Le Festival de Cannes 2025, qui se tiendra du 13 au 24 mai, mettra en lumière, parmi les 110 films présents dans les différentes sélections, 4 films qui résonnent avec l’actualité internationale. Ces quatre longs métrages racontent à leur manière les troubles de notre époque.
PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK, UN TEMOIGNAGE POIGNANT DE LA VIE A GAZA
Le documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi, sélectionné dans la section «Acid», est l’un des films qui a faitle plus parler de lui avant l’ouverture du festival. Il est un témoignage poignant de la vie à Gaza depuis le début de la guerre, à travers les yeux de la photojournaliste Fatima Hassouna. Cette dernière ainsi que dix membres de sa famille ont été tués dans une frappe aérienne israélienne sur leur maison à Gaza, le 16 avril 2025, un jour après l’annonce de la sélection du film. Seule sa mère a survécu. Cet événement a suscité une vague de condoléances et de critiques contre la violence en cours à Gaza. Le festival a publié une déclaration officielle exprimant ses condoléances et critiquant la violence continue dans la région. La projection du film sera «une manière d’honorer la mémoire [de la photographe], victime comme tant d’autres de la guerre», a souligné le Festival de Cannes. Le documentaire de Sepideh Farsi, à travers les conversations vidéo avec Hassouna, offre un aperçu intime des réalités de la guerre et de la résilience humaine, mettant en lumière les défis etles espoirs des habitants de Gaza.
OUI, L’APRES-7 OCTOBRE EN ISRAËL SELON NADAV LAPID
Après un Prix du jury en 2021 pour Le Genou d’Ahed, Nadav Lapid est de retour avec Oui (Yes), mais cette fois dans la sélection parallèle de la Quinzaine des cinéastes. Le réalisateur israélien, aux antipodes des idées deNetanyahou, raconte l’histoire d’un musicien de jazz précaire devant créer une musique pour un nouvel hymne national juste après l’attaque du 7 octobre. Très critique d’Israël, le réalisateur pose, pour son cinquième long métrage, encore un regard hautement politique sur la société et l’identité israéliennes.
IL ETAIT UNE FOIS A GAZA, UNE FENETRE SUR LE GAZA D’AVANT LE 7 OCTOBRE
Il était une fois à Gaza (Once Upon a Time in Gaza), des frères Tarzan et Arab Nasser, présenté dans la section «Un Certain Regard», revient sur la vie à Gaza avant les destructions et les milliers de morts. Ce film suit la vie de trois Gazaouis : Yahya et Osama qui tentent de monter une affaire illégale sous l’œil d’un policier corrompu dans le Gaza de 2007. Il offre une perspective humaine, avec une touche d’humour noir, sur les réalités de la survie dans l’enclave. Les frères jumeaux Nasser, nés dans l’enclave et déjà acclamés pour leur film Gaza Mon Amour, continuent ainsi de mettre en lumière les récits des jeunes Palestiniens enfermés dans la bande de Gaza. Le duo de réalisateurs fait son retour à Cannes après avoir été sélectionné en 2015 dans la Semaine de la Critique avec Dégradé.
DEUX PROCUREURS, PLONGEE DANS LES PURGES SOVIETIQUES
Premier film ukrainien à être dans la compétition officielle depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, Deux Procureurs (Dva Prokourora) est réalisé par Sergueï Loznitsa. Ce dernier est un habitué de Cannes, il y a présenté autant ses films de fiction (My Joy, Donbass) que ses documentaires (Maïdan, Babi Yar. Contexte). Son nouveau long métrage Two Prosecutors nous transporte dans l’Urss des années 1930, au cœur des purges staliniennes. Ce film évoque la justice et la répression, des sujets au cœur de l’actualité dans un monde où les régimes autoritaires et les violations des droits humains augmentent sans cesse. Cette réflexion poignante sur les mécanismes du pouvoir et de la peur prend une résonance particulière dans le contexte de la guerre en Ukraine, rappelant les luttes pour la liberté et la démocratie qui continuent de se jouer dans cette région. Si le film ne parle pas directement de la situation en Ukraine et en Russie, les parallèles sont nombreux avec l’époque des purges staliniennes. Les dirigeants du Festival de Cannes ont annoncé d’ailleurs dédier la première journée du festival, mardi, à l’Ukraine, avec la projection de trois documentaires, «afin de raconter ce conflit au cœur de l’Europe qui affecte le Peuple ukrainien et le monde depuis déjà trois ans».