Lucile Quillet- Le Prix à payer : Ce que le couple hétérosexuel coûte aux femmes

Un ouvrage important sur les représentations  » argent » dans le couple.

La femme gagne moins et dépenserait plus  quand dans la salle de bain les effets accessoires de la femme peuvent atteindre 1000 euros l’homme s’en sortirait avec 100 euros.

Il est bon de voir pourquoi la tradition réduit l’épouse aux taches domestiques et l’homme tout ce qui flatte son ego bricolage, jardinage etc. Un livre à lire pour comprendre. L’argent au sein du couple. Pape B CISSOKO

Sois belle et dépense …

Comparer ce que l’un achète et pas l’autre ..

Il faut travailler à faire que Homme et femme soient égaux ou complémentaires  sans discrimination……PBC

Le fait que le travail domestique de la femme n’a pas d’équivalent en argent contribue en effet à la le dévaluer ; à ses yeux  mêmes… P BOURDIEU -domination masculine
Les liens qui libèrent (06/10/2021)

Où passe l’argent des femmes, celui qu’elles ont et celui qu’elles n’auront jamais ? À quoi dépensent elles celui qu’elles ont ? Au nom de quoi n’en toucheront-elles pas plus ? Des questions qui tendent vers une même réponse : leur couple. En interrogeant le rapport des femmes et du couple à l’argent, Lucile Quillet met en lumière le poids et surtout le coût des normes hétérosexuelles. Et pose la question : le couple est-il une arnaque pour les femmes ?

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« Cela fait des années que je me penche sur la vie des femmes : leur travail, leurs enfants, leur vie affective, leur argent. Aujourd’hui j’ai voulu faire les comptes et regarder à la loupe ce que leurs dépenses nous révélaient de leur condition et au-delà de ça, ce que cette question disait de notre société. Plus je soulevais le sujet considéré comme tabou et mesquin de l’argent dans le royaume du don de soi qu’est l’amour, plus je découvrais une somme importante de calculs défavorables aux femmes.
L’obsession du couple dans les sociétés occidentales contraint les femmes à réaliser des efforts et des sacrifices considérables – et onéreux -, avant même d’être en couple. Plus tard, les charges domestiques et familiales aspirent leur temps, leur coûtent des opportunités en termes de carrière et de salaire : pendant que les femmes travaillent gratuitement pour le foyer, leurs conjoints s’investissent dans leur travail, acquièrent des biens durables et capitalisent sur le long terme en leur seul nom. J’ai également constaté que la logique même de l’État appauvrit les femmes et, loin de les émanciper, les maintient dans un patriarcat décomplexé.
Aussi ce ne sont pas seulement les hommes qui doivent reconnaître leur dette envers elles, c’est la société tout entière qui doit interroger dans quelles autres sphères, dans quels autres accomplissements personnels, elles n’investissent pas ce prix à payer, freinant leur émancipation. »
Lucile Quillet

BNF

Quand je préparais la rencontre avec Louise Mey, j’avais noté toutes sortes d’essais féministes à lire, et concernant l’aspect financier des discriminations auxquelles les femmes sont en butte, j’avais noté cet essai de Lucile Quillet, Le prix à payer, sous-titré, Ce que le couple hétéro coûte aux femmes.

Journaliste indépendante, Lucile Quillet s’est spécialisée dans le domaine économique et des sujets de société. Cet essai aborde la vie des femmes au coeur du couple dans son aspect mercantile. Elle nous montre comment les femmes doivent dépenser un pognon de dingue (!) dans le seul but d’être et de rester en couple, qu’elles perdent ce qu’elle nomme le temps « égoïste » (que l’on consacre à soi-même que ce soit pour le travail ou les loisirs) au profit du temps altruiste, mais aussi des opportunités (de carrière et autre), etc.

