les écrans et la désintégration sociale – des outils

La méthode des 4 pas : une technique efficace pour lutter contre l’addiction des écrans chez les enfants

Publié le 29/01/2024  par Noémie Sadoun

Les écrans peuvent être un véritable fléau pour les enfants et même pour les bébés. Voici une technique efficace pour ne plus tomber dans le piège.

L’utilisation excessive des écrans, tels que les smartphones, tablettes, ordinateurs et télévisions, peut présenter des risques pour la santé et le bien-être des enfants. Une étude de Santé Publique France dévoile pourtant des chiffres inquiétants : à l’âge de 2 ans, les enfants passent déjà 1 heure par jour devant un écran.

Les écrans offrent en effet une stimulation visuelle et auditive intense, qui captive l’attention des enfants. Les couleurs vives, les mouvements rapides et les effets sonores contribuent à rendre les contenus à l’écran très attractifs. Selon Sylvie Dieu Osika, pédiatre à l’hôpital Jean-Verdier, en charge de la consultation “surexposition écrans”, les garçons seraient plus touchés par ce phénomène que les petites filles.

Certains enfants parlent la langue « Youtube ». Ils passent des heures à regarder Youtube Kids et répètent ensuite ce qu’ils entendent. Ils arrivent en consultation en récitant l’alphabet ou en comptant en anglais, mais ne comprennent pas ce qu’ils disent et surtout, ne parlent pas par ailleurs.

Une autre étude américaine a révélé que les enfants addicts aux écrans ont un amincissement du cortex, une zone du cerveau essentielle qui permet de traiter l’information reçue. Les écrans pourraient également entraver la participation des enfants à d’autres activités telles que la communication, le jeu, etc. En les utilisant dès le matin, ils peuvent perturber la concentration tout au long de la journée, provoquer des troubles du sommeil et retarder le développement du langage.

La technique des 4 pas

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La méthode des 4 pas nous vient tout droit des États-Unis. Elle est inspirée de l’Académie américaine de pédiatrie et plus spécifiquement par Sabine Duflo, membre du collectif CoSE (Collectif surexposition écrans).

Afin de lutter contre l’addiction des écrans chez les enfants, il est primordial de respecter ces 4 principes :

  • Ne pas disposer d’écran dans la chambre de l’enfant ni même dans celle de l’adolescent.
  • Ne pas mettre un enfant devant un écran le matin avant d’aller à la crèche, chez la nourrice ou à l’école.
  • Ne pas avoir d’écran pendant les repas.
  • Ne pas être devant un écran au moins une heure avant d’aller dormir.

À partir de quel âge un enfant peut-il regarder les écrans ?

Selon une étude, il ne faudrait pas mettre son enfant devant la télévision, la tablette ou le téléphone avant qu’il n’ait soufflé sa troisième bougie. En effet, l’étude a analysé les habitudes de visionnage de télévision et de films de 1 471 enfants de moins de deux ans. Ainsi, les moins de 12 mois qui regardaient beaucoup les écrans auraient 105 % plus de chances de vivre des difficultés sensorielles à 33 mois. Ces tout-petits seraient plus susceptibles de présenter un manque d’intérêt pour d’autres activités, par exemple. De plus, ils seraient plus lents à réagir aux stimuli, puisqu’ils auraient besoin d’une stimulation plus intense. Enfin, ils pourraient vite se sentir submergés par les sons trop forts et les lumières intenses.

Les écrans et la désintégration du tissu social : l’analyse d’un sociologue

La désintégration du tissu social est un mal qui ronge petit à petit notre société actuelle. En outre, l’ère numérique a transformé notre manière de communiquer et d’interagir.  Actuellement, les écrans sont partout et leur influence sur le tissu social, en particulier, chez les plus jeunes, est un sujet de préoccupation croissante. Cet article se penche sur l’impact des écrans sur les relations sociales, chez les enfants et les adolescents, à travers le prisme de la sociologie.

Comment les écrans affectent-ils les relations sociales ?

Les écrans, bien qu’utiles pour maintenir le contact social à distance, peuvent aussi contribuer à une forme d’isolement. La facilité d’accès et la nature immersive des contenus numériques risquent d’entraver le contact direct avec les autres membres de la communauté. Elle a aussi tendance à limiter les occasions de développer des compétences sociales essentielles, surtout pour les plus jeunes.

Impact des écrans sur les relations familiales

Une étude récente a révélé que l’utilisation excessive des écrans peut entraîner des problèmes de comportement chez les enfants et perturber la dynamique familiale. Les enfants exposés aux écrans au-delà des recommandations présentent un risque accru de problèmes de comportement, notamment des problèmes de conduite chez les 11-14 ans REF [^1^].

Rôle des écrans dans la désintégration du tissu social

Les écrans peuvent altérer la qualité des relations sociales et contribuer à une désintégration sociale. Les jeunes qui les utilisent de manière excessive sont les plus concernés. Cette désintégration se manifeste par une diminution des interactions sociales significatives et un affaiblissement des liens communautaires. Les effets sont particulièrement marqués chez les plus jeunes.

Les adolescents et leur usage des écrans

Les adolescents sont les plus vulnérables aux effets négatifs de la surexposition aux écrans. Cette dernière, à terme, peut conduire à l’isolement social et à des problèmes de santé mentale. Une revue systématique a identifié plusieurs facteurs associés au temps passé devant les écrans, y compris l’âge, le sexe et l’indice de masse corporelle (IMC) REF [^2^].

Effets de la désintégration du tissu social sur le bien-être des adolescents

Les adolescents touchés par la désintégration sociale peuvent éprouver des sentiments d’aliénation, de dépression et d’anxiété. Leur bien-être général pourrait également être affecté.

