer durablement quand la mémoire disparait avec la personne.
Puis Le Pr SONGDE laisse la primeur au Pr SAMB le maitre des maitres pour préfacer son ouvrage ;
Comme je le disais le titre accroche « Dès la première de couverture de ce livre, c’est l’éclatant foyer paronymique en quoi consiste son titre qui retient l’attention « Pr D SAMB
D. SAMB nous entraine pour nous rafraichir la mémoire en définissant le Roman « Œuvre de fiction en prose qui, traditionnellement, allie le récit de la destinée d’un ou plusieurs personnages, de description du monde dans lequel ils évoluent et l’analyse de leurs caractères, de leurs moeurs; genre constitué par telles œuvres »
Où veut nous conduire le Pr SONGDE, avec lui on ne sait jamais son esprit bouillonnant et chargé peut combiner des mots? des idées? tel un chimiste pour produire? un je ne sais quoi? qui encore pose question.
Mais si nous voulons aller vite? nous dirons ici? que SONGDE nous expose la vie d’hier? interroge le présent et image l’avenir. On est comme dans un tryptique- 3 temps.
L’amour plutôt que le bonheur …oh Songde, quand vas-tu nous laisser digérer ce qu’on a lu précédemment.
Il enfonce le clou et nous peint l’expression fougueuse de l’amour de l’amant à son amante « il lui imprima un chaud baiser »
Le Pr nous dépeint chaque personnage, pour exprimer le monde tel qu’il est et chacun arbore sa figure et son rôle tel une pièce de théâtre.
Lifa cet être complexe est en perpétuel questionnement, tel karl Jaspers en route pour comprendre ce qui lui échappe. Il compare le passé et la modernité qu’il critique comme volonté d’aliéner le citoyen embarqué dans une dynamique qui l’échappe.
Mais encore, que veut nous dire SONGDE, doit-on rester silencieux et enfermer cette parole vide comme le tonneau.
Notre société actuelle promeut les gros parleurs et la société par une certaine complicité leur accorde plus de crédit hélas.
Notre auteur connaît parfaitement le monde bruyant de la parole contrairement au monde des sages si silencieux mais pas ignorants.
L’amour occupe une grande place dans ce roman, qui brasse tous les pans de la société et le couple ici, nous le démontre à chaque fois que c’est possible, comme pour convoquer notre intelligence. «c’est le corps qui me fait expérimenter autrui».
Le Pr SONGDE est un vrai philosophe, il n’écarte rien et Lifa en témoigne, lui qui parle d’amour, d’altérité, de politique, de poésie, de création, du passé, du présent, de l’avenir, de la nature, de la religion, espace public violenté et d’éthique.
Rien n’est étranger au philosophe qui pense la totalité.
Un conteur né on se rappelle son émission « mots contre maux « Tfm ou il s’envole tel NIETZSCHE prit par un démont se met à verser du vin sur la tête des passants.
Oui dans ce beau roman ou la vie dans sa totalité est présentée, discutée et réfléchie, le Pr SONGSDE nous invite à nous repenser et il n’hésite pas à nommer des personnages qui ont marqué son parcours de vie.
Chaque personnage cité marque une page de l’histoire de l’auteur lais aussi du pays. Une reconnaissance une estime, oui le Pr SONJGDE rend hommage aux hommes et femmes de qualité, qui ont su donner du bonheur et de la joie «Golber DIAGNE, Souleymane B Diagne ; Mame Moussé DIAGNE, Doudou Diène, Bara Diouf, Abdoul Madjib Sene, Laye Diaw Raymond KOPA. Ces invocations marquent une époque, un temps et un lieu qui existent donc qui habitent quelque part….
Fin connaisseur de la presse, dont il est acteur critique, il n’hésite pas à dire «on s’y plagie de façon éhontée, excellent dans la délation, le mensonge, l’intoxication, la désinformation.
« Une telle presse ne forme plus mais déforme, crétinise »
En fin analyste, il voit les dérives dans les foyers, la tv et les portables, qui cassent et façonnent l’âme d’une famille traditionnelle.
La modernité, soit disant occulte la tradition alors que les deux pouvaient vivre ensemble de façon harmonieuse.
Voici Fatima feendëkul au chap 4 nous est présentée comme la beauté fatale qui regroupe en une unité les caractères du «sauvage, suave, de doux»
Cette beauté, est l’objet de convoitise et elle était ce tombeur d’hommes.(nous connaissons tous ces effets dans la cité quand il s’y trouve une fée).
