La Vème République se meurt … Vive le roi !

A l’heure ou la 5ème République est moribonde du fait du pouvoir macroniste qui a renoncé à l’emploi du référendum et du 49.3, deux outils constitutionnels essentiels dans nos institutions, à l’heure aussi où la France vit « un suicide collectif » politique qui terrorise nos partenaires européens et les investisseurs étrangers, où un krach économique devient de plus en plus probable, où les agences de notation internationales, Fitch Ratings, Moody’set Standar & Poor’s dégradent notre note de confiance sur les marchés financiers,  où les parlementaires refusent de voter les réformes indispensables, on peut se poser la question, ne vaudrait-il pas mieux une monarchie constitutionnel que ce chaos républicain ? 

J’entends déjà les cris d’orfraie autour de moi, « quoi, on n’a pas fait la Révolution et décapité Louis XVI pour réinstaller un roi sur son trône ! » Certes, je vois bien à quel point ma proposition est iconoclaste et provocatrice, et bien tant pis je l’assume.  Je rappelle cependant que six monarchies subsistent aujourd’hui au sein de l’Union Européenne : la Belgique, le Danemark, l’Espagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède et à ce que je sache elles sont plutôt prospères. On peut d’ailleurs multiplier leur nombre par deux si l’on ajoute le Royaume-Uni, le Liechtenstein, la Norvège, Monaco, la Cité du Vatican et Andorre, soit un total de douze. Il faut donc croire que les rois et reines ne sont pas seulement un souvenir du passé. Parmi elles il y a les monarchies constitutionnelles et les monarchies parlementaires où le plus souvent les monarques ont un rôle principalement représentatif. Une seule monarchie peut se targuer d’être absolue, il s’agit du Vatican où le souverain n’est pas un roi, mais le Pape, un chef religieux. A ce que je sache les sujets de ces royaumes ne se portent pas plus mal que les citoyens de notre République et leurs gouvernements, plus modestes, moins corrompus, moins dispendieux avec l’argent public, sont plus proches du peuple dont ils partagent le quotidien, notamment en empruntant les transports en commun alors que chez nous le moindre déplacement ministériel nécessite un cortège de voitures officielles. A leurs yeux d’ailleurs la France ressemble davantage à une république bananière, une république de copains et de coquins.

Au demeurant, la constitution de 1958, avec notamment l’article 16 qui accorde les pleins pouvoirs au chef de l’Etat dans une période troublée peut s’assimiler à une monarchie républicaine ou constitutionnelle, ne qualifie-t-on pas l’occupant de l’Elysée, de monarque républicain ? Finalement, à bien y regarder, Louis de Bourbon, duc d’Anjou, aujourd’hui âgé de 51 ans, qui est le successeur légitimiste au trône de France, ne serait sans doute pas plus mauvais que les deux derniers chefs d’Etat français, François Hollande et Emmanuel Macron. Au contraire, il serait, peut-être, celui qui pourrait interrompre la décadence institutionnelle, politique, économique et sociale, qui caractérise notre pays aujourd’hui, celui qui serait capable d’enrayer la spirale infernale de la descente infernale de la France aux enfers. Qu’en sait-on ? Depuis cinquante ans la France a été gouvernée par tous les courants de l’échiquier politique, gauche et droite, à l’exception des extrêmes, avec les échecs que l’on sait. Et si la vraie question n’était pas : «  l’avenir passe-t-il par le parti socialiste ou par les Républicains« ,  mais plutôt : « notre futur doit-il être la démocratie ou la monarchie ? »

Est-ce que notre souveraineté nationale, mise à mal ces dernières décennies, notre indépendance, ne seraient pas aujourd’hui mieux défendues par un « souverain », un descendant de ces rois qui ont fait la France au cours des nombreux siècles  passés ? Est-ce que ce ne serait pas là une voie possible de notre redressement national et notre salut ? On prête d’ailleurs au général de Gaulle himself d’avoir voulu restaurer la monarchie en 1965. Dès 1961, le général,  né d’une famille catholique légitimiste, lecteur de l’Action Française, le principal organe d’information du mouvement royaliste, indiqua au Comte de Paris, héritier des Capétiens, qu’il était partisan de voir la monarchie revenir en France. Est-ce là une pensée sacrilège ?

On me rétorquera qu’il serait surprenant qu’un peuple déicide, qui a guillotiné son roi et sa reine, et laissé mourir leur fils de dix ans dans sa geôle de la prison du Temple, puisse envisager le retour de la royauté en France en 2025. Et quand sait-on ? Depuis 1789 beaucoup d’eau à coulé sous les ponts de la Seine et les français, comme tous les peuples du monde, sont fascinés par le spectacle donné par les Cours d’Europe et du monde entier (Jordanie, Népal, Canada, Cambodge, Emirats arabes unis, Thaïlande, etc.) et l’image des couples princiers, comme William, prince de Galles et son épouse Kate Middleton ? La figure du roi continue de hanter l’imaginaire des français et nombre d’entre eux ont revisité l’histoire de la révolution française, (je conseille à ce sujet l’excellent ouvrage d’Anatole France « Les Dieux ont soif« , selon le mot célèbre de Camille Desmoulins. Anatole France y relate les horreurs de la Terreur de 1793, qui n’était qu’une « autre forme de religion séculière » comme disait Raymond Aron, période où la barbarie à pris le masque du progrès, et beaucoup déplorent qu’on ait exécuté aux Tuileries la famille royale, y voyant là une sauvagerie inutile. Le retour de la monarchie en France, vous êtes septique ? vous croyez que cet article est de la science-fiction ? Et si c’était seulement de l’anticipation ?

Le nouveau monarque français, qui se ferait alors appeler Louis XX, jouant un rôle d’arbitre, unifiant sous sa magistrature royale un pays qui n’a jamais été aussi fracturé et un peuple que l’on dit  au bord de la guerre civile, est-ce vraiment une idée absurde ? Quand on voit l’état de délitement de la plupart des démocraties occidentales face aux multiples régimes autocrates de la planète, j’invite chacun à se reporter à ce que disait Churchill : « La démocratie est un mauvais système, elle est le pire, à l’exclusion de tous les autres ». Il faut y voir là un aphorisme singulier, si l’on songe que Sir Winston Churchill, anobli par la reine Elisabeth II de l’ordre de la Jarretière, a toujours défendu les droits de la chambre des Lords (héréditaire) et ceux du peuple britannique, illustrant à sa façon un mixte très british de la démocratie-monarchie.

Il faut laisser le temps faire son œuvre et qui sait si, dans quelques années, au passage d’un cortège officiel sur les Champs-Elysées, les français ne crieront pas d’une seule voix : « Vive le roi Louis XX ! « , « Vive notre souverain ! « 

Jean-Yves Duval, journaliste écrivain