Effets de l’utilisation excessive des écrans sur la sociabilité

Trop de temps passé devant les écrans est associé à un risque accru de syndrome métabolique chez les adolescents, ce qui peut avoir des implications négatives sur leur santé à long terme REF [^3^]. Celui-ci est associé à une diminution des compétences sociales et à une augmentation des comportements asociaux.

Interactions sociales entre parents et enfants à l’ère des écrans

Les écrans modifient la manière dont les parents et les enfants interagissent. Les activités partagées, telles que les jeux en plein air et les discussions en famille, sont de plus en plus souvent remplacées par des heures passées devant les écrans. Cela a pour conséquence possible de nuire à la qualité des relations parent-enfant. Ainsi, les écrans modifient la dynamique des interactions parent-enfant, souvent au détriment des activités qui renforcent les liens familiaux. Les adultes sont généralement conscients des risques associés à cette surexposition, mais peuvent se sentir impuissants à gérer cette situation.

Comment les sociologues abordent-ils cette question ?

Les sociologues étudient l’impact des écrans sur les relations sociales en examinant les changements dans les comportements et les interactions au sein des familles et des communautés. Ils s’intéressent particulièrement aux effets à long terme de l’utilisation des écrans sur le développement social des enfants.

Les études sociologiques sur l’impact des écrans sur les relations sociales

Des études sociologiques ont montré que la qualité de vie liée à la santé chez les enfants et les adolescents est négativement corrélée avec le temps passé devant les écrans REF [^4^]. Elles indiquent une relation avec la détérioration de la qualité des relations sociales.

Les recommandations des sociologues pour un usage sain des écrans

Les sociologues recommandent de limiter le temps passé devant les écrans et d’encourager les activités qui favorisent les interactions sociales directes. Ils soulignent l’importance de l’éducation des enfants à un usage sain des écrans et du rôle des adultes dans la régulation de cet usage.

Il est conseillé aux parents de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans. De 3 à 6 ans, l’usage des écrans devrait être exceptionnel et très limité, et idéalement évité. Pour les enfants âgés de 6 à 9 ans, le temps d’écran devrait se cantonner à une heure quotidienne, à des fins principalement pédagogiques et sous contrôle parental. Les enfants de 9 à 12 ans peuvent utiliser des écrans pour accéder à du contenu éducatif sans internet, mais toujours sous la supervision d’un adulte.

Entre 12 et 16 ans, une utilisation modérée et surveillée d’Internet est permise. Pour les adolescents de 16 à 18 ans, une autonomie accrue dans l’accès à internet est envisageable, à condition que celle-ci serve des objectifs éducatifs et informatifs, et la surveillance constante d’un adulte n’est plus jugée nécessaire.

Les liens entre l’utilisation des écrans et la désintégration du tissu social

L’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne a un impact significatif sur la cohésion sociale. Les interactions virtuelles peuvent parfois remplacer les rencontres en personne. Les occasions de renforcer les liens sociaux traditionnels et de développer l’empathie et la compréhension mutuelle sont alors réduites.

Comment les écrans modifient-ils les relations familiales selon la perspective sociologique ?

Les sociologues observent que les écrans peuvent créer des fossés au sein des familles, car ils limitent les conversations et les activités communes qui sont essentielles pour maintenir des relations familiales saines et fortes. Les écrans risquent aussi altérer les relations familiales en créant des barrières communicationnelles.

Quels sont les effets de la désintégration du tissu social causée par les écrans ?

La désintégration sociale liée aux écrans peut entraîner une augmentation de la solitude et de l’isolement, ainsi que des difficultés de communication. Une diminution de la capacité à comprendre et à interagir efficacement avec les autres n’est pas à écarter.

L’isolement social chez les jeunes lié à l’usage des écrans

Les jeunes qui passent trop de temps devant les écrans peuvent se retrouver isolés de leurs pairs et de leur communauté. Cela peut avoir des conséquences négatives sur leur développement social et émotionnel.

Les conséquences de la désintégration du tissu social selon les sociologues

Les sociologues mettent en garde contre les risques de fragmentation sociale accrue et d’affaiblissement des structures communautaires. Cela est susceptible d’avoir des répercussions sur la stabilité et le bien-être de la société dans son ensemble.

Les déviations sociales en lien avec l’isolement engendré par l’utilisation des écrans

L’isolement social peut conduire à des comportements déviants, tels que la cyberdépendance ou le cyberharcèlement.  La recherche de communautés en ligne substitutives est aussi une conséquence possible. Ces comportements sont des conséquences directes de l’utilisation inappropriée des écrans.

Quels sont les moyens de prévenir la désintégration du tissu social due aux écrans ?

Il est essentiel d’encourager les activités qui favorisent l’interaction et la communication en face à face. Les adultes devraient également limiter le temps passé devant les écrans et promouvoir une utilisation consciente et modérée de la technologie.

L’éducation des enfants sur un usage sain des écrans

Il est désormais primordial d’éduquer les enfants dès leur plus jeune âge à un usage responsable des écrans. Il faudrait alors leur enseigner l’importance des interactions humaines tout en leur fournissant les outils nécessaires pour gérer leur temps d’écran.

Souligner l’importance des interactions sociales directes pour contrer la désintégration du tissu social

Les interactions sociales directes sont fondamentales pour le développement des compétences sociales et émotionnelles. Elles doivent être valorisées et encouragées pour préserver la cohésion sociale.

Le rôle des adultes dans la régulation de l’usage des écrans chez les jeunes

Les parents et les éducateurs ont un rôle prépondérant à jouer dans la régulation de l’utilisation des écrans par les jeunes. Il est de leur devoir d’établir des règles claires. Le chef de famille devrait donner l’exemple d’une utilisation équilibrée de la technologie.

Les alternatives aux écrans pour favoriser des liens plus forts au sein des familles

Les activités telles que les sports, les jeux de société, la lecture et les arts peuvent servir d’alternatives aux écrans et aider à renforcer les liens familiaux.

Stratégies pour repenser l’impact des écrans sur les relations sociales

Il est important de développer des stratégies qui intègrent la technologie de manière positive dans la vie sociale, tout en préservant les interactions humaines essentielles à la cohésion de la communauté. Celles-ci serviraient à minimiser l’impact négatif des écrans sur les relations sociales.

La criticité des relations familiales dans un contexte de dégradation du lien social

Les relations familiales sont primordiales pour le développement de l’individu, son équilibre et son bien être. Dans un contexte où les liens sociaux se dégradent, il est impératif de préserver et de renforcer les interactions ainsi que les liens qui unissent les membres d’une famille pour compenser les effets négatifs des écrans.

Comment la désintégration du tissu social impacte-t-elle les relations familiales ?

La désintégration sociale peut mener à un affaiblissement des relations familiales. Cela se manifeste par des membres de la famille qui deviennent de plus en plus isolés les uns des autres, même lorsqu’ils partagent le même espace.

Le nivellement du lien entre les membres d’une même famille par l’usage excessif des écrans

La surexposition aux écrans peut niveler les interactions familiales. Elle va réduire les occasions de partage et d’échange émotionnel entre les membres de chaque famille.

Effets des écrans sur la dynamique affective au sein des familles

Les écrans sont susceptibles d’influencer la dynamique affective au sein des familles, parfois en créant des distances émotionnelles. Il n’y a plus de complicité ni d’intimité.

Reconsidérer les relations familiales à l’ère des écrans

Il devient important de reconsidérer et d’adapter les relations familiales à l’ère numérique. La solution serait de trouver un équilibre entre la technologie et les besoins humains fondamentaux de connexion et d’appartenance.

Accorder de l’attention aux enfants dans un contexte de désintégration du tissu social

Il est essentiel de consacrer du temps et de l’attention aux enfants pour les aider à naviguer dans un monde où les écrans sont omniprésents. Il revient aux adulte de les guider vers des interactions sociales saines et épanouissantes.

La dynamique parentale face à la désintégration du tissu social causée par les écrans

Les parents sont désormais obligés de naviguer dans un paysage complexe où les écrans jouent un rôle central. Il n’est pas évident et aisé pour eux de trouver des moyens de maintenir une dynamique familiale saine et de soutenir le développement social de leurs enfants. Il ne faut pas non plus qu’ils versent dans l’extrémisme et diaboliser ces appareils. Les adultes peuvent bien évidemment autoriser les écrans, mais à eux de trouver le juste équilibre pour le bien-être de tous.

En conclusion,

La désintégration du tissu social liée à l’utilisation des écrans est un défi contemporain qui nécessite une réflexion approfondie et des actions concertées. En reconnaissant l’importance des relations humaines et en établissant des pratiques saines autour de l’utilisation des écrans, il est possible de préserver la cohésion sociale et de promouvoir le bien-être des individus et des familles. Les sociologues jouent un rôle prépondérent dans la compréhension de cet impact et dans la formulation de recommandations pour promouvoir des habitudes saines liées aux écrans.

Disclaimer

Cet article est à but informatif et ne remplace pas les conseils d’un professionnel de la santé ou d’un sociologue.

Paediatr Child Health. 2017 Nov; 22(8): 469–477.

Published online 2017 nov. 27. French. DOI : 10.1093/pch/pxx121

PMCID: PMC5804966

Le temps d’écran et les jeunes enfants : promouvoir la santé et le développement dans un monde numérique

Société canadienne de pédiatrie, groupe de travail sur la santé numérique, Ottawa (Ontario)

Le paysage numérique évolue plus rapidement que les recherches traitant des effets des médias sur écran sur le développement, l’apprentissage et la vie familiale des jeunes enfants. Le présent document de principes porte sur les bienfaits et les risques potentiels de ces médias chez les enfants de moins de cinq ans. Il s’attarde sur la santé développementale, psychosociale et physique. Les conseils fondés sur des données probantes en vue d’optimiser et de soutenir les pratiques des jeunes enfants à l’égard des médias reposent sur quatre principes : limiter le temps d’écran, en atténuer les effets négatifs, être attentif à l’utilisation des écrans et donner l’exemple d’habitudes positives. Les connaissances sur l’apprentissage et le développement des jeunes enfants éclairent les dispensateurs de soins quant aux stratégies en matière de pratiques exemplaires.

Mots-clés : Development, Digital, media, Health, Infant, Preschool, child, Screen, time

HISTORIQUE ET MÉTHODOLOGIE

L’exposition aux médias numériques est en hausse dans la vie familiale des Canadiens, de même que les inquiétudes quant aux effets du temps d’écran sur les enfants et les familles. Le présent document de principes aborde les bienfaits et les risques potentiels de l’exposition aux écrans et de leur utilisation chez les enfants de moins de cinq ans. Il fournit également des conseils fondés sur des données probantes aux professionnels de la santé afin qu’ils aident les familles. Le « temps d’écran » désigne le temps passé devant des écrans, y compris ceux des téléphones intelligents, des tablettes, des télévisions, des jeux vidéo, des ordinateurs et de la technologie portable. À moins d’une indication plus précise, les « médias numériques » dési gnent le contenu transmis dans un appareil par Internet ou par réseau informatique.

