Le nouveau président de l’OFNAC,Moustapha Kâ face au défi de…

Ce magistrat hors hiérarchie spécialisé dans la lutte contre le blanchiment et la criminalité financière doit, avec Birahim Seck à la vice-présidence, renforcer la capacité opérationnelle d’une institution souvent critiquée

Moustapha Ka, magistrat hors hiérarchie au parcours riche et discret, est devenu le 27 novembre 2025 le nouveau président de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), à l’issue d’un processus de sélection inédit fondé sur un appel à candidatures public lancé par les autorités. Sa nomination, entérinée par un décret du président Bassirou Diomaye Faye, l’installe au cœur du dispositif national de lutte contre la corruption, dans un contexte où l’exigence de probité et de transparence dans la gestion des affaires publiques est plus forte que jamais.​

Titulaire d’une maîtrise en droit des affaires obtenue en 1996 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Moustapha Ka intègre le Centre de formation judiciaire en 1997 et en sort magistrat en 1999, au sein d’une promotion connue pour sa technicité et son exigence professionnelle. Dès ses premières affectations, comme substitut du procureur à Dakar puis à Ziguinchor, il se forge une réputation de magistrat méthodique, attaché à la lettre de la loi autant qu’aux garanties des droits fondamentaux.​pAu fil de sa carrière, Moustapha Ka gravit tous les échelons de la magistrature : avocat général près la cour d’appel de Dakar, directeur adjoint des Affaires criminelles et des grâces, puis directeur des droits humains au ministère de la Justice, où il supervise des dossiers sensibles mêlant répression pénale et protection des libertés. Il est ensuite appelé comme conseiller technique au ministère de la Justice et à la présidence, avant de devenir procureur général adjoint auprès des Chambres africaines extraordinaires, une juridiction ad hoc chargée de juger les crimes internationaux les plus graves, ce qui renforce son expérience des dossiers complexes et transnationaux.​

Au‑delà de ses fonctions institutionnelles, Moustapha Ka s’impose comme un spécialiste de la lutte contre la criminalité financière, le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants. Il forme magistrats, enquêteurs, forces de sécurité et cadres administratifs au Sénégal et dans plusieurs pays africains, et contribue à l’élaboration d’instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux utilisés notamment dans le cadre des évaluations du Sénégal par les mécanismes onusiens et le Giaba, l’organe de lutte contre le blanchiment en Afrique de l’Ouest.​

La désignation de Moustapha Ka à la présidence de l’OFNAC est intervenue après un appel à candidatures qui a suscité plus de 200 dossiers, débouchant sur la nomination de 12 nouveaux membres, dont Birahime Seck, figure de la société civile, comme vice‑président. Ce tandem entre un magistrat technicien et un militant de la transparence est perçu comme le socle d’une nouvelle dynamique, destinée à redonner crédibilité et efficacité à une institution souvent critiquée pour son manque de résultats concrets dans les grands dossiers de corruption.​

À la tête de l’OFNAC, Moustapha Ka hérite d’une double responsabilité : renforcer la capacité opérationnelle de l’institution pour instruire des dossiers sensibles, y compris ceux impliquant de hauts responsables, et installer une culture de redevabilité durable au sein de l’appareil d’État.