Nicolas Sarkozy : La revanche des « petits pois » !

Beaucoup de français ont été scandalisés à la suite du jugement rendu à l’encontre de l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, même si par sectarisme des gens de gauche s’en sont réjouis. Scandalisés, parce que sur 4 chefs d’accusation il a été relaxé pour trois d’entre eux, et que pour le quatrième « l’association de malfaiteurs » aucune preuve de son implication n’a été apportée par le tribunal.

Scandalisés, par cette « exécution provisoire » qui permet aux juges de l’envoyer en prison, indépendamment d’une procédure d’appel qui pourrait le disculper. Certes, les magistrats ne font qu’appliquer une loi votée par les parlementaires mais il leur appartient de décider de l’utilité de son recours, ou non. Or, en l’état, Sarkozy n’entendait pas quitter le territoire, pas plus que se soustraire à ses obligations envers la justice, ou récidiver pour des faits qu’il n’a pas commis. C’est là, que ce procès prend une dimension de procès politique. Or la France de 2025 n’est pas la Tchécoslovaquie de 1952 avec ses tristement célèbres « procès de Prague ». En réalité, en agissant ainsi, les juges ont voulu se venger des humiliations que Sarkozy leur a fait subir, notamment en les traitant ironiquement de « petits pois » ou en engageant des réformes qu’ils ne souhaitaient pas. Ils ont aussi voulu dédouaner un parquet national financier, dont le dossier était vide après douze ans d’instruction et un coût exorbitant pour les contribuables.

Scandalisés, parce qu’ils ont le sentiment que les magistrats du tribunal correctionnel de Paris se sont payés un « crâne » politique de première importance, songez, un ancien président de la République. Procès, après procès, ils voulaient sa peau, ils l’ont eue. Ils voulaient l’humilier, ils ont réussi. Quel régal nauséabond d’assister, sous les yeux des caméras de télévision du monde entier, à l’incarcération de Nicolas Sarkozy à la Santé ou à Fresnes ! Quelle délectation morbide de le voir arriver « menottes aux poignets » à l’audience de la cour d’appel, et non pas libre comme le veut la règle habituelle de notre droit qui considère que toute personne est considérée innocente tant qu’elle n’a pas été «définitivement jugée » !

A quoi sert dans ces conditions le principe, sacré dans tout État de droit, de la double juridiction ? Au-delà d’un « procès politique », ce « coup d’Etat judiciaire contre la séparation des pouvoirs », comme le dit Henri Guaino, les français y verront aussi un manque d’impartialité qui doit présider à toute décision de justice. Cela ne va pas renforcer leur confiance envers l’institution. Juger en son « âme et conscience », quelle plaisanterie. C’est d’autant moins vrai, quand on sait que la présidente du tribunal, syndiquée en son temps a l’Union des magistrats, avait lutté publiquement contre une des réformes judiciaires voulues par N. Sarkozy. Étant «juge et partie » n’était-il pas de son devoir de se dessaisir, au nom précisément de l’impartialité des débats ?

Scandalisés enfin, parce qu’à l’heure où on va envoyer un ancien président moisir derrière les barreaux on libère tous les jours des malfrats, délinquants de tous poils qui agressent des personnes quand ce ne sont pas des policiers, violentent des jeunes filles comme des personnes âgées, commettent des saccages, des pillages, attaquent des commissariats, j’en passe et des meilleurs.

La Rochefoucauld disait en son temps, (18e siècle), à propos de la justice « 2000 ans d’erreurs judiciaires » allant jusqu’à parler de « palais de l’injustice », et bien ce n’est pas ce à quoi nous venons d’assister qui va redorer l’image des magistrats dans ce pays. Celui-ci disait également « l’amour pour la justice, n’est pour la plupart des hommes que la crainte de souffrir de l’injustice », Nous y sommes !

A ce jour, deux chefs d’Etat français seulement ont été emprisonnés, Louis XVI dans une période révolutionnaire, on lui coupera le cou ensuite, ce à quoi ne s’expose pas heureusement l’ancien président, et le maréchal Philippe Pétain pour « trahison avec l’ennemi », autrement dit l’occupant nazi. A ce que je sache, nous ne sommes ni en 1789, ou en 1793 période dite de la Terreur, ni en 1945.  Si demain, la Cour d’appel fait foi à l’innocence * de Nicolas Sarkozy ce procès aura été l’un des plus grands scandales judiciaires de notre époque et les français auront légitimement le droit de demander des comptes à une justice, peu habituée à en rendre.

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain