Au Mali, Moussa Mara est à nouveau convoqué par la Justice. L’ancien Premier ministre doit se présenter jeudi 31 juillet, à 10 heures, heure de Bamako, au pôle judiciaire spécialisé contre la cybercriminalité. Les 15 et 16 juillet, Moussa Mara avait déjà dû s’expliquer sur un message critique de la Transition. Après deux jours d’interrogatoire, il était ressorti sans charges ni poursuites, mais avait été empêché de voyager quelques jours plus tard, sans explication. Le motif de cette nouvelle convocation ne lui a pas été signifié. C’est en tout cas une procédure distincte.
Cette fois, c’est devant la brigade d’investigation du pôle spécialisé anti-cybercriminalité que Moussa Mara doit se présenter. Il y a deux semaines, c’était un tribunal de grande instance de Bamako qui était à l’origine de la procédure. Le cadre est donc distinct. Moussa Mara devra-t-il s’expliquer sur le même message qu’il y a deux semaines, dans lequel il déclarait notamment vouloir « se battre par tous les moyens » pour que le « soleil » succède à « la nuit » ? Le motif de sa convocation ne lui a pas été signifié. Et sollicité par RFI, le procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité n’a pas donné suite.
Endettement du Mali
Mais l’entourage de Moussa Mara indique qu’il pourrait s’agir cette fois d’une autre déclaration, postée sur les réseaux sociaux vendredi 25 juillet dernier, dans lequel l’ancien Premier ministre pointait l’endettement du Mali, après une nouvelle levée de fonds sur les marchés financiers avec de forts taux d’intérêts. Moussa Mara s’inquiétait des conséquences de cet endettement sur les finances publiques : « le Mali paie déjà plus pour le remboursement de sa dette que pour le salaire des fonctionnaires », relevait notamment Moussa Mara, mais sans même citer les autorités de transition.
« On saura ce jeudi », indique un proche de Moussa Mara, qui relève avec une sérénité et une combativité affichées que « le domaine financier est son domaine », Moussa Mara étant expert-comptable de formation.
Dans le viseur des autorités de transition
Bien évidemment, cette nouvelle convocation est tout de même une source d’inquiétude pour l’entourage de Moussa Mara et pour tous les défenseurs de la démocratie malienne. Car l’ancien Premier ministre, l’une des dernières voix critiques de la Transition toujours présentes au Mali, est clairement dans le viseur des autorités de transition. Ses déclarations sur la vie publique malienne sont pesées au trébuchet, mais, de toute évidence, elles gênent les militaires au pouvoir.
Il y a deux semaines, après deux intenses journées d’interrogatoire, par les enquêteurs de la brigade d’investigations judiciaires (Bij), puis par le procureur du tribunal de la commune IV de Bamako, Moussa Mara était reparti libre. Aucune charge n’avait pu être retenue contre lui, aucune poursuite n’avait été engagée.
Mais, quelques jours plus tard, le 21 juillet, Moussa Mara avait été empêché par des policiers de monter dans son avion pour le Sénégal, où il devait participer à une conférence internationale. Aucune explication ne lui avait été donnée sur cette interdiction de voyager de fait, mais qui n’avait fait l’objet d’aucune décision judiciaire ni administrative.
« Violation flagrante » de ses « droits fondamentaux »
Son avocat, Maître Mountaga Tall, qui l’accompagne jeudi 31 juillet au pôle anti-cybercriminalité, avait dénoncé une « violation flagrante » de ses « droits fondamentaux » et exigé la levée de cette mesure ou sa justification officielle. Depuis, ni la Justice, ni les autorités politiques, n’ont apporté de réponse. Au contraire, cette nouvelle convocation apparaît comme une nouvelle menace.
Rappelons enfin qu’un membre de son parti Yelema – dissous en mai comme toutes les organisations politiques du Mali – a été enlevé il y a près de trois mois par la Sécurité d’État du Mali, en dehors de toute procédure légale. Depuis, El Bachir Thiam est toujours détenu, dans un lieu inconnu.