La Roumanie a convoqué, dimanche 14 septembre, l’ambassadeur de Russie pour dénoncer le survol qualifié « d’inacceptable » d’un drone russe dans son espace aérien, et ce, quelques jours après une intrusion spectaculaire d’aéronefs similaires dans le ciel polonais. En réponse, l’Otan a lancé l’opération « Sentinelle orientale » qui reste, pour certains observateurs, une riposte trop mesurée.
L’Otan a indiqué, vendredi 12 septembre, qu’elle allait renforcer la défense de son flanc est, et a annoncé le lancement de l’opération « Sentinelle orientale » pour protéger l’espace aérien européen proche de la Russie.
Le Danemark, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France vont rapidement engager des moyens : Paris envoie trois avions Rafale en Pologne accompagnés d’une trentaine de personnels. L’Allemagne et le Royaume-Uni mobilisent également quelques chasseurs Typhoon et pour la défense sol-air, les Pays-Bas accélèrent la livraison de deux batteries de missiles Patriot.
Protéger le ciel ukrainien pour protéger l’Europe ?
Reste que le déploiement de ces quelques moyens militaires coûte cher et sont mal taillés pour répondre aux défis spécifiques que pose l’intrusion des drones « low cost » russes. Le débat est donc vif en Europe sur la réponse militaire à mettre en œuvre pour dissuader Moscou.
Dans une tribune publiée ce week-end dans le quotidien Le Monde, un collectif d’experts, plaide pour la mise en place du projet européen « Skyshield ». À savoir une zone de protection aérienne intégrée, permettant à une coalition européenne de neutraliser missiles et drones russes au-dessus du territoire ukrainien occidental.
Une défense déportée, car le Kremlin ne se contente plus de frapper l’Ukraine, mais cartographie les vulnérabilités de la défense européenne, notent les experts, ajoutant que « la posture exclusivement défensive est révolue, l’heure est venue de passer à la protection active ».
Pour l’heure, la réponse de l’Otan apparaît donc très mesurée, avec le risque que Moscou interprète cette retenue comme une faiblesse.
La Russie dénonce une « une provocation » de l’Ukraine
Bucarest a fait part à l’ambassadeur de Russie en Roumanie, Vladimir Lipaïev, de « sa vive protestation » face à « cet acte inacceptable et irresponsable », selon un communiqué du ministère roumain des Affaires étrangères. Lors de cet entretien, Vladimir Lipaïev a qualifié d’« infondée » la protestation de la Roumanie, selon l’ambassade dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi.
« Aucune réponse concrète et convaincante n’a été donnée » par la partie roumaine aux questions posées par l’ambassadeur russe sur l’identification de ce drone, a poursuivi la même source. « Tous les faits portent à croire que c’était en effet une provocation délibérée du régime de Kiev » visant « à entraîner les autres pays européens dans une aventure militaire dangereuse contre la Fédération de Russie », a-t-elle ajouté.
RFI