Un sondage réalisé en 2016 par la Société canadienne de pédiatrie (SCP) auprès de ses membres a révélé que les parents demandent des conseils sur le temps d’écran de leur enfant dans quatre grands domaines : la durée (quand est-ce trop?), l’éta blissement de limites, les effets sur la santé et le bien-être et le contenu optimal. Une analyse bibliographique (1) sur les effets des médias sur écran chez les enfants de moins de cinq ans a permis d’extraire des analy ses systématiques, des lignes directrices et des politiques sur l’exposition aux médias sur écran et leur utilisation. Les bienfaits et les risques potentiels sont classés selon la santé développementale, psychosociale et physique. Les recommandations reposent sur les données probantes et le consensus d’experts. Le temps d’écran chez les enfants plus âgés, les adole scents et les enfants ayant des troubles neurodéveloppementaux, de même que les inquiétudes sur la santé environnementale, dépassent la portée du présent document de principes.

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POURQUOI SE CONCENTRER SUR CE GROUPE D’ÂGE?

Les recherches font foi d’importantes différences entre les enfants d’âge préscolaire et les enfants plus âgés sur le plan du développement, et selon les données sur la télévision, les premières expériences de l’enfant à l’égard des écrans peuvent être déterminantes (2–4).

  • Elles peuvent créer une dépendance, et une surexposition pendant la petite enfance accroît la probabilité de surutilisation plus tard (4,5).
  • Les habitudes relatives à la santé, y compris l’utilisation des médias par la famille, se cristallisent plus facilement pendant la petite enfance que plus tard (4).
  • L’utilisation d’écrans tend à augmenter au fil du temps pour inclure des divertissements (plutôt que seulement du contenu éducatif) (6–8).

Certaines tendances importantes transforment la petite enfance :

  • En 2014, Jeunes en forme Canada a constaté que les enfants de trois à cinq ans passent en moyenne deux heures par jour devant un écran (9). Seulement 15 % des enfants d’âge préscolaire respectent les normes actuelles des Directives canadiennes en matière de comportement sédentaire, qui recommandent de limiter le temps d’écran à moins d’une heure par jour (10).
  • La télévision continue de dominer le temps total passé devant des écrans et son visionnement semble augmenter dans ce groupe d’âge (11). De nombreux enfants d’âge préscolaire cumulent le temps d’écran à la maison et en milieu de garde (5,12), à partir de divers appareils numériques faciles à transporter.
  • Aux États-Unis, le taux d’utilisation des médias mobiles est passé de 39 % à 80 % entre 2011 et 2013 chez les enfants de deux à quatre ans (12–15). Une récente étude menée au Royaume-Uni a établi qu’environ 51 % des nourrissons de six à 11 mois utilisent quotidiennement un écran tactile (16).
  • Une étude états-unienne qui remonte à 2012 a démontré qu’un enfant « ordinaire » de huit mois à huit ans est exposé à près de quatre heures de télévision en arrière-plan pendant une journée normale (17).

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LES EFFETS DES MÉDIAS SUR ÉCRAN SUR LE DÉVELOPPEMENT

On ne sait pas si l’exposition précoce aux médias sur écran modifie le cerveau en développement. Par ailleurs,les recherches publi ées sur le mode d’apprentissage des enfants de moins de cinq ans à partir des écrans et sur la somme des connaissances qu’ils en retirent demeurent limitées (6,18–21). Les études révèlent toutefois que même si les bébés n’absorbent pas le contenu des émissions de télévision, celles-ci peuvent attirer et retenir leur attention. Entre l’âge de six et 14 mois, ils peuvent reproduire des actions incarnées à l’écran et, à l’âge de 18 mois, ils peuvent se souvenir de brèves séquences (6).

Peu avant l’âge de trois ans, les enfants commencent à comprendre les contenus (5,22). Des données concrètes démontrent que les nourrissons et les tout-petits éprouvent de la difficulté à transférer de nouveaux apprentissages d’une représentation bidimensionnelle à un milieu tridimensionnel (c’est-à-dire de l’écran à la réalité) et qu’à cet âge, la télévision est peu susceptible de nourrir leur apprentissage (6,23–25). En revanche, ils apprennent intensivement lors des échanges directs avec leurs parents et avec les personnes qui s’occupent d’eux. L’apprentissage précoce est plus fluide, plus enrichissant et plus efficace sur le plan du développement lorsqu’il est vécu de manière interactive, en temps réel et dans l’espace, avec des personnes en chair et en os (26–29).

Les bienfaits potentiels pour le développement

À compter de l’âge d’environ deux ans, des émissions de télévision de qualité bien conçues, adaptées à l’âge et comportant des objectifs éducatifs précis peuvent représenter un moyen supplémentaire de favoriser le langage et l’alphabétisation des enfants (30). Des émissions de qualité peuvent également encourager des aspects du développement cognitif, y compris des attitudes positives envers les races et le jeu imaginaire (31). Selon des données préliminaires, les médias interactifs, et particulièrement les applications qui exigent les réactions d’un adulte (des réactions instantanées à ce que l’enfant dit ou fait), peuvent aider les enfants à assimiler l’information enseignée. Ces réactions du parent, lorsqu’elles s’associent à un contenu adapté à l’âge, qu’elles sont instantanées et qu’elles sont liées à l’intensité de l’action, peuvent permettre à un enfant de 24 mois d’apprendre de nouveaux mots (21,22,32). Selon des données préliminaires, les applications interactives d’apprentissage de la lecture et les livres numériques peuvent favoriser l’alphabétisation précoce en incitant les tout-petits à s’exercer à reconnaître les sons, les phonèmes et les mots (21,33). Cependant, même si les écrans peuvent contribuer à l’apprentissage linguistique de l’enfant d’âge préscolaire lorsqu’un parent ou une personne qui s’occupe de lui regarde le contenu avec lui et lui en parle (34), celui-ci apprend mieux (sur le plan de l’expression et du vocabulaire) lors d’échanges réels et dynamiques avec des adultes qui se préoccupent de lui (35).

