À Ziguinchor, un drame familial d’une rare intensité a brisé à jamais le lien sacré qui unissait deux sœurs jumelles. Awa Bodian, 22 ans, a reconnu avoir porté un coup mortel à sa sœur Adama, au terme d’une altercation violente sur fond de tensions accumulées. Face aux enquêteurs, la jeune élève, effondrée, a étalé ses remords. Elle a déclaré n’avoir jamais voulu tuer celle qui était son double, son reflet, sa moitié. Elle porte désormais le fardeau d’un chagrin indicible, ce poids lourd et silencieux d’une vie à jamais meurtrie par la disparition de celle avec qui elle partageait tout.
Toujours selon L’Observateur, la jeune femme, dont le geste tragique a bouleversé tout le pays, a déroulé aux policiers le fil d’une journée lourde de tensions, marquée par des échanges vifs et des gestes qui ont échappé à sa volonté. Entre souffrances, incompréhensions et actes irréparables, Awa Bodian a livré le récit poignant d’une tragédie familiale. Elle a exprimé toute l’étendue de sa douleur et de son incrédulité, affirmant n’avoir jamais, au grand jamais, voulu ôter la vie à sa jumelle.
« Je reconnais les faits qui me sont reprochés. Je dois vous avouer que je n’avais pas l’intention de blesser ma sœur jumelle Adama, encore moins de lui donner la mort (…) », a-t-elle confié aux enquêteurs. « Je devais à ma sœur jumelle la somme de 3 500 FCfa. Elle m’avait demandé de lui payer son argent. N’ayant pas la somme totale, je lui ai proposé une avance de 2 000 FCfa en attendant le dimanche 15 juin 2025, date à laquelle nous nous étions accordées pour que je lui rembourse l’intégralité de son argent. Une proposition que ma sœur jumelle a refusée. Elle m’a ensuite jeté les 2 000 FCfa que je lui avais remis avant de m’attaquer. »
Toujours selon ses déclarations relayées par L’Observateur, Awa Bodian a poursuivi : « C’est ensuite que mon petit frère Assane Bodian est intervenu ainsi que les voisins pour nous séparer dans un premier temps. Par la suite, je me suis rendue à la pharmacie pour acheter mes médicaments contre la drépanocytose SS. À mon retour, m’apprêtant à prendre une douche pour aller à l’école, ma sœur jumelle Adama est revenue à la charge. Elle m’a prise par derrière en s’agrippant à ma coiffure, à mes mèches. C’est ainsi que nous nous sommes bagarrées une seconde fois. »
Dans le feu de l’action, le drame s’est noué. « J’avais une paire de ciseaux par-devers moi pour couper mes mèches. C’est au cours de la bagarre que ma sœur Adama s’est blessée au niveau du thorax, entraînant un saignement abondant. Les voisins sont venus nous séparer avant de la transporter à l’hôpital », a soutenu Awa Bodian lors de son interrogatoire de police.
Interrogée sur d’éventuels différends antérieurs et sur l’arme du crime, elle a ajouté : « Je n’ai jamais eu d’antécédents avec ma sœur jumelle Adama. Pour l’arme du crime, je ne me suis même pas rendu compte de la blessure de ma sœur jumelle au cours de la bagarre. »
Ce que les témoins ont raconté à la police
L’enquête étant désormais bouclée, Awa Bodian a été inculpée de meurtre et envoyée en prison, comme le rapporte L’Observateur. Le drame s’est noué dans la journée du 13 juin 2025. Ce jour-là, les hommes du Commissariat central de Ziguinchor, dirigés par le commissaire Cheikh Ahmed Tidiane Thiam, ont été informés d’une bagarre familiale qui a viré au drame et qui a opposé deux sœurs jumelles. D’après les informations obtenues par L’Observateur, Awa Bodian a poignardé mortellement sa jumelle Adama Bodian à l’aide d’une paire de ciseaux.
Plusieurs personnes, dont le père de la victime, un agent de sécurité, le petit frère de la victime et un marchand ambulant, ont été entendues par les policiers dans le cadre de l’affaire, en qualité de témoins. « Les jumelles, Awa et Adama Bodian, se sont bagarrées une première fois et nous sommes intervenus pour les séparer. Toutefois, quelques minutes après, et contre toute attente, elles ont repris la bagarre, au cours de laquelle Adama a été mortellement blessée d’un coup de ciseaux au niveau de la poitrine », ont confié plusieurs témoins aux enquêteurs, selon L’Observateur.