Mais cette union est celle des contradictions qui caractérisent beaucoup de couple, Songde décrit ce couple avec des mots et une finesse qui fait rire et inquiéter à la foi, pour laisser la place aux interrogations « la difficulté d’être » « les femmes ont fait d’elles-mêmes une telle arme pour agir sur les sens, qu’un jeune homme même un vieillard ne peuvent demeurer tranquilles en leur présence »
Cette beauté qui vit dans un monde que seule la, folie révolutionnaire peut changer et Songde de dire «il en est de la folie comme de l’amour, les deux é,trangement mêlés pour dire le sens de la vie : toujours beaucoup de folie dans l’amour ».
Au passage notre philosophe à travers la personne de Fatima, pointe l’enfantillage des personnes, en ce sens que la famille choisit toujours pour leur progéniture et ce qui crée des tensions insoupçonnées et des dérives : aimer par devoir est-ce aimer librement?
Dans ce roman total le Pr SONGDE nous parle simplement de l’amour.
Notre ami Songdé, comme je le disais tantôt, convoque la géopolitique en fin liseur et penseur observateur.
Socrate était ainsi dans sa Grèce antique, sa capacité à dire la cité, lui a valu de boire la ciguë par punition.
La figure de fatima qui est intenable, exprime à elle seule cette volonté de liberté-licencieuse pour savourer la volupté du corps-désir..
Un roman qui témoigne de l’érudition de l’auteur, une connaissance altruiste et ouverte sur les philosophies non occidentales qui sont souvent occultées ou ignorées des corpus.
La spiritualité, comme un moment où l’être s’élève, tel la chouette de minerve ou l’apprenant qui ayant beaucoup appris, se trouve dans une situation qui le prend, pour le conduire dans les hauteurs insoupçonnées du Vrai savoir.
En introduisant Al Ghazali, le Pr SONGSE nous montre à quel point il est important de prendre le marteau qui casse pour mieux trouver son chemin, en évitant les chemins obtus et de traverses en politique.
Pour être droit l’Homme doit refuser 4 choses qui font flores dans ce nouveau monde :
– Refuser les disputes stériles
-Eviter les sermons aux gens
-Eviter la fréquentation des princes, sultans, hommes politiques et autres gouvernants
-Refuser le dons, offrandes, etc» Lettre au disciple/GHAZALI
On dit souvent, que le philosophe est un marginal qui ne sait rien de la vie concrète comme Thalès, englué dans ses pensées, tombe dans un puit.
Non, notre romancier philosophe, connaît sa société qui l’a vu naître, il est le fruit de cette société dans laquelle il a du mal à se reconnaître et il convoque son Pr S B DIAGNE qui dans son ouvrage « Philosopher en islam » parle des maux de la religion, ces choses, ces actes qui font du mal aux musulmans.
El Hadj Songde DIOUF, nous promène comme il veut, dans la vie et nous ramène aux grands philosophes, peut-être, pour demander de lire et de penser pour éviter les délires et dérives et mieux savourer les délices ; oui le savoir permet de distinguer, de bien choisir, pour tracer sa vie comme le fait le Pr Djibril SAMB qui décide, traduit, et choisit son mode d’existence ; philosopher c’est vivre et chaque moment appelle la joie
Mythe ou réalité délire ou délices l’homme est perpétuellement en quête de …
Un roman de qualité qui vous promène partout.
En lisant cet ouvrage, simple de prime abord, mais dense quand on veut se mesurer aux idées qui traduisent la condition de l’être.
Une grande culture de SONGDE qui englobe la tradition, la littérature avec ses grands classiques et les philosophies du monde.
A chaque lecture, je vois un auteur, une pensée déjà rencontrée et c’est avec fécondité que l’ami Songde, nous conduit dans les sphères de la connaissance qui est un livre ouvert ; tel Socrate initiant l’élève non pas à la philosophie mais à philosopher par lui-même
Il faut approprier son propre chemin et cela ne s’improvise pas, il faut lire, fréquenter des auteurs, écouter, tel le nain juché sur l’épaule des géants.
Un ouvrage de qualité, un auteur généreux et simple qui ne veut que partager, dire, décrire, inviter à la réflexion et analyser, donner son point de vue en toute modestie.
Excellent, j’ai eu un grand plaisir à le lire et j’ai adhéré.
Pape B CISSOKO- Paris –philosophe, doyen de Songdé DIOUF au lycée Djignabo de Ziguinchor, il y a fort longtemps Rires