Les risques pour le développement

Les recherches sur l’exposition à la télévision démontrent des associations, même s’il ne s’agit pas d’une relation directe de cause à effet, entre l’exposition soutenue et précoce à des écrans (plus de deux heures par jour chez les nourrissons de moins de 12 mois selon une étude) et d’importants retards de langage (26,36). Les preuves d’une association entre le temps d’écran et les troubles de l’attention sont mitigées, les effets négatifs étant clairement apparents seulement lors d’une exposition intense (plus de sept heures par jour) (6,37). Il est toutefois démontré qu’une forte exposition à la télévision en arrière-plan nuit à l’utilisation et à l’acquisition du langage, à l’attention, au développement cognitif et à la fonction exécutive chez les enfants de moins de cinq ans. Elle réduit également la quantité et la qualité des échanges entre les parents et l’enfant et distrait l’enfant de ses jeux (17,22,35,38). Grâce aux livres numériques, les enfants s’investissent davantage dans la lecture, mais les parents semblent alors réduire les stratégies de lecture. De plus, les effets sonores et les animations des livres numériques peuvent compromettre la compréhension du texte et de la séquence des événements chez les enfants d’âge préscolaire, ce qui n’est pas le cas avec les livres papier (21,39–42).

Certaines études associent l’écoute prolongée de la télévision à des capacités cognitives moins élevées, particulièrement pour ce qui est de la mémoire à court terme, des aptitudes précoces en lecture et en mathématiques et du développement du langage (12,20,43–45). Un contenu violent ou un déroulement rapide de l’action peut nuire à la fonction exécutive (5,46), et ces effets peuvent être cumulatifs. L’incapacité des jeunes enfants (particulièrement ceux de moins de deux ans) à distinguer la réalité quotidienne de ce qui se produit à l’écran, conjuguée à leurs efforts pour comprendre le sens de ces expériences contradictoi res, peut entraver et contrecarrer la fonction exécutive (6,47).

Qu’est-ce qui apporte un réel changement? Limiter le temps d’écran et en atténuer les effets négatifs

Puisque l’exposition aux médias ne s’associe à aucun bienfait démontré pour les nourrissons et les tout-petits, mais qu’elle est liée à des risques connus sur le plan du développement (20,22,26,48), il faut conseiller aux parents de limiter le temps d’écran des jeunes enfants. Ainsi, ils dégageront du temps pour les échanges directs, qui constituent le meilleur mode d’apprentissage des enfants.

Lorsque les enfants regardent un contenu éducatif adapté à leur âge avec un adulte intéressé, le temps d’écran peut devenir une expérience d’apprentissage positive. Pour atténuer les effets négatifs du temps d’écran, les adultes :

  • en regardent le contenu avec les enfants. Les adultes peuvent établir des liens entre le contenu et la réalité et renforcer les aptitudes linguistiques et cognitives, comme l’attention, la mémoire et la réflexion (6,38,49). En passant du temps devant un écran avec d’autres, les enfants évitent également les écueils d’une écoute solitaire.
  • choisissent activement les activités des enfants devant l’écran; ils priorisent les applications et les contenus éducatifs, évitent les émissions commerciales ou grand public et s’inspirent d’une classification des médias (p. ex., le Système canadien de classification des vidéos) pour orienter leurs choix.
  • combinent l’utilisation des écrans tactiles avec les jeux créatifs ou actifs (50).

Au Canada, il existe encore un « fossé numérique » entre les ménages qui détiennent un accès Internet et ceux qui n’en ont pas, mais les applications d’apprentissage sur les appareils mobiles peuvent contribuer à le combler (12). En 2016, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes s’est engagé à intégrer l’accès Internet aux services de base pour tous les Canadiens (11). Cependant, alors même que le contenu éducatif sur écran devient plus accessible à toutes les familles, un nouveau fossé semble se creuser. Les enfants dont les parents sont en mesure de surveiller et de sélectionner les contenus sur écran peuvent en tirer des bienfaits qui sont moins accessibles aux familles disposant de moins de ressour ces financières ou dont les parents ne peuvent pas s’investir à ce point. Les dispensateurs de soins devraient être sensibilisés à ce fossé, qui peut se refléter dans d’autres échanges entre le parent et son enfant (51).

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LES EFFETS PSYCHOSOCIAUX DES MÉDIAS SUR ÉCRAN

Le fait de regarder un contenu de qualité à l’écran avec l’enfant peut avoir d’autres effets non liés à l’apprentissage. Les études révèlent que, lorsqu’ils participent au temps d’écran des enfants et qu’ils fixent des limites à cet égard, les parents peuvent exercer une influence positive sur les aptitudes d’adaptation, les habitudes de sommeil et les comportements de l’enfant (22,52). Selon les recherches sur la télévision, les facteurs socioéconomiques peuvent influer sur le choix du contenu et les limites imposées à l’utilisation des médias. Par ailleurs, l’écoute de la télévision nuirait à la maturité scolaire, particulièrement lorsque le revenu familial est faible (53). Cependant, le temps passé devant des écrans demeure stable (par exemple, dans les divers ménages à revenu moyen) (6,7,12). En fait, la situation socioéconomique semble avoir peu d’effet sur le degré de respect des lignes directrices actuelles au sujet des écrans (54). Il est important de sensibiliser toutes les familles, quelle que soit leur situation économique, aux meilleurs modes d’apprentissage des enfants et à la nécessité de leur imposer des limites.

