« Un auteur simple qui a ouvert les yeux aux plus racistes, à ceux qui pensent que le monde auquel il appartiennent détient la Vérité et le savoir .A ceux-là il enseigne la modestie, l’humilité et la prudence-Pape B CISSOKO
Pour mieux connaître l’homme, ce livre, fidèle à la méthode ethnologique, dirige le regard vers des sociétés fort éloignées de celle de l’observateur. Mais il se présente aussi comme une réflexion sur un problème très général de la condition humaine : celui des rapports entre contrainte et la liberté.
De quelle marge de manœuvre dispose la culture dans les limites que fixe à l’homme sa nature biologique, l’individu lui-même au sein des unités sociales de base ? famille, mariage, parenté ? où il est né et qu’il a charge de maintenir et de renouveler ? Avec quelle latitude la pensée réagit-elle aux pressions du milieu ? A quelles règles fondamentales doit obéir la langue pour permettre de communiquer ? Quels rapports existent entre la gamme des possibles conçus par l’esprit et la réalisation de seulement certains d’entre eux ?
Frayant sa voie parmi les institutions, usages, mythes, rites et croyances des sociétés les plus diverses, l’auteur se rapproche progressivement de la nôtre. Il montre que chez nous comme ailleurs, loin de s’opposer, la contrainte et la liberté s’épaulent. Ainsi se dissipe l’illusion contemporaine que la liberté ne souffre pas d’entraves et que l’éducation, la vie sociale, l’art requièrent pour s’épanouir un acte de foi dans la toute-puissance de la spontanéité : illusion qui n’est pas la cause, mais où l’on peut voir un aspect de la crise que traverse aujourd’hui l’Occident.
Claude Lévi-Strauss est un ethnologue et anthropologue français né le 28 novembre 1908 à Bruxelles et mort le 30 octobre 2009 à Paris. Fondateur de la méthode d’anthropologie structurale, il a bouleversé les sciences humaines et sociales à partir des années 1950 avec Tristes Tropiques, Anthropologie structurale et les quatre volumes de ses Mythologiques. À travers son œuvre, Claude Lévi-Strauss aura profondément changé notre vision sur les différentes cultures du monde.
Philosophe devenu ethnologue
Claude Lévi-Strauss naît le 28 novembre 1908 à Bruxelles, alors que ses parents y résident temporairement pour des raisons professionnelles. Revenu à Paris quelques semaines après sa naissance, il grandit avec une passion pour la lecture. Après la Première Guerre mondiale, durant laquelle il se réfugie chez son grand-père maternel avec sa mère à Versailles, le jeune Claude poursuit une formation scolaire brillante avant de s’engager très tôt en politique, devenant à 20 ans le secrétaire parlementaire du député socialiste Georges Monnet. Ayant suivi une licence à la Faculté de droit de Paris et obtenu son agrégation de philosophie en 1931 à la Sorbonne, Claude épouse l’ethnologue Dina Dreyfus.
Lassé de la philosophie classique qu’il enseigne pendant 2 ans dans plusieurs lycées, il accepte de partir en mission universitaire au Brésil. En 1935, Claude Lévi-Strauss et sa femme s’envolent ainsi pour l’Université de São Paulo et effectuent plusieurs missions ethnographiques auprès des peuples autochtones d’Amazonie et du Mato Grosso.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, le philosophe pris de passion pour l’ethnologie rentre un temps en France avant de quitter Dina et de s’exiler à New York. C’est là qu’il rencontre le phonologue russe Roman Jakobson qui va l’aider à poser les fondements de sa vision de l’anthropologie en l’initiant à l’analyse structurale de la linguistique.
Après un deuxième mariage et un premier fils en 1947, Claude Lévi-Strauss rentre en France en 1948 pour défendre et publier sa thèse, Les Structures élémentaires de la parenté. Acquérant une première notoriété auprès des spécialistes du domaine, l’anthropologue devient directeur d’études à l’École pratique des hautes études avant de connaître ses grands succès publics.
Gustave Claude Lévi
Claude Lévi-Strauss est né sous le nom Gustave Claude Lévi. Son père, Raymond Lévi, se faisait appeler Lévi-Strauss en référence à son grand-père, le chef d’orchestre Isaac Strauss. Ce n’est qu’en 1961 que Claude a pu officialiser ce nom d’usage.