Parlons contraception par exemple:  une affaire de femmes. Mais après tout, pourquoi seulement des femmes? C’est typiquement un sujet où sous couvert de gagner en liberté (on ne fait plus d’enfant si on n’en veut pas – encore que, vu la difficulté de la contraception (beaucoup de grossesses non désirées surviennent alors que la femme est sous contraceptif) ceci reste à voir), les femmes s’en sont vu attribuer la charge mentale et financière exclusive. Et là Quillet met le doigt sur une sacré inégalité: la contraception c’est des rdv chez des médecins à prévoir, parfois des dépassements d’honoraires (qui ne sont pas remboursés si vous n’avez pas la bonne mutuelle), la prise d’un médicament TOUS les jours à heure fixe si elles ont choisi la pilule… qui n’est pas toujours remboursée, et a BEAUCOUP d’effets secondaires (qu’on n’accepte pas pour la pilule pour les hommes… qui n’existe pas car trop d’effets secondaires!!). Ainsi, le cas de l’anneau contraceptif non remboursé peut coûter jusqu’à 210€ par an… Et c’est toujours la femme qui l’achète. Pourtant si l’on y réfléchit: le conjoint est bien content de cette liberté: pas de préservatif ET pas d’enfant! De plus: seules les femmes sont sermonnées quand une grossesse arrive, quasi jamais les hommes. C’est à elles qu’on fait la leçon chez le médecin, pas les garçons.

Autres exemples : épilation (si on va chez l’esthéticienne, pour faire la totale: c’est 21000 euros estimés si on chasse le poil de 20 à 50 ans), lingerie, régimes etc. Au final, Quillet souligne un paradoxe: les femmes sont supposées être plus désirées que désirantes, et pourtant c’est sur elles que repose presque entièrement la charge sexuelle. Elle qui doit se remettre vite après l’accouchement pour se débarrasser du « mommy pouch » (le ventre post accouchement) et être désirable, sinon Monsieur va se sentir frustré, pauvre bichon.

Au sein du couple,  les tâches sont réparties de manières inéquitables, pas seulement sur l’ampleur de la charge mais sur la nature de celle-ci : à lui le jardinage, le bricolage qui laissent des traces visibles et « admirables », qui boostent l’égo, donc. A elle la vaisselle, les courses etc. Qui bénéficient à tous, sont essentiels, mais ne laissent aucune trace.

Les femmes doivent toujours s’adapter, car étant moins payées, il est normal que ce soit elles qui abandonnent leur travail ou réduisent leurs heures pour gérer les enfants. Si elles ne faisaient pas tout cela, les hommes devraient soit prendre sur leur temps égoïste, soit PAYER. Et de fait, souligne Lucile Quillet, les hommes s’enrichissent triplement grâce au travail des femmes à la maison: d’abord en libérant du temps pour eux (pour qu’ils travaillent, se reposent, sortent etc) ensuite en réalisant des tâches pour lesquelles ils devraient payer et font donc des économies, enfin ce temps égoïste leur sert à avancer leur carrière donc gagner de l’argent, du statut social etc. Alors que les femmes perdent tout cela. Et en cas de divorce, repartent souvent les mains vides. Elles sont d’ailleurs ainsi en plus mauvaise posture financière après un divorce. Alors que l’homme retombe bien plus vite sur ses pattes. Il est d’ailleurs ahurissant de noter que la pension alimentaire payée par le père est défiscalisable alors que quand elle arrive sur le compte de la mère elle est… imposable!!!

Lucile Quillet nous parle aussi de l’invention de la ménagère. Si certaines féministes y voient le fait du patriarcat (comme Titiou Lecoq par exemple : les bourgeois de la révolution industrielle étant très fiers de ce que leur épouse n’avait pas besoin de travailler, vu qu’ils génèrent suffisamment de revenu pour le foyer), Quillet avance une autre théorie. Dans la première révolution industrielle, hommes et femmes travaillent et sont littéralement essorés par des industriels qui les font trimer le maximum d’heures pour le plus petit salaire possible. Mais la conséquence se fait rapidement sentir: les individus fatiguent, la mortalité infantile et maternelle grimpe en flèche, et la colère commence à gronder. Double menace donc pour nos amis industriels capitalistes : d’abord la reproduction des travailleurs n’est plus assurée, ensuite il existe un vrai risque de révolution. On renvoie donc les femmes au foyer pour chouchouter les bonhommes et pondre les futurs ouvriers de demain, et on augmente le salaire de monsieur pour compenser la perte de celui de madame. Créant de fait une dépendance des femmes. Et créer un nouveau prolétariat: celui du foyer. Ainsi que Flora Tristan l’affirmait: La femme est le prolétaire de l’homme. Elle est le travail, il a le capital, elle est l’ouvrier, il est le bourgeois.

Beaucoup de choses donc dans cet essai passionnant (comme en témoigne ce billet à rallonge) que je vous invite à lire.

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