Les bienfaits psychosociaux potentiels

Un contenu de qualité peut améliorer les aptitudes sociales et linguistiques de tous les enfants de deux ans et plus, par ticulièrement ceux qui vivent dans la pauvreté ou qui sont autrement défavorisés (26,30). La télévision éducative rejoint les enfants des ménages à faible revenu presque autant que ceux des ménages à revenu plus élevé, et chez les enfants dont la famille possède un ordinateur portable ou un appareil mobile, les obstacles à l’accès et à l’utilisation d’un contenu éducatif ont pratiquement disparu (12). Des émissions éducatives bien conçues et adaptées à l’âge peuvent avoir un puissant pouvoir prosocial, car elles aident les enfants à acquérir des attitudes pour contrer la violence et leur apprennent l’empathie, la tolérance et le respect (31,55). Bien utilisé, le temps d’écran peut calmer un enfant surexcité ou angoissé (p. ex., pendant une intervention médicale) (15,56). Toutefois, comme l’apprentissage par les écrans peut avoir un effet à la fois positif et négatif sur le comportement, il est essentiel de s’assurer d’un contenu de qualité (57).

La mise sur pied d’un « plan d’action médiatique » familial peut contribuer à protéger et à renforcer le temps familial de qualité (58). Idéalement, la planification commence avant la naissance, tient compte des besoins de santé, d’éducation et de divertissement de chaque enfant et de chaque membre de la famille, inclut les activités sur écran en milieu de garde et est revue périodiquement. Il est beaucoup plus facile d’établir des limites significatives lorsque les enfants sont jeunes et de les appliquer à toute la famille que de retrancher du temps d’écran lorsque les enfants sont plus âgés. Les études révèlent que le degré de fermeté à répondre « non » aux demandes de leurs enfants qui veulent jouer à des jeux à l’écran, de même que les convictions, intentions et attitudes des parents à l’égard des médias, jouent un rôle essentiel dans l’établissement de limites constructives et positives (4,52,59). Pour les enfants tout autant que pour les parents, des périodes sans écran sont capitales pour acquérir des habiletés fondamentales comme l’autorégulation (60), la créativité et l’apprentissage par les jeux physiques et fondés sur l’imaginaire.

Les risques psychosociaux

De récentes études confirment une forte association entre le temps d’écran des parents et celui de leurs enfants (13), ce qui laisse craindre que l’envahissement des médias remplace les échanges de qualité (directs) entre les parents et l’enfant et dans l’ensemble de la famille (12). D’après une étude récente sur l’utilisation des téléphones intelligents dans les établissements de restauration rapide, plus les parents consacrent de temps à leur téléphone, plus leur enfant risque de mal se comporter pour attirer leur attention, ce qui se solde souvent par des échanges négatifs (6,61). Selon une autre étude, les parents qui permettent à leurs enfants de un à quatre ans d’utiliser souvent leur téléphone cellulaire affirment aussi l’offrir plus souvent en récompense ou comme source de distraction. Par conséquent, leurs enfants le demandent davantage et deviennent contrariés lorsqu’il leur est refusé (15).

Les parents signalent que leur propre utilisation des technologies mobiles monopolise davantage leur attention que d’autres distractions, comme lire ou regarder la télévision. Les téléphones intelligents estompent la frontière entre le travail et la vie familiale. Les parents ne peuvent pas prévoir quand ils seront sollicités et doivent souvent s’investir émotionnellement pour répondre. Dans une récente étude, les parents ont affirmé que le va-et-vient entre leur écran et la vie familiale représente une source de stress et de fatigue et les empêche d’échanger spontanément avec leurs enfants (62).

Des données récentes laissent croire à une association entre une forte exposition à la télévision à l’âge de deux ans et la victimisation autodéclarée, l’isolement social, l’agressivité proactive et les comportements antisociaux pendant la période intermédiaire de l’enfance (63,64). L’écoute excessive de la télévision (plus de deux heures par jour) est clairement liée à des problèmes d’autorégulation dans la petite enfance (26,60). Ces effets risquent d’être plus prononcés chez les enfants qui ont des besoins comportementaux particuliers et peuvent se perpétuer, car les pa rents sont plus susceptibles d’utiliser les médias sur écran pour calmer un enfant ayant des comportements difficiles (22,60). D’après les recherches, une exposition excessive aux médias sur écran s’associe davantage que la situation socioéconomique à une faible stimulation à la maison et à un faible investissement des parents (6,12,65).

Une vaste étude réalisée aux États-Unis en 2013 a révélé que la propagation des appareils mobiles ne semblait pas influer sur la quantité ou la fréquence de la lecture aux jeunes enfants. Cependant, elle a également établi que la lecture était l’activité la moins pratiquée par les enfants qui utilisaient une tablette ou un appareil mobile (12). Selon d’autres études, les parents qui faisaient la lecture à leurs enfants à partir d’un livre numérique trouvaient l’expérience moins positive que lorsqu’ils utilisaient un livre papier, tant pour le plaisir que pour l’apprentissage (66,67). Même les livres numériques les plus interactifs ne contribuent pas à l’acquisition de compétences comme tourner les pages et ne procurent pas les mêmes expériences sensorielles que les livres traditionnels (37,68), qui peuvent être affectueusement traînés partout, manipulés et mâchouillés.

Les émissions éducatives de qualité représentent un facteur d’atténuation majeur du risque psychosocial associé à tous les écrans, mais les études indiquent que l’accès à un contenu optimal et la sélection d’un tel contenu par les enfants culminent très tôt, soit entre l’âge de deux et quatre ans (7,8,12). En grandissant, les enfants sont plus susceptibles de regarder des émissions de divertissement.

