Le Mali et son éternel instabilité politique ou une CEDEAO au ralenti/Mouhamed DIANKHA Économiste-Planificateur

« Notre compatriote nous présente ici un historique important pour comprendre et mieux juger.

Le passé mouvementé d’un pays explique son présent. Quand un pays souffre, il est possible que les citoyens réagissent de façon différente et chacun appréciera à sa façon. Il est évident que le peuple ne peut continuer à souffrir sans espoir à l’horizon. Bravo à Mr DIANKHA qui n’hésite pas à se dire et ainsi il invite les autres ne pas parler à notre place d’africains conscients et conséquents ». P B CISSOKO

L’histoire politique malienne n’a connu presque pas de stabilité. Les coups d’État militaires plus nombreux que les élections démocratiques.

 Modibo Keïta, premier président du Mali indépendant fut le premier à faire les frais d’un coup d’état militaire en 1968. Il sera ainsi renversé par un lieutenant du nom de Moussa Traoré. Le lieutenant dictateur fut à son tour par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré en 1991. La transition conduite par ATT permit l’organisation des premières élections démocratiques du Mali en 1992 avec comme premier président démocratiquement élu Alpha Oumar Konaré qui fut réélu pour un deuxième mandant en 1997.

Amadou Toumani Touré, le premier à instaurer la démocratie dans son pays après sa retraite militaire a été élu président à deux reprises (2002 et 2007) avant d’être renversé en 2012 par le capitaine Amadou Haya Sanogo. C’était le début de la crise malienne avec la rébellion touareg.

Cette crise amena Ibrahim Boubacar Keïta à la tête du Mali 2013 après une élection présidentielle démocratique.

A suivre de près l’évolution des choses et les signes annonciateurs, on pouvait facilement en déduire que le déclin de IBK se manifestait depuis quelques mois déjà. La société civile malienne au premier rang des contestations a été guidée par une jeunesse engagée et déterminée.

 

Ainsi la destitution de IBK est sans aucun doute le fruit d’une expression populaire.

 

Même s’il faut admettre qu’un coup d’État n’est jamais la meilleure solution avec ses conséquences, sur une possible instabilité politique.

Aujourd’hui une certaine tentative de diabolisation de la junte malienne par la presse occidentale, notamment française est en cours de se passer.

Le peuple malien dans sa majorité, a manifesté pour la démission du malheureux désormais ex président malien.

 Donc nous devrions, peut-être en déduire que cette armée n’aura jamais l’intention de gérer ce pays jusqu’aux prochaines élections présidentielles qui devront avoir lieu dans trois ans. Il faudra que la raison ne puisse pas dominer la passion.

 

Aujourd’hui, la France reste le plus grand perdant dans cette crise. D’où à mon avis cette tentative de diabolisation de l’armée malienne. Les premières déclarations de cette armée après la destitution de IBK ont été pragmatiques et réconfortantes pour le peuple malien.

Un volteface ou une manipulation de la part de l’armée est à exclure. La France qui aurait peut-être misé sur IBK nourrit des regrets.

Cet homme a été incapable de réconcilier le Sud au reste du pays.

Ce Sud qui est en proie à une rébellion depuis des années et à laquelle il a été incapable d’apporter une solution.

Malheureusement les institutions africaines, la CEDEAO en partie n’a pas pu jouer son véritable rôle d’institution sous régionale.

L’UA peut être également inscrit dans ce même registre de manquement.

Pour paraphraser le valeureux IMAM Dicko qui n’est pas qu’un simple religieux, mais patriote, les peuples africains veulent des institutions africaines au service des populations et non des chefs d’Etat. La vraie intégration africaine commencera par une vraie prise en charge des problèmes africains.

L’intégration politique africaine est sans aucun doute un échec depuis bien des années.

 Si des émissaires n’ont pas pu réussir leur tentative de médiation entre gouvernants et société civile, rien ne reste plus dans la crédibilité de ces institutions.

L’intégration politique en Afrique doit être le ressort ou le facteur qui permet à l’Afrique d’accéder effectivement à son indépendance politique face aux autres puissances du monde, spécifiquement, les puissances occidentales.

Elle ne doit plus être une vue de l’esprit, mais une réalité. Elle ne doit être synonyme d’unité et permettre au continent de pouvoir peser dans les décisions politiques au niveau mondial et lutter ainsi efficacement contre l’immixtion de l’Occident dans les affaires des États africains au plan intérieur ou même au plan international pour reprendre la brillante idée du journaliste Gilbert Toppe.

Cette honteuse sanction du Mali par la CEDEAO à travers un embargo du pays ne profite à aucun pays africain.

Elle fragilise plutôt nos États sur les plans politiques et socio-économiques.

Une parfaite illustration de l’échec du rôle des institutions africaines est la crise ivoirienne. En effet toutes les résolutions de l’ONU opposables à la Côte d’Ivoire durant la crise ont été rédigées par la France et entérinées par les instances internationales, alors que c’est plutôt l’UA qui devrait le faire pour la Côte d’Ivoire et l’imposer aux instances internationales, étant donné que la Côte d’Ivoire est membre de l’UA et non d’une autre entité politique étrangère.

Toutefois l’espoir peut être permis, le coup de gueule du président Bissau guinéen Umaro Sissoco Embaló sur ses paires en quête de troisième mandat reste à bien des égards une expression de tous les peuples africains. Le président nigérien Issoufou emboîtant le pas à Umaro Sissoco dit en ces termes «J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable ou providentiel. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ».

 

Mouhamed DIANKHA Économiste-Planificateur

Management et suivi-évaluation de projets et programmes

Expert Consultant et formateur

mouhamed.diankha@gmail.com

Tél: +221 77 364 73 08 /+221 70 851 84 60