Deux ans après sa nomination à la Primature, Ousmane Sonko semble tourner en rond, incapable de traduire en actes les grands idéaux qu’il portait. L’homme qui se voulait le symbole d’une rupture politique et morale finit par incarner la continuité du désenchantement. L’exercice du pouvoir, loin de le révéler, l’a mis à nu.
Les Sénégalais espéraient un bâtisseur. Ils découvrent un orateur fatigué, prisonnier de ses réflexes d’opposant. Ses discours de rupture, son programme Sénégal 2050, son plan de redressement ou encore sa Déclaration de Politique Générale n’auront été, au fond, qu’une succession de slogans sans lendemain. Ni vision claire, ni résultats palpables. Le pays reste englué dans les mêmes difficultés : cherté de la vie, chômage, frustration sociale, perte de confiance.
Comme souvent chez ceux qui peinent à gouverner, Ousmane Sonko se replie sur son terrain favori : la parole. Il s’invite à nouveau dans la rue, donnant rendez-vous le 8. Les plus optimistes n'y attentent que: rallumage de la ferveur militante, accusations, promesses, dénonciations, révélations. Parfois même au détriment de son propre camp. La scène politique sénégalaise assiste, impuissante, au retour du tribun dans le costume trop étroit du Premier ministre.
Cette stratégie de fuite en avant interroge : comment prétendre conduire un pays vers l’émergence quand on s’accroche encore aux réflexes de l’opposition permanente ? Celui qui ne sait plus où il va finit toujours par revenir de là d’où il vient. Et aujourd’hui, Sonko, après deux ans de pouvoir sans cap, semble avoir fait le choix du retour à ses premières amours : la contestation.
Mais la question demeure : le Sénégal a-t-il encore besoin d’un opposant à la tête de son gouvernement ? Ou d’un véritable chef capable de gouverner, de rassembler et d’assumer ses responsabilités ?
Soreu Malick Diop
Responsable politique ACT
Membre du bureau politique