Qu’est-ce qui a une influence positive? Être attentif à l’utilisation du temps d’écran

L’apprentissage des enfants de moins de cinq ans est optimisé par des échanges immersifs avec les membres de leur famille et les personnes qui s’occupent d’eux. Si on leur donne le choix, ils préféreront presque toujours parler, jouer ou se faire faire la lecture plutôt que d’utiliser un écran sous quelque forme que ce soit (22). S’ils sont attentifs à l’utilisation du temps d’écran, les parents de jeunes enfants et les autres personnes qui s’occupent d’eux :

  • améliorent et limitent activement l’accès aux divers médias en les sélectionnant délibérément avec eux (« Nous allons regarder ce contenu, à ce moment-là et pour cette raison-là. »).
  • limitent l’utilisation des médias dans les lieux publics et pendant les activités quotidiennes de la famille, telles que les repas. Les moments en famille sont des occasions rêvées d’apprentissage social.
  • sélectionnent le contenu à partir de sources non commerciales de qualité, pour réduire le plus possible l’exposition aux publicités.
  • portent attention aux messages sur le genre, l’image corporelle, la violence, la diversité et les enjeux sociaux lorsqu’ils choisissent le contenu. (69)

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LES EFFETS DES MÉDIAS SUR ÉCRAN SUR LA SANTÉ PHYSIQUE

Pour les enfants d’âge préscolaire, l’activité physique s’associe à de meilleures mesures de santé, tandis le comportement sédentaire est lié à des résultats moins favorables pour la santé (70).

Les bienfaits potentiels sur la santé physique

Les enfants n’ont pas à être passifs devant un écran. En effet, les médias numériques peuvent encourager l’activité physique et y contribuer (51). Surtout après l’âge de trois ans, les enfants réagissent bien aux émissions axées sur l’activité lorsqu’elles sont amusantes, qu’elles sont conçues pour eux et qu’elles encouragent l’imitation ou la participation (39,71). Une étude a établi que les jeux vidéo actifs peuvent accroître considérablement la quantité d’activité physique légère à modérée ou modérée à vigoureuse à court terme (72). Les familles et les milieux de garde peuvent envisager d’utiliser des mouvements amusants et adaptés à l’âge (p. ex., le yoga ou la danse) et des applications pour l’exercice physique ou des consoles de jeu pour intégrer plus d’activité physique au quotidien (51,73,74). Les appareils mobiles dotés d’applications pour explorer les milieux naturels peuvent favoriser les activi tés physiques extérieures (50). Le contenu de qualité relie les expériences à l’écran à celles du quotidien, encourage les échanges entre les enfants, les personnes qui s’occupent d’eux et leurs camarades et appuie les jeux actifs et fondés sur l’imagi naire (51,75,76). Selon une étude de 2010, le temps consacré à regarder des publicités télévisées a un lien significatif avec l’indice de masse corporelle, mais pas le temps consacré à regarder des émissions éducatives non commerciales (77).

Les risques sur la santé physique

Même si les données démontrant une association entre le temps d’écran et l’indice de masse corporelle chez les très jeunes enfants ne sont pas concluantes, plusieurs études indiquent que le risque de surcharge pondérale lié à une utilisation précoce des écrans peut persister plus tard dans la vie (2–6,12,78,79). L’écoute de la télévision pendant la petite enfance peut se systématiser et accroître le risque de sédentarité ou de surcharge pondérale chez les jeunes téléspectateurs assidus (35). Selon une étude canadienne de 2012, les enfants qui regardaient la télévision seulement une heure par jour étaient 50 % plus susceptibles de présenter une surcharge pondérale que ceux qui la regardaient moins (80). Une autre étude de 2009, qui mesurait l’activité physique et la masse grasse chez des enfants d’âge préscolaire de la classe moyenne, a relié l’écoute de la télévision à une masse grasse plus élevée et a établi que cette relation se maintenait malgré des taux variables d’activité physique (81).

Tout en renforçant les comportements sédentaires, la télévision commerciale expose également les enfants à des publicités d’aliments malsains et encourage le grignotage, ce qui accroît la consommation alimentaire globale (82,83). D’après une analyse systématique effectuée en 2012 traitant de l’écoute de la télévision et de ses effets néfastes sur le régime alimentaire des jeunes de deux à six ans, la plupart des études rendent compte d’effets négatifs dès l’écoute d’une heure de télévision par jour (84).

Le temps passé devant des écrans avant l’heure du coucher s’associe à une augmentation des troubles du sommeil dans ce groupe d’âge (6,85), et selon des données probantes, le nombre d’heures passées devant des écrans, plutôt que leur seul contenu, est nuisible aux habitudes de sommeil (45,53,86,87). Tout appareil électronique présent dans la chambre à coucher réduit le temps de sommeil chaque nuit, en partie à cause de la suppression de la mélatonine (26,85).

Qu’est-ce qui a une influence positive? Donner l’exemple d’habitudes positives vis-à-vis des écrans

Les enfants de moins de cinq ans ont besoin de s’adonner à des jeux actifs et de passer du temps de qualité en famille pour développer des habiletés fondamentales, telles que le langage, l’autorégulation et la créativité. Quel que soit leur âge, les enfants ne devraient pas avoir à compétitionner avec des écrans pour obtenir l’attention de leurs parents. Lorsque les parents donnent l’exemple de saines habitudes vis-à-vis des écrans, ils :

  • limitent leur propre utilisation des écrans en présence de jeunes enfants, particulièrement aux repas, pendant les jeux et les autres belles occasions d’apprentissage social.
  • priorisent les échanges avec les enfants par la conversation, le jeu et les activités quotidiennes saines et actives.
  • choisissent quand utiliser les médias ensemble et éteignent les écrans lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
  • aident les enfants à reconnaître et à remettre en question les messages publicitaires, les stéréotypes et les autres contenus problématiques et s’assurent que les médias utilisés en présence des enfants sont dénués d’un tel contenu.

