En 2012, le Sénégal s’était donné une ambition historique : éradiquer les inondations en dix ans. Le Plan décennal de lutte contre les inondations, initié par le Premier ministre Abdoul Mbaye, prévoyait 766 milliards de FCFA pour transformer en profondeur la gestion des eaux pluviales et protéger durablement les populations.
Mais après le départ d’Abdoul Mbaye de la Primature en 2013, le plan a été abandonné. Les priorités ont changé, les budgets ont été dispersés, et l’approche globale a laissé place à des interventions ponctuelles, souvent improvisées. Résultat : quelques bassins de rétention et stations de pompage construits ici et là, mais sans coordination ni entretien suffisant.
Pendant ce temps, l’urbanisation anarchique a continué de grignoter les zones d’écoulement naturel, aggravant la situation. Chaque hivernage, les mêmes images reviennent : familles déplacées, routes impraticables, commerces ruinés, et une facture économique et sociale qui se répète inlassablement.
L’oubli coupable de l’assainissement domestique Plus grave encore, un aspect essentiel est resté dans l’ombre : le raccordement des ménages aux réseaux d’assainissement. L’ONAS
continue de facturer ces branchements, excluant de facto des milliers de familles modestes. Celles-ci se rabattent sur des fosses sceptiques ou des rejets dans les caniveaux, ce qui surcharge les réseaux et amplifie les inondations.
Comment prétendre régler le problème si les maisons elles-mêmes ne sont pas intégrées au système d’évacuation des eaux ? C’est un non- sens technique et une incohérence politique.
Un choix politique attendu
Mettre fin aux inondations n’est plus une affaire d’ingénierie. C’est une décision politique. Il faut :
- Relancer et terminer la vision globale du plan décennal avec un financement durable et une protection stricte des zones inondables.
- Rendre gratuits les branchements domestiques pour permettre à tous les ménages de se raccorder, et ainsi rentabiliser les milliards déjà investis.
Car la pluie ne négocie pas. Elle tombe, envahit, et rappelle cruellement que l’eau, au Sénégal, ne manque pas… mais que la volonté politique, elle, se fait rare.
Soreu Malick, Responsable politique ACT