Nicolas Sarkozy incarcéré à La Santé: soutiens, sécurité et réalités carcérales

Condamné à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 – une condamnation à laquelle il a fait appel – Nicolas Sarkozy devient ce mardi 21 octobre le premier ex-chef d’État de l’histoire de l’Union européenne à être incarcéré.

« Garder la tête haute ». Telle est l’obsession affichée par Nicolas Sarkozy depuis l’énoncé du jugement, quand il a compris qu’il irait inévitablement en prison. L’ancien président de la République n’a laissé paraître aucun désarroi, juste de la combativité pour « laver son honneur ». Le fauve politique s’est réveillé et depuis, Nicolas Sarkozy construit le récit autour de son incarcération et de ce qu’il présente comme une injustice. 

L’ex-chef de l’État n’a rien changé à ses habitudes : footing matinal, match de foot au Parc des princes, anniversaire de sa fille au restaurant… Il a fait savoir qu’il garderait ses fonctions d’administrateur chez Lagardère et Accor. Il a reçu, échangé avec ses fidèles, surtout des chiraquiens – François Baroin, Christian Jacob. 

Ces derniers jours, Nicolas Sarkozy a fait ses confidences à la presse pour montrer qu’il est inébranlable. « Je n’ai pas peur de la prison », a-t-il affirmé à La Tribune dimanche. « Ils ont voulu me faire disparaître, ça me fait renaître », a-t-il assuré au Figaro, construisant un personnage presque romanesque de victime d’erreur judiciaire en se comparant au comte de Monte-Cristo et à Alfred Dreyfus. Lui qui est habitué aux succès de librairie compte d’ailleurs tirer un livre de son incarcération à la prison de La Santé. 

De nombreux soutiens

En attendant, l’ancien président a bénéficié ces derniers jours de nombreux soutiens, connus et moins connus. Famille, proches, politiques et militants se sont mobilisés. Ses fils, Louis et Pierre Sarkozy, ont lancé ce week-end sur les réseaux sociaux un appel à ses sympathisants afin de venir « exprimer leur soutien » au matin de son incarcération, ce mardi 21 octobre, lors d’un rassemblement dans le XVIe arrondissement de Paris, à proximité du domicile de Nicolas Sarkozy. 

Ce 20 octobre, l’actuel Garde des sceaux, Gérald Darmanin, a fait savoir sur France Inter qu’il rendrait visite à l’ex-président français : « J’irai le voir d’ailleurs en prison. Comme Garde des sceaux, je m’inquiéterai de ses conditions de sécurité. Le ministre de la Justice peut aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu quand il le souhaite parce qu’il doit garantir le bon fonctionnement du service public ». Gérald Darmanin avait déjà rencontré Nicolas Sarkozy quelques jours après sa condamnation, tout comme Emmanuel Macron qui a jugé, ce lundi, « normal » sur le « plan humain » qu’il reçoive l’ex-président français avant son incarcération mardi 22 octobre, tout en réitérant qu’il était le gardien de « l’indépendance » de la justice. 

Dans une « lettre ouverte » ce lundi 20 octobre sur le site du Figaro, quatre proches de Nicolas Sarkozy, parmi lesquels François Baroin, Christian Jacob et Renaud Muselier adressent à Nicolas Sarkozy leur soutien. 

Isolement et sécurité

L’ancien président de la République purgera donc sa peine à la prison de la Santé, dans le sud de Paris. Un établissement pénitentiaire qui compte bien plus de détenus que de places disponibles, comme beaucoup de prisons françaises. 

L’ancien président devrait passer par les mêmes formalités de début de détention que n’importe quelle personne incarcérée : fouille, remise des effets personnels, photo d’écrou, attribution d’une cellule équipée du strict minimum (lit, table, douche, WC sans rabat) et d’un paquetage composé de linge de lit et de toilette, de vaisselle et de couverts, de sous-vêtements, et de papier toilette.

Il devrait cependant être placé dans l’une des quinze cellules de 9 m² du quartier de l’isolement. Dans ce contexte de surpopulation carcérale, il ne s’agit pas d’un traitement de faveur accordé à l’ancien président de droite, mais d’une mesure pour assurer sa sécurité. 

Sarkozy face à la réalité carcérale 

Nicolas Sarkozy n’aura donc aucun contact avec les autres détenus, uniquement avec le personnel pénitentiaire. Il aura droit à trois parloirs par semaine, à l’usage du téléphone fixe et à une heure de promenade par jour. Il devra faire face comme tout détenu à la violence sonore de la prison, avec des cris permanents, des bruits de verrous, l’isolement psychologique qui marque les premiers jours et la lenteur des procédures judiciaires qui, en détention, devient insupportable. « Les matins ne passent pas, les après-midi ne passent pas, les nuits ne passent pas », raconte l’ancien homme politique Pierre Botton, lui-même incarcéré à la prison de La Santé entre 2020 et 2022 pour abus de biens sociaux :

Combien de temps Nicolas Sarkozy restera-t-il en prison ? S’il doit en théorie purger une peine de cinq ans d’emprisonnement, ses avocats déposeront une demande de remise en liberté dès le début de sa détention. La cour d’appel de Paris aura alors deux mois pour apporter une réponse.

RFI