« C’est une loi implacable de l’histoire : ceux qui se maintiennent au pouvoir par les armes périront par les armes
Dans un article en date du 18 aout 2020 intitulé, « Idriss DEBY, un maréchal atteint de la folie des grandeurs », le Courrier International dressait le portrait d’un dirigeant mégalomane qui rappelle les moments sombres de potentats africains sanguinaires, autocrates et fantasques (au comportement enfantin), auréolés du titre pompeux de Maréchal : Maréchal Mobutu, Maréchal Bokassa, Maréchal Idi Amin Dada, etc…
Arrivé au pouvoir en 1990 par les armes, Idriss DEBY s’y est maintenu par les armes avant de connaitre une fin tragique. En 30 ans d’exercice chaotique du pouvoir, et de gouvernance médiocre, Idriss DEBY a fait du TCHAD un des pays les plus pauvres du monde. Malgré ses ressources pétrolières, près de 45% de la population tchadienne vit avec moins de 2 dollars par jour (soit à peine 1300 F CFA). En réalité, dès son accession au pouvoir, Idriss DEBY avait instauré un véritable régime de terreur, marqué par des campagnes inouïes de persécutions contre les opposants politiques et l’intelligentsia, l’assassinat et la disparition de milliers de tchadiens jugés hostiles au régime. Pendant très longtemps Idriss DEBY a bénéficié du soutien indéfectible de la France, parce qu’il était un rempart contre la mouvance djihadiste au Sahel. Mais, au fil du temps, l’allié de Paris était devenu quelque peu encombrant, avec ses frasques. Sa réélection au 1er tour, pour un 6éme mandat avec 79,32% des suffrages (un pourcentage soviétique préfabriqué) dans un simulacre d’élection est la forfaiture de trop, pour le despote qui tenait vaille que vaille, à se maintenir indéfiniment au pouvoir. Contre la volonté du peuple.
C’est un fait : la fin tragique d’Idriss DEBY ouvre une période d’incertitudes et d’instabilité pour la sous-région. Cela dit, Il faut dénoncer fermement la mise en place d’un conseil militaire de transition et la désignation de son fils comme son successeur qui constituent un coup d’état et une violation flagrante des dispositions constitutionnelles.
En effet, les articles 81 et 82 de la Constitution du Tchad ne laissent place à aucune ambiguïté :
Article 81 : En cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement définitif constaté par la Cour Suprême, les attributions du Président de la République, sont provisoirement exercées par le Président de l’Assemblée Nationale et, en cas d’empêchement de ce dernier, par le 1er Vice-président
Dans tous les cas, il est procédé à de nouvelles élections présidentielles quarante-cinq (45) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus, après l’ouverture de la vacance.
Article 82 : Le Président de l’Assemblée Nationale assurant les fonctions de Président de la République ne peut ni démettre le Gouvernement, ni procéder à la révision de la Constitution, ni dissoudre l’Assemblée Nationale.
Le Tchad n’est pas une monarchie ; par conséquent, la transition militaire en place, qui a placé le fils d’Idriss Deby au pouvoir est totalement illégale et illégitime. La charte de transition n’a aucune valeur juridique. Le conseil militaire doit être mis au ban des nations. L’Union africaine, L’Union Européenne, les Etats Unis, et L’ONU doivent exiger, sans délai le retour de l’ordre constitutionnel. S’il n’y prend garde, le fils de DEBY risque de connaitre le même sort que son père. Ici ou ailleurs, les mêmes causes produisent les mêmes effets : ceux qui usent et abusent du pouvoir, et se maintiennent par la force périront par les armes ou seront emportés par un soulèvement populaire. Pas de doute : les tyrans qui s’éternisent au pouvoir finissent très mal.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr