Il y a quelques jours, le 3 octobre, a été inauguré au Collège de France une nouvelle chaire permanente consacrée à l’histoire ancienne de l’Afrique intitulée : » Histoire et archéologie des mondes africains ». Elle est tenue par l’historien et archéologue François-Xavier Fauvelle, âgé de 51 ans, qui a parcouru de nombreuses régions africaines.
Auteur du « Rhinocéros d’or » (éditions Alma », directeur de recherche au Centre national de la Recherche Scientifique (CNRS) F.X Fauvelle est un spécialiste reconnu de l’Afrique et son ambition est de « faire entrer l’Afrique dans les savoirs communs et d’expliquer notamment à ses auditeurs combien les sociétés africaines ont exercé leur rayonnement bien avant l’arrivée des Occidentaux sur le continent ».
L’objectif de l’enseignant-chercheur est aussi de lutter contre les préjugés dus selon lui à une méconnaissance de l’Afrique aussi bien en Europe, aux Etats-Unis qu’en Afrique elle-même. Lutter contre « ce déni d’histoire » est en effet essentiel quand on pense à la phrase qui fit scandale de Nicolas Sarkozy à Dakar en 2017 : « L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire« . Une véritable hérésie ! Les fouilles archéologiques et les études conduites durant des années par F.X Fauvelle démontrent à quel point il s’agit d’une méconnaissance profonde de la part de l’ancien président de la République française. N. Sarkozy qui affichait aussi une vision réductrice et négative limitée aux seules valeur marchande et travail de l’homme africain alors que celui-ci à connu une véritable trajectoire historique.
Certes les divers systèmes d’écriture en usage de l’Egypte jusqu’au Soudan, les pièces archéologiques, les sources orales sont multiples et diverses et ne facilitent pas toujours la compréhension d’une situation surtout si on ajoute l’organisation sociale entre royaumes et nomadisme pastoral ainsi que la variété linguistique en usage sur le continent. Cette complexité fait dire au nouvel enseignant du Collège de France que « l’Afrique est un continent géographique mais plusieurs continents d’histoire connectés les uns aux autres » et de se référer en cela aux échanges commerciaux dans lesquels les Africains ont joué un rôle très important dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Grâce à lui son auditoire peut désormais accéder à des connaissances jusque-là le plus souvient ignorées du plus grand nombre de nos contemporains que ce soit dans le domaine politique, technique, religieux, linguistique et artistique.
Il est important de signaler que les cours et séminaires de la chaire « Histoire et archéologique des mondes africaines » sont gratuits, en accès libre et sans inscription préalable. Alors un bon conseil ne manquez pas les rendez-vous du professeur Fauvelle, co-directeur de « L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe, 20 000 avant notre ère – XVIIè siècle ». Il s’agit là d’une occasion unique d’accéder à des questions tant historiques qu’archéologiques passionnantes sur un continent qui ne cesse de nous fasciner. Et comment mieux vous y inviter qu’en rappelant cette citation de Nelson Mandela plus que jamais d’actualité : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». Et convenons qu’en ce début de 21ème siècle il en a plus que jamais besoin.
Jean-Yves Duval, Directeur d‘Ichrono, ancien auditeur au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques.