Beaucoup attribue ce rituel des vœux à une célébration religieuse alors qu’il est né au temps des romains et était une fête païenne. Il était d’ailleurs dédié au dieu Janus, ce dieu au deux visages, l’un qui regarde derrière lui l’année écoulée et l’autre devant, l’année à venir. Certes il n’y a pas de mal a se souhaiter « une bonne année », à condition toutefois d’être sincère et que ce ne soit pas une simple formalité. Ce qui est loin d’être toujours le cas. Pour certains individus c’est même la seule occasion de l’année de communiquer avec une tierce personne oubliée le reste du temps. Mais ceux-là, vous l’avez compris, ne sont que des hypocrites, c’est-à-dire, ni vous, ni moi.
Le plus surprenant de l’histoire c’est qu’au bout de 2000 ans on croit toujours aux vertus de ces vœux, bonheur, amour, santé, etc. alors qu’ils ne modifient strictement rien, ne changent pas le cours de notre vie au cours des 365 jours suivants. Ainsi après avoir reçu des vœux de bonheur certains tomberont dans une profonde dépression, d’amour et ils seront un grand nombre à divorcer dans l’année, de santé alors que beaucoup mourront dans l’année. Du moins le paratonnerre protège-t-il de la foudre, mais là, nada ! Il est vrai qu’en souhaitant « bon vent » à Carlos Ghosn le 1er janvier cela lui a réussi puisque il nous a refait le coup de « La grande évasion » quelques mois après. Mais pour un vœu exaucé combien d’autres sont ignorés. Par exemple en souhaitant une bonne année à François Fillon celui-ci aurait pu se croire à l’abri de toute avanie or seulement deux mois après il était condamné par la justice pour détournement de fonds publics. Non, je vous le dis, tout ceci est très aléatoire et que l’on soit chanceux ou malchanceux on ne le doit qu’à soi-même, pas à cette croyance populaire que sont les vœux.
Prenez le 31 décembre 2019, (c’était hier). A propos des vœux de bonheur qu’a-t-on eu ? des semaines de confinement. Des vœux d’amour ? Un nombre accru de violences conjugales et de divorces. De santé ? 62 000 décès liés à la pandémie du virus chinois. Heureusement qu’on avait pris soin de se souhaiter « une bonne année », car sinon qu’est-ce que cela aurait été ? En fait les vœux agissent de la même manière qu’une cautère sur une jambe de bois.
Et pourtant aujourd’hui 1er janvier nous allons à nouveau échanger, adresser et recevoir, des vœux par milliards grâce aux textos et internet, en sachant pertinemment qu’ils n’influenceront en rien notre destin de 2021. C’est donc parler et écrire pour ne rien dire, et seulement sacrifier à une tradition séculaire.
En fait nous agissons selon notre instinct grégaire, « si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal », et puis c’est le plus sûr moyen d’exorciser nos peurs, appréhensions et craintes du lendemain. C’est notre côté païen qui ressurgit chaque année à la même époque, depuis 200 ans.
Au fait, avec tout cela j’allais oublier de vous adresser mes « Meilleurs vœux pour 2021 ! » Et rendez-vous l’année prochaine, du moins si tout va bien d’ici-là car telle est la grande incertitude de notre existence, vœux du nouvel An ou pas. Et mieux vaut en rire qu’en pleurer.
Jean-Yves Duval, directeur d’Ichrono