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RECOMMANDATIONS

Dix questions à envisager de poser aux familles qui ont de jeunes enfants

  1. Quels types d’écrans y a-t-il chez vous (p. ex., télévision, tablette, ordinateur, téléphone intelligent)? Lesquels votre enfant utilise-t-il?
  2. Est-ce que vous écoutez régulièrement des émissions ou des films à la télévision ou sur d’autres appareils en famille, pour vous détendre? À quelle fréquence un écran est-il allumé en arrière-plan sans que personne le regarde?
  3. Est-ce que des membres de la famille utilisent des écrans pendant les repas?
  4. Qu’est-ce que vous regardez avec votre enfant? Que regarde-t-il seul?
  5. Encouragez-vous ou découragez-vous la conversation avec votre enfant lorsque vous utilisez des écrans?
  6. Regardez-vous des émissions pour adulte ou des émissions commerciales avec votre enfant?
  7. Votre enfant utilise-t-il des écrans pendant que vous faites des tâches ménagères dans la maison? Souvent? Parfois?
  8. Y a-t-il des activités passées devant un écran dans le milieu de garde de votre enfant? Savez-vous à quelle fréquence elles ont lieu?
  9. Votre enfant passe-t-il du temps devant un écran avant le coucher? Combien de temps avant le coucher? A-t-il un téléviseur ou un ordinateur dans sa chambre? Apporte-t-il des appareils mobiles dans sa chambre?
  10. Votre famille s’est-elle dotée de règles ou de directives comprises et respectées relativement à l’utilisation des écrans?

Il est possible d’obtenir de l’information pour les parents dans le site www.soinsdenosenfants.cps.ca.

Pour promouvoir la santé et le développement des jeunes enfants dans un monde numérique, les dispensateurs de soins devraient donner des conseils aux parents et aux personnes qui s’occupent d’eux au sujet de l’utilisation appropriée des écrans. Plus précisément, les recommandations s’établissent comme suit :

Limiter le temps d’écran

  • Il n’est pas recommandé de laisser les enfants de moins de deux ans passer du temps devant des écrans.
  • Chez les enfants de deux à cinq ans, limiter le temps d’écran quotidien ou régulier à moins d’une heure par jour.
  • S’assurer que les périodes de sédentarité devant des écrans ne font pas partie des activités courantes du milieu de garde des enfants de moins de cinq ans.
  • Maintenir des périodes sans écran, particulièrement lors des repas familiaux et pour faire la lecture.
  • Éviter les écrans au moins une heure avant le coucher, en raison de leurs effets potentiels sur la suppression de la mélatonine.

Atténuer (réduire) les risques associés au temps d’écran

  • Être présent et investi lors de l’utilisation des écrans et, dans la mesure du possible, en regarder le contenu avec l’enfant.
  • Connaître le contenu et accorder la priorité aux émissions éducatives, interactives et adaptées à l’âge.
  • Utiliser des stratégies parentales qui enseignent l’autorégulation, les manières de garder son calme et l’établissement de limites.

En famille, être attentif à l’utilisation des écrans

  • Procéder à une autoévaluation des habitudes vis-à-vis des écrans et se doter d’un plan médiatique familial qui prévoit les moments, la manière et les lieux où ceux-ci peuvent être utilisés ou non.
  • Aider les enfants à reconnaître et à remettre en question les messages publicitaires, les stéréotypes et d’autres contenus problématiques.
  • Se rappeler que trop de temps consacré aux écrans se traduit par des occasions ratées d’enseignement et d’apprentissage.
  • Se rappeler qu’aucune donnée n’appuie l’introduction des technologies à un jeune âge.

Les adultes devraient donner l’exemple d’une saine utilisation des écrans

  • Remplacer le temps d’écran par des activités saines, comme la lecture, les jeux à l’extérieur et les activités pratiques et créatives.
  • Éteindre les appareils à la maison pendant les périodes passées en famille.
  • Éteindre les écrans qui ne sont pas utilisés et éviter de laisser le téléviseur allumé en arrière-plan.

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Remerciements

La rédaction de ce document de principes a été rendue possible grâce à une subvention sans restrictions de TELUS. Le comité de la pédiatrie communautaire, le groupe de travail de la petite enfance et le comité de la santé mentale et des troubles du développement de la Société canadienne de pédiatrie ont révisé le présent document de principes. Des représentants du Collège des médecins de famille du Canada l’ont également révisé. Nous remercions particulièrement la professeure Marie L Courage, de l’université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador, la docteure Claire MA Leblanc, du Centre universitaire de santé McGill, et le docteur Mark Tremblay, de l’Institut de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité (HALO), pour leurs commentaires. Enfin, nous remercions Jennie Strickland d’avoir rédigé le document de principes, et Jessie McGowan d’avoir procédé à l’analyse bibliographique.

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GROUPE DE TRAVAIL DE LA SCP SUR LA SANTÉ NUMÉRIQUE

Présidente : Michelle Ponti MD

Membres : Stacey Bélanger MD (comité de la santé mentale et des troubles du développement de la SCP); Ruth Grimes MD (représentante du conseil de la SCP); Janice Heard MD (comité consultatif de l’éducation publique de la SCP); Matthew Johnson (directeur de l’éducation, HabiloMédias); Elizabeth Moreau (directrice des communications et de l’application des connaissances de la SCP); Mark Norris MD (comité de la santé de l’adolescent de la SCP); Alyson Shaw MD (présidente, groupe consultatif de la promotion de l’alphabétisation de la SCP); Richard Stanwick MD (comité consultatif de l’éducation publique de la SCP); Jackie Van Lankveld (gestionnaire, services d’orthophonie, Niagara Children’s Centre); Robin Williams MD (présidente, groupe de travail de la SCP sur la petite enfance)

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Contributor Information

Société canadienne de pédiatrie, groupe de travail sur la santé numérique, Ottawa (Ontario):

Michelle Ponti, MD, Stacey Bélanger, MD, Ruth Grimes, MD, Janice Heard, MD, Matthew JohnsonElizabeth MoreauMark Norris, MD, Alyson Shaw, MD, Richard Stanwick, MD, Jackie Van Lankveld, et Robin Williams, MD

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Références

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